Dans mes yeux à moi – Résumé
10 novembre 1975, dans le village de Sainte-Hélène-de-Mancebourg en Abitibi, une journée pas tout à fait comme les autres allait s’inscrire dans les événements marquants de ma vie. Ce matin-là, c’était la troisième fois en moins de cinq ans que je devais déménager mon petit monde.
Selon mon habitude, j’avais encore occupé ma nuit du mieux que j’avais pu pour me rendre jusqu’au matin. La nuit, j’étais en proie à la peur.
Ballotté d’une famille d’accueil à une autre, j’essayais tout le temps de m’enraciner quelque part, sans manifester mon mécontentement, de crainte que l’on ne m’aime plus. Du haut de mes sept ans, j’étais devenu un chevalier errant qui se battait pour survivre aux chamboulements.
D’une main, je portais péniblement ma petite valise bleue en carton mou, prématurément vieillie, de l’autre, je m’agrippais fermement à ma peluche Baby blue. J’avais l’essentiel de ma vie entre les mains.
À cette époque, je voyais l’enfance comme une prison dont j’allais enfin pouvoir m’échapper en devenant adulte. J’ai d’ailleurs appris à compter en biffant sur le calendrier les jours qu’il me restait à faire avant ma libération. Atteindre dix-huit ans était beaucoup plus qu’un but, c’était devenu une obsession.
Auteur – Josélito Michaud.
Taille du livre – 280 pages.
Note – ★★★☆☆

Dans mes yeux à moi – Critique
Cet enfant se révèle bouleversant de sensibilité et de maturité. Ayant grandi dans une famille d’accueil attentionnée, il est brutalement arraché à leur affection et confié à une autre famille, les Surprenant. Une famille dysfonctionnelle : un mari violent et alcoolique qui bat et viole sa propre épouse, une femme terrorisée le laissant exercer ce règne de l’horreur sans avoir la force de lutter…
Olivier développe des peurs : la peur du noir, la peur des hommes. La télévision devient pour lui une échappatoire : « J’ai commencé à m’intéresser aux personnages qui évoluaient dans le téléviseur parce que ceux qui gravitaient autour de moi cherchaient plutôt à m’intimider », explique-t-il. Atteindre l’âge de 18 ans devient un Graal.
Un jour, il craque et confie son calvaire à un adulte. Il est transféré dans une autre famille saine et heureuse. De nouveau, les mêmes mécanismes psychologiques se mettent en marche : la méfiance des débuts laisse place à une forme d’épanouissement prudent, à l’espoir secret que le bonheur se prolonge. On mesure à quel point tout ceci est fragile et incertain. Les enfants ne semblent être que des « paquets » déplacés d’une famille à l’autre selon les contraintes de l’administration. Une situation terrible car ils s’interdisent d’aimer, sachant leur destin incertain, mais brûlent du désir d’appartenir à une famille.
Lorsqu’Olivier finit par être adopté, ce n’est qu’au prix de nombreuses péripéties et drames qui l’ont fait grandir avant l’heure. Il faut reprendre ses marques dans ce qui est désormais SA famille et il a cette phrase marquante et terriblement vraie : « J’étais tout pour eux. Ils n’étaient rien encore pour moi ». Et lorsque sa mère biologique revient dans l’équation, l’équilibre se trouve une fois de plus bouleversé…
L’écriture est sensible et fluide, le livre se parcourt rapidement. Il ne me laissera pas un souvenir impérissable sur le long terme mais c’est un témoignage très touchant sur le parcours de ces enfants abandonnés.
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