Nous dormirons quand nous serons vieux, Pino Corrias : le cinéma italien au vitriol


Nous dormirons quand nous serons vieux – Résumé

Oscar Martello, producteur de cinéma italien, mène la vie décousue de ceux qui doivent leur succès à un sens indéniable de la manipulation. Au fil des rencontres, des arnaques, sa confiance inébranlable en lui-même lui a permis de construire un petit empire dont il profite dans l’excès le plus total.

Soirées où l’alcool coule à flots et où la coke enflamme les rêves de gloire, cohorte de scénaristes et d’acteurs qui comptent sur lui pour assurer les fins de mois, sexualité débridée et soif insatiable de consommation, Oscar Martello incarne un monde où la notion d’interdit n’existe pas.

Piétinant le scénario écrit par son « ami » Andrea Serrano, Oscar a préféré confier les rênes de son prochain film au réalisateur Attilio Fabris. Et à quelques jours de la sortie en salles du long-métrage, il le regrette amèrement car il sent l’échec se profiler à l’horizon. Oscar décide alors de monter un coup de pub impliquant la tête d’affiche du film, Jacaranda Rizzi… mais jusqu’où ira la mascarade ?


Auteur.
Taille du livre241 pages.
Note – ★★★★☆

Nous dormirons quand nous serons vieux, Pino Corrias

Nous dormirons quand nous serons vieux – Critique

Lire Pino Corrias, c’est déjà, en soi, entrer dans le scénario d’un film. L’auteur, journaliste de profession, signe avec Nous dormirons quand nous serons vieux son premier roman… et il en ressort un talent inné pour capturer les détails, esquisser des portraits au point que quelques traits suffisent à nous rendre les personnages familiers.

On plonge dans un monde qui s’écrit avec force superlatifs tant il est habité par la démesure à tous les niveaux. Ce monde, c’est celui du cinéma italien qui fait du bruit sans élégance. Celui de tous les professionnels qui rêvent d’entrer dans l’histoire avec des films qu’on retiendra mais qui vivent avant tout d’intrigues sans signification profonde qui sauront séduire la ménagère.

On assiste, mi-horrifié, mi-fasciné, au défilé d’une cohorte de corps qui se livrent à tous les excès : sexe, drogue, argent, malhonnêteté…

Oscar Martello, au cœur de l’histoire, fait partie de ces êtres détestables qui attirent néanmoins leur entourage comme la lampe allumée séduit le moustique. C’est le genre d’homme pour qui tout s’achète, qui traite les autres comme des chiens mais vers qui l’on revient quand même parce qu’il remplit la gamelle…

Il a noué une relation pseudo-amicale (est-ce un monde où l’on peut avoir des amis ?) avec Andrea Serrano, un scénariste qui n’est pas un ange mais exprime une note de gentillesse et d’authenticité dans un monde où rien n’est vrai.

« Il a entretenu son physique sec en marchant et en nageant. Puis il l’a dégradé en buvant. Il a trouvé que la vie était une histoire décousue mais qu’il fallait la porter avec élégance. Et en l’étudiant il a commencé à la réécrire ».

Oscar lui avait confié l’écriture de son nouveau film, par habitude de déléguer la moindre tâche de son existence à de petites mains payées au rabais mais, jugeant le résultat trop romantique, il a finalement préféré faire intervenir le réalisateur Attilio Fabris qui a profondément remanié l’histoire. Et c’est là tout le drame : Oscar Martello, si odieux soit-il, a de l’instinct et pressent que le film va être un échec retentissant.

Il met alors sur pied un redoutable scénario afin de promouvoir le film tout en dissimulant habilement les faiblesses de l’intrigue.

Nous dormirons quand nous serons vieux, Pino Corrias

Je ne vous en dis pas plus mais ce qui m’a frappé dans le livre de Pino Corrias est ce talent pour la description. On s’immerge pleinement dans cet univers, ses codes, ses drames, son faste et son luxe qui cache de sombres magouilles. On le voit se dessiner sous nos yeux, on le sent, on l’entend et surtout, on l’éprouve.

On peste contre ce terrible sentiment qu’il m’est déjà arrivé de ressentir dans la vraie vie : l’impression que le succès est parfois donné aux mauvaises personnes, que la réussite ne revient pas toujours aux plus méritants mais souvent à ceux qui parlent le plus fort.

On plaint tous ceux qui sont obligés de courir après la lumière, tous ceux qui atterrissent au milieu de ce monde d’illusions après des parcours de vie tortueux et semés d’échecs… au risque de se faire broyer par une machine qui n’a pas de place pour des gens comme eux.

Et peut-être qu’au fond, ce livre nous rappelle l’importance de la bienveillance. J’en retiens en tout cas cette citation :

« Dans son micromonde, on utilisait les mots comme des pierres taillées à planter dans les vies d’autrui, comme des armes pour alimenter les mauvais sentiments, cultiver les jalousies, révéler des secrets, insinuer, calomnier, effrayer, se moquer, humilier. Et quasiment jamais pour demander, comprendre et consoler ».

Un livre à découvrir !


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