Dans ses yeux, Juan José Campanella : ces histoires qui hantent une vie


Dans ses yeux – Résumé

Buenos Aires, 1974. Benjamin Esposito est sollicité pour prendre en charge une affaire de meurtre et de viol. Le mari de la victime, Ricardo Morales, est profondément choqué et Esposito lui promet qu’il mettra la main sur le coupable. Il peut compter sur l’aide de Pablo Sandoval, son ami alcoolique et précieux assistant néanmoins, dont l’esprit permet souvent de porter un regard neuf sur les faits.

Mais avant qu’il n’ait eu le temps de faire progresser l’enquête, son rival Romano tente de le doubler en accusant arbitrairement deux ouvriers d’un chantier voisin du lieu du crime… et le dossier est clos prématurément, avant d’être rouvert un an plus tard.

25 ans après l’affaire, Esposito vient de prendre sa retraite et, hanté par cette histoire, décide de la raconter dans un roman. Il replonge alors dans le passé et reprend contact avec le juge Irene Menendez. Une femme dont il était tombé éperdument amoureux…


RéalisateurJuan José Campanella.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★☆

Dans ses yeux, Juan José Campanella

Dans ses yeux – Critique

Imaginez une jeune femme, Liliana Coloto (Carla Quevedo), retrouvée assassinée et violée. Imaginez devoir annoncer cette nouvelle à son mari fou amoureux et être témoin de sa détresse. Imaginez que l’enquête ne soit qu’un simulacre de justice où l’on laisse le coupable s’échapper et où d’obscures rivalités entravent la recherche de la vérité.

C’est ce contexte auquel Benjamin Esposito (Ricardo Darín) doit faire face quand il se retrouve face à ce dossier. Pas étonnant que l’homme soit profondément ému par l’histoire et qu’il éprouve le souhait impérieux de mettre le coupable sous les verrous.

Mais le film de Juan José Campanella, Dans ses yeux, n’est pas seulement l’histoire d’une enquête. C’est aussi une subtile alchimie entre les personnages : la brillante juge Irene Menendez (Soledad Villamil) qui fait chavirer le cœur d’Esposito mais qui est fiancée, l’attachant Pablo (Guillermo Francella) et sa propension à se retrouver ivre mort, des gens qui deviennent fous d’amour et d’autres assoiffés de vengeance. C’est aussi l’histoire d’une justice corrompue dans un pays où cela ne surprend personne.

Et pour ajouter une touche de complexité à l’intrigue, le film nous immerge tour à tour à l’époque du meurtre, dans le Buenos Aires de 1974, et 25 ans plus tard, quand un Esposito fraîchement retraité décide de coucher sur le papier ses souvenirs de l’enquête.

Au vu de tous ces éléments, on pourrait se retrouver face à un film brouillon, difficile à suivre. À la place, on se laisse entraîner par des personnages sensibles tout au long de ces deux heures qui mêlent enquête, passion, vengeance, traque et amours déçues

Dans ses yeux, Juan José Campanella

Dans ses yeux tisse sa toile dans une forme d’inachèvement perpétuel qui ne trouve une clôture qu’à la toute fin du film. Il y a d’abord l’amour d’Esposito pour le juge, un amour qui ne semble pas voué à se concrétiser. Il y a ce coupable que l’on semble rechercher en permanence tandis qu’il file comme une anguille entre les mains de la justice. Il y a le veuf de Liliana Coloto, qui n’arrivera peut-être jamais à refermer ce chapitre de sa vie. C’est peut-être cette sensation d’inachevé qui nous pousse à rester rivés à l’écran pour connaître la suite…

Le film de Juan José Campanella dresse aussi un parallèle habile entre deux histoires d’amour marquées par la frustration : d’un côté, les sentiments d’Esposito auquel la juge Irene Menendez paraît insensible ; de l’autre, l’amour fou du meurtrier pour sa victime qui ne pose pas les yeux sur lui. Entre les deux, le fil ténu de la morale (et de l’équilibre psychologique !) qui empêche l’un de commettre l’irréparable.

Le réalisateur réinterprète avec brio des scènes très classiques du cinéma, comme celle de la femme qui court après un train entraînant l’amour de sa vie bien loin d’elle.

C’est sobre, efficace, servi par une musique magnifique d’Emilio Kauderer. Temo, écrit Esposito sur sa machine à écrire. « J’ai peur », en espagnol. Sur cette machine à écrire, la lettre A ne fonctionne plus. Et « TeAmo » signifie Je t’aime…

Subtilité d’un film à ne pas rater, couronné Meilleur Film Etranger aux Oscars… une récompense méritée !


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2 commentaires sur “Dans ses yeux, Juan José Campanella : ces histoires qui hantent une vie
  • Marlène

    Je viens de regarder le film « Dans ses yeux »…et il y a une chose dans le film que je n’ai pas comprise…lorsque les hommes viennent chez le héros et en fait, tuent son ami….à sa place…
    Qui a retourné les photos…?

    • Marlène

      Bonjour, je n’ai pas vu le film en ce qui me concerne… et je ne me souviens pas de la scène dans le livre. Peut-être qu’un autre lecteur passant par là aura la réponse !



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