Cadavre exquis - Résumé
RESUME
Auteur - Agustina Bazterrica.
Taille du livre - 304 pages.
Note - ★★★★☆
Cadavre exquis - Avis sur le livre
Imaginez un monde où les animaux ont été décimés par un virus. Catastrophe écologique selon les uns, complot gouvernemental pour d'autres, toujours est-il que la quasi-totalité des animaux ont disparu. En manque de viande, l'espèce humaine a alors décidé de légaliser une forme de cannibalisme.
Cette phase, désormais surnommée "La Transition", a conduit à la création d'une race humaine à viande et de tout un circuit de distribution parfaitement organisé : élevages, marquage des "têtes" (car on emploie bien sûr le même vocabulaire que pour le bétail, histoire de bien faire la distinction entre ces êtres destinés à la consommation et les humains "avec un nom et un prénom"), abattoirs, services d'hygiène et de transport, chasse récréative, laboratoires de recherche qui effectuent des tests sur cette race à viande...
Il y a même toutes les dérives que l'on peut imaginer face à ce type de changement sociétal majeur : des circuits de vente clandestins avec de la viande frelatée, des extrémistes religieux qui prônent le sacrifice suprême...
Au milieu de ce monde, figure Marcos. Il travaille à l'abattoir Krieg, probablement l'un des plus prestigieux. Un métier qui lui assure un salaire confortable mais lui laisse un vide abyssal dans la poitrine. Marcos n'arrive pas à se détacher du sort de ces condamnés à mort, pas plus qu'il n'arrive à faire le deuil du bébé que lui et sa femme ont perdu subitement.
"Il se réveille le corps couvert de sueur car il sait que demain encore il devra abattre des humains.
Personne ne les appelle comme ça, pense-t-il, en s'allumant une cigarette. Lui non plus il ne les appelle pas comme ça quand il explique le cycle de la viande à un nouvel employé. On pourrait l'arrêter à ce seul motif, et même l'envoyer aux Abattoirs Municipaux pour se faire transformer. "Assassiner" serait le mot exact, mais ce mot-là n'est pas autorisé.
En ôtant son maillot trempé, il cherche à chasser cette idée persistante selon laquelle c'est pourtant bien ce qu'ils sont, des humains, élevés pour être des animaux comestibles".
Le sujet, comme vous pouvez le voir, est dérangeant au possible et pourrait littéralement nous faire lâcher l'histoire dès les premières secondes. Pourtant, la plume d'Agustina Bazterrica nous capture dans ce monde de science-fiction qui crée un parallèle subtil mais présent avec le sort que les humains réservent actuellement à certains mammifères.
Pour autant, Cadavre exquis n'est pas un plaidoyer ouvert en faveur du végétarisme. Il n'en demeure pas moins que le roman d'Agustina Bazterrica souligne à quel point notre regard sur "la viande" serait différent si celle-ci nous ressemblait davantage...
L'expression "L'homme est un loup pour l'homme" prend ici tout son sens : on entre, avec une fascination nauséeuse, dans les méandres de cette société qui a peu à peu accepté l'idée qu'il était tolérable de manger d'autres humains. On se demande, à chaque instant, si Marcos va finir par sombrer dans la folie ou se sacrifier. On constate que tout semble pouvoir être légitimé, même le pire, pour peu qu'on l'entoure d'un vernis "légal" et de mots savants.
Derrière la fiction, il en ressort une réflexion captivante !
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