Nous découvrons souvent les classiques littéraires sur les bancs de l’école, en cours de français, quand il faut se plonger dans l’univers de Flaubert, Voltaire, Maupassant ou encore Racine dans le cadre du programme obligatoire. Mais une fois l’école terminée, en dehors des serial lecteurs, certains abandonnent la lecture des classiques littéraires à tout jamais !
On les accuse souvent d’avoir un langage trop alambiqué, des problématiques qui paraissent désormais bien éloignées de celles de la génération actuelle. Je n’avais pas pu m’empêcher d’avoir un fou rire en entendant, chez des amis, un ado lever les yeux au ciel en disant « Nan mais pourquoi il lui dit pas juste qu’il la kiffe, la meuf, au lieu de parler comme une fiotte ». Hum. Bon, d’accord, il y a du chemin à faire… mais les classiques, tout le monde peut les aimer à condition de trouver le bon déclencheur pour s’y mettre !
Les classiques littéraires dans les films
Certains ont beau dire qu’ils sont poussiéreux, les classiques ont pourtant inspiré quelques-uns des plus beaux films du cinéma. Je vous ai déjà parlé sur le blog de Raison et Sentiments d’Ang Lee, qui est inspiré d’un roman de Jane Austen paru en 1811 : le film a reçu le score record de 98% de critiques positives sur Rotten Tomatoes. Mais il y en a eu beaucoup d’autres.
Par exemple, le mythique film La Religieuse de Jacques Rivette – qui obtient 88% de critiques positives – est inspiré d’un roman de Diderot. Il y a eu aussi plusieurs adaptations au cinéma, avec un succès variable, du roman Les Misérables de Victor Hugo.
Sans oublier les adaptations plus subtiles, comme dans le film de Gus Van Sant My Own Private Idaho avec River Phoenix, qui est tiré en partie de Henri IV de Shakespeare.
Si vous avez du mal à vous plonger dans un classique littéraire, voir le film qui en est inspiré permet d’en découvrir l’univers et les personnages sous une forme divertissante et facile d’accès.
Quand les classiques littéraires inspirent des spectacles
À la fin des années 90, il y a eu le succès phénoménal de la comédie musicale Notre-Dame de Paris, imaginée par Luc Plamondon et Richard Cocciante, qui a révélé des chanteurs comme Garou et Hélène Ségara en France. Notre-Dame de Paris, au départ, était bien loin des scènes et des paillettes puisqu’il s’agit d’un roman de Victor Hugo paru en 1831.
18 ans plus tard, la tendance reste vivace et inspire toujours autant les créateurs de spectacle. J’ai d’ailleurs vu qu’une version opéra rock du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir allait être jouée à Paris à partir de fin septembre, avec des chansons co-écrites par Zazie et Vincent Baguian. Là encore, il s’agit d’un spectacle moderne inspiré d’un roman paru en… 1830.
C’est une autre façon de découvrir des classiques littéraires. Les puristes diront peut-être que ça dénature les œuvres, je pense pour ma part que ça a le grand mérite de les désacraliser.
Pour beaucoup d’ados, de jeunes et même d’adultes, la littérature classique a un côté intouchable. Ce sont des livres que beaucoup ne savent pas comment approcher ou même comment choisir. Car contrairement aux best-sellers dont on a entendu parler sur le web ou à l’auteur dont on a lu une interview dans le journal, les classiques littéraires sont souvent présumés connus. Parce que ce sont des classiques, les journalistes se comportent souvent comme si l’intrigue était évidente pour tout le monde.
À travers un format ludique comme le spectacle ou le film, je pense que ça peut amener certains à avoir moins peur des classiques. Peut-être pas au point de se ruer dans la librairie la plus proche pour acheter le roman mais sûrement assez pour avoir l’esprit plus ouvert à ce sujet. Et accessoirement, c’est un moment qu’on peut partager en famille !
