Celle que je suis, Claire Norton : roman bouleversant sur les violences conjugales


Celle que je suis – Résumé

Valentine vit avec son fils de 6 ans, Nathan, et son mari Daniel ; elle travaille à temps partiel. Une vie en apparence ordinaire, qui n’attire pas l’attention, qui n’interpelle pas. Et pourtant…

Lorsque la porte de son appartement se referme, Valentine vit dans une tension permanente où le moindre détail peut entraîner des coups. Une phrase dite ou pas dite, trop ou pas assez d’enthousiasme, un aliment en trop dans le repas, une chemise introuvable…

Daniel est un commercial brillant et respecté, alors Valentine se convainc parfois que c’est elle qui a un problème. Elle devrait être plus attentive, elle aurait dû anticiper, elle aurait dû savoir…

Un jour, un couple âgé, Suzette et Guy, emménage sur le même palier. Et comprend vite qu’il se passe quelque chose de particulier dans l’appartement de Valentine.


Auteur.
Taille du livre417 pages.
Note – ★★★★★

Celle que je suis, Claire Norton

Celle que je suis – Avis sur le roman de Claire Norton

Avec Celle que je suis, Claire Norton signe un roman sur les violences conjugales qui vous prend rapidement aux tripes, et que je n’ai pas lâché avant de l’avoir terminé.

Avec beaucoup d’intelligence, elle a choisi de nous parler d’un couple qui, en apparence, semble parfaitement inséré dans la société. Deux personnes éduquées, réfléchies, loin d’être stupides et surtout, capables de faire mentir le cliché répandu disant que la violence conjugale affecte un certain type de profil : des gens un peu « simples d’esprit », qui en viennent vite aux mains parce qu’ils ne sont pas assez intelligents pour utiliser la parole.

Claire Norton s’inscrit dans une autre perspective : celle qui révèle que cette forme de violence est bien plus insidieuse, qu’elle se cache en réalité dans toutes les couches de la société, y compris dans celles où tout semble aller bien. Qu’elle n’est pas affaire d’intelligence. Une femme comme Valentine, jeune, jolie, cultivée, qui travaille à temps partiel en librairie, peut être une victime. Un homme comme Daniel, directeur commercial brillant, peut être un bourreau.

La violence peut se jouer sous le regard de tous sans être vue de personne, parce que Monsieur a des talents de charmeur innés pour lever tout soupçon. Parce que Madame sait manier le maquillage couvrant, chausser de grosses lunettes de soleil pour dissimuler ses yeux au beurre noir ou orner son cou plein d’hématomes d’un joli foulard qui fait diversion.

Il y a ceux qui voient tout en refusant de voir, ceux qui entendent tout en doutant de ce qu’ils ont entendu, ceux qui n’osent pas intervenir par peur de s’impliquer.

Le roman de Claire Norton capture tout cela, cette indifférence travaillée des voisins qui entendent les disputes, les assiettes cassées et les cris provenant de l’appartement de Valentine et Daniel mais qui ne disent rien, manifestant juste une gêne appuyée quand ils la croisent.

L’appartement devient une cage, théâtre d’un huis clos angoissant où les jalousies de Daniel occupent toute la scène, envahissant l’espace et capturant l’oxygène disponible au point de rendre l’atmosphère étouffante.

Valentine s’est emmurée dans cette routine délétère, apeurée et vidée de sa capacité à lutter tant la relation d’emprise est forte… Déchirée entre l’envie de ne pas priver son fils Nathan d’un papa… et une crainte pour sa propre intégrité physique.

Jusqu’au jour où un couple assez âgé emménage sur le même palier. Guy, le mari, est un homme discret et charmant. Son épouse, Suzette, est lumineuse, généreuse, et manifeste très vite le désir d’ouvrir sa porte à Valentine. Sent-elle que cette femme porte en elle un secret qui l’étrangle un peu plus chaque jour ?

En tant que lecteur, on plonge dans les angoisses de Valentine à ses côtés : la nécessité de « bien faire », tout le temps, d’anticiper tout ce que veut Daniel, sans même savoir ce que veut Daniel car ses humeurs sont changeantes. Les jalousies, les privations de liberté qu’il inflige à sa femme, le sentiment que tout peut basculer à tout moment, l’impuissance, la perspective de ne pas savoir où aller tant on a été coupé du monde, les brefs moments où Daniel redevient charmant et la fait culpabiliser du mal qu’elle a pensé de lui.

C’est bien écrit, poignant, réaliste, souvent tragique mais à juste titre, parce que ça doit l’être, parce que la violence conjugale a beau inspirer des romans, elle ne sera jamais poétique ou divertissante. On découvre Valentine non comme une victime mais comme une femme, une mère, avec son histoire de vie, ses rêves, ses fêlures, tout ce qui lui donne de l’épaisseur et nous donne envie de nous préoccuper de son destin.

Je vous recommande vraiment Celle que je suis, un roman à réserver à une période où vous vous sentez capable d’affronter la violence de cette intrigue !


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