D’après une histoire vraie – Résumé
Un jour, après une séance de dédicace qui l’a laissée épuisée, Delphine, écrivain à succès, fait la connaissance de L. La femme exerce immédiatement sur elle une véritable fascination. Belle, vénéneuse, féminine, elle semble renvoyer Delphine à ses propres incertitudes. A plus forte raison à cette période de sa vie où elle sent le poids des attentes qui pèsent sur elle après le succès de son livre précédent. Que peut-elle écrire après ça ?
Mais la question se transforme bien vite en une autre : « Peut-elle encore écrire quoi que ce soit ? » Delphine s’enfonce dans un blocage angoissé qui l’empêche de produire le moindre écrit. Est-ce l’influence de L. ? Est-ce autre chose ? Engluée dans une relation dont elle ne sait plus dire si elle est précieuse ou destructrice, Delphine ne se reconnaît plus.
Auteur – Delphine de Vigan.
Taille du livre – 484 pages.
Note – ★★★★☆
D’après une histoire vraie – Critique
Toutes ces questions traversent l’oeuvre de Delphine de Vigan qui égare le lecteur entre fiction et réalité. Son personnage principal, Delphine, est écrivain. Est-ce autobiographique ? Est-ce de la fiction ? Est-ce que la question vaut la peine d’être posée ? A vous d’en juger…
Delphine rencontre cette femme, L. (Elle ?), une initiale prédestinée pour une personnalité débordante de féminité. L. se définit presque comme le contraire exact de Delphine : elle est extravertie et sûre d’elle là où Delphine est effacée et mal à l’aise en public ; elle travaille dans l’ombre comme nègre là où Delphine a connu un succès fulgurant avec son dernier roman ; elle est très seule et isolée là où Delphine est entourée de l’amour de ses enfants, de ses amis et de son compagnon.
Peu à peu, L. s’immisce dans sa vie et Delphine perd toute capacité à écrire. Delphine de Vigan décortique avec un rythme lent et une précision méthodique une relation d’emprise qui s’installe avec une inéluctabilité redoutable. On sent que L. est une femme dangereuse, on sent que son omniprésence présage un rapport toxique… mais on doute, en même temps. Quelles sont ses intentions ? Comment parvient-elle à prendre une place prépondérante dans la vie de Delphine ?
C’est un roman dont la lenteur m’a ennuyée pendant un gros tiers de l’histoire, pressée que j’étais de voir l’intrigue évoluer. La fiction nous habitue à une certaine impatience, on attend la péripétie, le cliffhanger, le retournement de situation… et l’on peste lorsqu’il n’arrive pas assez vite. Et puis, je me suis prise au jeu de cette histoire d’emprise parce qu’elle pose des questions passionnantes : quelle part de lui-même un auteur met-il dans ses œuvres ? Un roman doit-il être une forme d’exorcisme de ses propres traumatismes ? Comment l’angoisse de la page blanche peut-elle prendre le contrôle ?
Jusqu’à la dernière lettre (et ce n’est pas une métaphore !), le livre sème le trouble. L’auteur parle-t-elle d’elle-même dans un roman narcissique et auto-centré ? Son personnage n’est-il que pure fiction ? Est-il « inspiré de faits réels » ?
Ce ne sont pas des questions nouvelles bien sûr (les adeptes de Stephen King auront une envie subite de relire Misery), mais ce sont des questions qui m’intéressent. Elles soulèvent comme toujours une sorte d’outrage : mais comment peut-on laisser une tierce personne entrer dans notre vie et nous influencer à ce point ?
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