Cotton County, Eleanor Henderson : les noirs secrets d’une plantation


Cotton County – Résumé

En 1930, au cœur de la Géorgie où sévit la ségrégation raciale, une jeune femme blanche, Elma Jesup, met au monde des jumeaux. Dans ce monde encore très puritain, tout irait bien si Elma Jesup était mariée… et surtout, si Elma Jesup avait donné naissance à deux enfants blancs.

Or, l’un des jumeaux est métis… et à Cotton County, où les Noirs sont considérés comme des êtres inférieurs, ça ne peut susciter que scandale et indignation.

Alors on accuse un ouvrier agricole de la plantation de coton, Genus Jackson, d’avoir violé Elma. La foule de villageois, animée par la haine et les préjugés, s’empresse de le lyncher.

Mais la vérité est-elle aussi évidente ? Il apparaît rapidement que Cotton County cache un océan de secrets


Auteur.
Taille du livre656 pages.
Note – ★★★☆☆

Cotton County, Eleanor Henderson

Cotton County – Avis sur le livre

C’est un roman où la petite histoire rencontre la grande. Un récit poignant, dans lequel les personnages imaginé par Eleanor Henderson ont une âme. Il est question de liens du cœur, de liens du sang, de sang tout court… car en 1930, en Géorgie, les différends peuvent très vite faire l’objet d’une justice parallèle.

L’histoire se passe à Cotton County, une région agricole où l’on vit (péniblement) de la filature du coton. Les champs sont régulièrement envahis par les charançons, qui détruisent les récoltes, les ouvriers se tuent les poumons et meurent à petit feu dans les usines, les inégalités raciales font rage…

John « Juke » Jesup est métayer, il s’occupe de la plantation du riche George Wilson et surtout, il lui prête main forte en sous-marin pour fabriquer de l’alcool de contrebande, le « cotton gin », qui assure leur subsistance même lors des années de vaches maigres.

Jesup élève seul sa fille Elma depuis la mort de sa femme. Il a également recueilli Nancy, surnommée « Nan », fille de son ancienne domestique noire décédée à un âge précoce. La mère de Nan était accoucheuse et possédait un tel talent que la population faisait souvent abstraction de sa race pour la solliciter. Nan a hérité de la même mission.

La sympathie que Juke Jesup voue aux Noirs n’est pas du goût de tout le monde, c’est d’ailleurs à elle qu’il doit son surnom, une référence à sa fréquentation assidue des juke joints, ces bars informels où les Noirs allaient danser, écouter de la musique et boire.

Au début, quand Jesup découvre que sa fille unique est enceinte, il ne s’inquiète pas. Il sait qu’Elma a fricoté avec le fils Wilson, Freddie. Il devra simplement l’épouser, afin que l’enfant ne naisse pas hors mariage ce qui choquerait toute la société.

Mais rien ne se passe comme prévu : Freddie n’a pas l’air enclin à s’engager dans ce mariage… et surtout, Elma donne naissance non pas à un mais à deux bébés. Des jumeaux, dont l’un est blanc et l’autre métis.

Cotton County, Eleanor Henderson

A Cotton County, dans ce petit bout de Géorgie raciste et puritain, l’indignation est générale. On accuse aussitôt Genus Jackson, ouvrier noir de la plantation… et puis, peu à peu, de chapitre en chapitre, Eleanor Henderson déroule l’histoire et l’on comprend que derrière cette justice du peuple, rapide et facile, se cache une histoire qui n’a rien de simple.

C’est une réflexion profonde sur le sens même de la notion de justice, mais aussi sur celle de « famille ». Nan et Elma, par exemple, ont grandi côte à côte et pourtant, par une seule différence de couleur de peau, un monde les sépare… de la même manière que les jumeaux d’Elma se retrouvent eux aussi éloignés l’un de l’autre par des préjugés plus forts que le berceau qu’ils partagent.

Cotton County est un roman très fort, auquel j’aurais pu accorder une « meilleure note » s’il n’avait pas un côté un peu déstructuré qui a fini par me déranger.

L’auteur mélange le cours de l’histoire à des flashbacks qui nous plongent dans le passé de certains personnages. Ils surviennent sans prévenir, au point qu’il faut parfois un temps avant de remettre la chronologie dans le bon ordre. A l’échelle de 650 pages, cela finit par être déroutant et par susciter un détachement vis-à-vis des personnages, dont on suit l’histoire de manière « éclatée ».

Cet élément mis à part, l’écriture est puissante, vous livrant une image précise de cette plantation du Sud des États-Unis dont on entend les bruits, dont on hume les odeurs, dont on ressent l’atmosphère comme si l’on se tenait sur la galerie de la grande maison Wilson. Eleanor Henderson nous sert des personnages mémorables et à ce titre, j’ai apprécié la lecture de ce roman !


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