D’autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère


D’autres vies que la mienne – Résumé

À quelques mois d’intervalle, la vie m’a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d’un enfant pour ses parents, celle d’une jeune femme pour ses enfants et son mari.

Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d’extrême pauvreté, de justice et surtout d’amour.

Tout y est vrai.


Auteur.
Taille du livre320 pages.
Note – ★★☆☆☆

D’autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère

D’autres vies que la mienne – Critique

Ce livre d’Emmanuel Carrère, tiré de faits réels, m’a tour à tour bouleversée et agacée. Pourquoi une telle ambiguïté ? Je crois qu’elle tient à la nature même du livre, une sorte d’hybride entre un récit haletant et une confession personnelle.

Tout commence par une vague, une vague dont nous avons tous entendu parler : l’auteur, en vacances avec sa femme au Sri Lanka, échappe de peu au tsunami qui s’abat sur l’Asie. S’il a eu de la chance, ce n’est pas le cas de tous les pensionnaires de son hôtel. Un couple a perdu sa petite fille. Une femme guette les camions qui apportent inlassablement des centaines de cadavres à l’hôpital, craignant d’y découvrir le visage de son jeune mari, porté disparu depuis la catastrophe. C’est l’hébétude, la peur et l’incompréhension, dans un décor ravagé et envahi par la boue.

Cette tragédie a touché, je crois, beaucoup d’entre nous par sa brutalité et ses conséquences. Mais ici, là où l’auteur aurait pu livrer un récit touchant en tant que témoin de premier plan, il affiche un égocentrisme insupportable. Au moment où le tsunami est survenu, il traversait une grosse crise de couple et était sur le point de se séparer. Comme souvent face à une catastrophe, soit les liens se resserrent pour faire face ensemble, soit le couple explose pour de bon. Ici, ils décident de se serrer les coudes… mais l’auteur reste prisonnier de son narcissisme : par exemple, lorsque sa femme décide d’accompagner à l’hôpital le père de la petite fille disparue, il ne cache pas sa jalousie alors que le geste de sa femme n’a manifestement rien de sexuel ou romantique. Elle apporte simplement son soutien à un homme durement éprouvé par une catastrophe.

Plus généralement, l’auteur fait passer à chaque instant ses préoccupations personnelles avant le drame qui se déroule sous ses yeux, ce qui m’a beaucoup dérangée. A un moment donné, il critique des Français qui se lamentent de la perte de leur carte bancaire après le tsunami. Certes, s’inquiéter d’une CB après un tel drame paraît dérisoire… mais j’ai trouvé sa propension à se mettre en scène tout aussi déplacée.

La seconde partie du livre s’enchaîne fluidement autour d’un second drame : sa belle-sœur, Juliette, brillante juge et mère de trois enfants, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer et qu’elle ne guérira pas. C’est un autre univers qui s’ouvre à nous, celui de la maladie et d’une mort progressive mais pas pour autant moins brutale. Juliette nous est présentée à travers le regard de son mentor, un juge en qui elle a trouvé un complice et un soutien ; et de son mari, Patrice, très différent d’elle mais dont l’amour la porte.

On nous raconte son parcours professionnel, un récit qui ne manquera pas de captiver tous ceux qui aiment le droit : il nous entraîne dans les arcanes du droit à la consommation, dans des affaires de surendettement où des gens sont victimes des contrats souvent abusifs des organismes de crédit. On découvre la personnalité attachante de Juliette, ses enfants, la manière dont elle a préparé sa mort avec une force admirable malgré toutes les angoisses qu’on imagine.

De nouveau, je me suis laissée emporter par l’histoire… jusqu’au moment où Emmanuel Carrère ressent le besoin de parler de lui, de son propre enfant, de sa vie. Pourquoi ? Pourquoi tout gâcher en tirant la couverture à soi ? Au bout de 300 pages, je n’avais plus envie de faire l’effort de comprendre.


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