L’Élu, Chaïm Potok : deux visions du judaïsme face à face dans une amitié inattendue


L’Élu – Résumé

Un jour, lors d’un match de baseball, s’affrontent deux équipes de garçons issus de la communauté juive : les uns prônent une vision ouverte du judaïsme, les autres – des juifs hassidiques – sont beaucoup plus conservateurs.

Lors du match, un incident vient cristalliser les tensions entre les deux groupes : Danny, fils d’un tzaddik, chef spirituel hassidique très influent, envoie violemment une balle dans l’œil de Reuven, élevé seul par un père assez ouvert d’esprit et très sensible aux idées sionistes.

L’épisode aurait pu induire une sournoise guerre de clans mais il prend au contraire une tournure inattendue, cimentant le début d’une amitié improbable entre les deux adolescents.


Auteur.
Taille du livre384 pages.
Note – ★★★☆☆

L’Élu, Chaïm Potok

L’Élu – Avis sur le livre

J’ai découvert Chaïm Potok en demandant à une amie juive si elle avait des lectures à me conseiller pour me familiariser davantage avec le judaïsme. Elle m’a répondu que les romans de cet auteur avaient bercé sa jeunesse et c’est ainsi que je me suis plongée dans L’Élu, le livre qui l’a fait connaître.

L’Élu est l’histoire d’une amitié entre deux garçons mais surtout, à travers elle, l’histoire de deux visions du judaïsme et de deux visions de l’éducation et de l’amour parental.

Danny et Reuven ont grandi à quelques rues l’un de l’autre, sans se connaître, sans rien savoir de leurs existences respectives.

  • Danny a connu l’austérité d’un foyer particulier : un petit frère maladif, un père rabbin considéré par ses fidèles comme un véritable chef spirituel que l’on vénère tel un représentant de Dieu sur terre… et un destin tout tracé : prendre la succession de son père. Sa relation avec lui est marquée par le silence, brisé seulement lors des moments où ils échangent au sujet du Talmud (texte fondamental du judaïsme).
  • Reuven, de son côté, vit seul avec son père, qui enseigne dans une yeshivah (école où l’on étudie la Torah et le Talmud). Il reçoit une éducation plus ouverte, où il peut laisser libre cours aux sujets qui le passionnent… comme les mathématiques et la logique.

Deux mondes qui auraient pu ne jamais se croiser, s’il n’y avait eu ce match de baseball. Une partie qui devient plus qu’un simple jeu, qui se transforme en un affrontement inavoué entre deux visions du monde : celle des juifs hassidiques comme Danny… et celle des juifs plus modérés, comme Reuven. La tension est à son comble quand Danny frappe un coup violent et que la balle de baseball vient heurter de plein fouet l’œil de Reuven.

L’adolescent se retrouve à l’hôpital, risquant ni plus ni moins de perdre son œil… et lorsque Danny tente de le contacter, sa première réaction est une colère noire qui ne laisse place à aucun pardon. Lorsque Reuven raconte l’épisode à son père, pourtant, ce dernier l’enjoint à la tolérance :

« Quand je lui parlai de ma conversation avec Danny Saunders, je vis que ses yeux se remplissaient de colère.
– Tu t’es stupidement conduit, Reuven, me dit-il sèchement. Tu te souviens de ce que dit le Talmud. Si quelqu’un vient pour s’excuser de vous avoir fait tort, on doit l’écouter et lui pardonner.
– Je n’ai pas pu m’en empêcher, abba.
[…]
– Ce que j’essayais de te faire comprendre, Reuven, c’est que quand quelqu’un vient pour parler avec toi, il faut être patient et écouter. Plus particulièrement si c’est quelqu’un qui vous a fait du mal, d’une manière ou d’une autre ».

Reuven accepte d’écouter… et naît alors une amitié surprenante entre lui et Danny. Ce dernier est prisonnier d’un destin que l’on a tracé pour lui : son père est le chef spirituel de la communauté des Juifs hassidiques du quartier, un rabbin d’une renommée phénoménale dont il héritera un jour des missions. Comme une transmission « de droit divin », à laquelle il paraît inconcevable de s’extraire.

Pourtant, Danny a d’autres rêves : il se passionne pour la psychologie, il est doté d’une intelligence prodigieuse qui le pousse à explorer sans cesse de nouveaux horizons de connaissance…

Reuven, quant à lui, ne recevra pas le rabbinisme en héritage mais rêve pourtant de devenir rabbin. Il grandit auprès d’un père aimant et ouvert, qui exprime davantage ses sentiments que le père de Danny et lui laisse la liberté de se façonner l’avenir dans lequel il s’épanouira.

Vous l’imaginez, L’Élu de Chaïm Potok raconte donc à la fois l’histoire de cette amitié mais aussi, à travers elle, le quotidien de ces familles. Elles s’opposent sur de nombreux points : une éducation dans le silence d’un côté, dans le dialogue de l’autre ; une vision conservatrice ou ouverte du judaïsme ; un soutien au sionisme (la volonté de créer un état juif) ou au contraire un rejet…

Mais elles se rejoignent sur d’autres et, à mon sens, si l’amour d’un père envers son fils ne s’exprime pas de la même manière des deux côtés, il est pourtant bien présent.

Ce livre ne m’a pas « passionnée » au sens habituel du mot car je n’ai pas ressenti un attachement puissant aux personnages… Néanmoins, L’Élu m’a emportée car c’est une plongée très instructive dans la vie de familles juives au milieu du 20e siècle, à l’aube de la naissance de l’Etat d’Israël.

Ce sont beaucoup de termes nouveaux pour une non-juive, qui ont ce goût curieux des choses peu familières… et donnent envie d’en savoir plus ! Au vu de la riche bibliographie de Chaïm Potok, il n’y a pas de doute sur le fait qu’il soit possible de poursuivre la découverte !


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