Antiviral - Résumé
La communion des fans avec leurs idoles ne connaît plus de limites.
Syd March est employé d'une clinique spécialisée dans la vente et l'injection de virus ayant infecté des célébrités.
Mais il vend aussi ces échantillons, pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles.
Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s'injecter les virus à lui-même...
Mais ce procédé va s'avérer doublement dangereux : porteur du germe mortel ayant contaminé la star Hannah Geist, Syd devient une cible pour les collectionneurs...
Réalisateur - Brandon Cronenberg.
Durée du film - minutes.
Note - ★★☆☆☆
Antiviral - Critique
La photographie vous plonge immédiatement dans un univers très singulier : du blanc, angoissant, éblouissant, où les personnages évoluent comme dans un hôpital psychiatrique de science-fiction. Un monde aseptisé où l'on manipule des virus. Ce n'est pas le seul paradoxe du film. Les fans défilent dans cette clinique de l'extrême, pour se faire injecter un virus ayant contaminé leur star préférée. Tu veux la grippe de ton idole ? La voici. Son herpès ? Fais-toi plaisir !
Tous sont motivés par une chose : la fascination qu'ils éprouvent pour leur idole, jugée parfaite et attirante. Pourtant, et c'est là un autre paradoxe, les fans choisissent non pas de s'inspirer de cette perfection qui leur plaît tant... mais de se faire contaminer par une maladie qui, justement, rend la star moins parfaite.
Le résultat est, à vrai dire, assez dégoûtant. Entre les steaks de cellules et les symptômes affectant le jeune Syd March (Caleb Landry Jones) après qu'il s'est injecté un virus potentiellement mortel, on a maintes et maintes occasions de manifester sa répugnance. Le film Antiviral dans son ensemble présente des faiblesses de construction. Les scènes sont répétitives (effet renforcé par le décor à la blancheur presque uniforme) et le script manque de relief.
Il y a là, visiblement, un parti pris scénaristique : les personnages nous sont montrés un peu comme des robots (en particulier lorsque, chaque matin, ils arrivent au travail en file indienne, tous habillés pareil) mais le prix à payer est lourd. Ils manquent de profondeur, donnent l'impression d'être anesthésiés. A cet égard, Caleb Landry Jones se révèle plutôt convaincant dans le rôle d'un personnage émacié au teint blafard et à la santé déclinante.
L'appartement de Syd March est la transposition intime de son lieu de travail : du blanc partout, une garde-robe en noir et blanc qui suggère qu'il n'a aucune existence propre en dehors de son travail. Ce parti pris donne à l'ensemble un style tout à fait unique, que j'ai trouvé intéressant. Le film Antiviral me restera sûrement en mémoire pour ces raisons mais le scénario est trop faible pour que j'y trouve un réel plaisir.
En revanche, la réflexion sur la célébrité est passionnante. Une phrase, en particulier, m'a marquée : "Les célébrités ne sont pas des personnes mais des hallucinations collectives". A une certaine échelle, je trouve que c'est une vision des choses profondément juste. Nous nous forgeons tous une image de telle ou telle star à partir de ce qu'on entend dans les médias et d'une interprétation collective véhiculée par les rumeurs et les conversations. Mais cette image n'est pas la réalité, elle n'est pas représentative de la star en tant qu'être humain.
Le film Antiviral est une interprétation extrême de cette rupture entre la dimension humaine et la dimension du fantasme : on nous montre des fans qui espèrent se rapprocher de leur idole dans ce qu'elle a de plus "bassement humain" (la maladie) et s'approprier en même temps ce qu'elle incarne (prestige, beauté, élégance, perfection). Mais au fond, ils n'établissent aucun lien réel avec la star en tant qu'être humain, tout ceci n'est qu'un vaste fantasme. Antiviral présente une dérive pas nécessairement crédible mais qui pose les bases d'un débat intéressant.
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