Les classiques littéraires à l’épreuve de la modernité
Si vous avez une liseuse ou que la lecture sur écran ne vous rebute pas, on peut aujourd’hui télécharger gratuitement de nombreux classiques littéraires car ils sont tombés dans le domaine public. Je vais souvent sur EbooksGratuits.com. C’est un bon moyen de découvrir quelques auteurs sans engagement.
Et évidemment, comment conclure cet article sans mentionner des initiatives comme « Les boloss des belles lettres » ? Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un Tumblr devenu ensuite une web série avec Jean Rochefort, qui vous résume les plus grands classiques de la littérature dans un langage… comment dire… grave moderne ! Le projet amuse les uns et horrifie les autres. Je trouve pour ma part que c’est le témoignage que la langue française est pleine de ressources, même dans l’argot le plus inattendu !
Vous lisez des classiques ?
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bonjour ! J’ai été très intéressée par cet article car je rencontre beaucoup de personne qui ont des aprioris incroyables à propos des classiques littéraires. Alors qu’il suffit juste de bien tomber. Le problème c’est surtout que les « jeunes » sont obligé de lire des oeuvres assez rébarbatives pendant la scolarité…
Je trouve ça sympa de « désacraliser » une oeuvre, ça peut donner envie de découvrir le classique qui se cache derrière ! ;) Très intéressant ton article.
Bise, à Bientôt
Marine (DeuxAimes)
Merci Marine ! Je trouve aussi que les œuvres proposées au collège/lycée ne sont pas toujours les plus faciles d’accès pour encourager les gens à lire. Quand on est déjà un grand lecteur, ce n’est pas si dérangeant, mais pour des ados qui n’ont déjà pas l’habitude de se plonger dans un livre, je pense que ça peut être très décourageant de « s’initier » à la lecture avec des œuvres ardues.
J’ai toujours lu beaucoup et je me suis très tôt plongée dans des classiques, j’ai attaqué vers 9 ans avec les Rougon-Macquart de Zola… et pourtant, j’ai aussi quelques souvenirs traumatisants ^^ J’ai notamment dû me frotter aux Mémoires de Saint-Simon pour le bac et je suis encore capable de réciter par cœur cette phrase qui, je crois, illustre bien mon idée d’une « oeuvre rébarbative » (muahahaa) : « Le roi se réserve cette bisque pour nous faire sentir qu’il est le maître et qu’il gouverne, et si par hasard il se présente quelque chose sur quoi il s’opiniâtre et qui soit assez importante pour que nous nous opiniâtrions aussi, ou pour la chose même, ou pour l’envie que nous avons qu’elle réussisse comme nous le désirons, c’est très souvent alors, dans le rare que cela arrive, une sortie sûre ; mais, à la vérité, la sortie essuyée et l’affaire manquée, le roi, content d’avoir montré que nous ne pouvons rien et peiné de nous avoir fâchés, devient après souple et flexible, en sorte que c’est alors le temps où nous faisons tout ce que nous voulons ».
Oui, ça c’était juste une phrase. Au secouuuuuurs !
Oui, et ça m’est arrivé effectivement de le faire après avoir vu un film tiré du livre… Mes tandems « classique/adaptation ciné » préférés: Les liaisons dangereuses de Laclos et le film qu’en a tiré Stephen Frears, et Dracula de Bram Stoker et son adaptation par Francis Ford Coppola.
Ah Dracula, quel bonheur cette histoire… J’avais été fascinée par une autre adaptation, « Nosferatu le vampire » de Murnau : le film n’a pas été autorisé par les héritiers de Bram Stoker donc ils ont dû modifier le nom du Comte mais esthétiquement parlant, il m’avait laissée sans voix (pour un film muet, c’est normal ^^).
J’avais entendu parler de ce film mais je ne connaissais pas la petite histoire derrière… et je ne l’ai pas vu! Il faudra que j’y songe, merci du conseil!