Et toi, t’es sur qui, Lola Doillon : l’enjeu de la « première fois »


Et toi, t’es sur qui ? – Résumé

Julie et Élodie sont deux adolescentes de quinze ans n’ayant encore jamais eu de rapport sexuel. L’année scolaire touche à sa fin et elles sont convaincues que beaucoup de leurs camarades de classe vont passer le cap décisif de la « première fois » pendant les vacances d’été.

Pas question pour elles d’être les dernières. Les deux amies se fixent pour objectif de perdre leur virginité avant la prochaine rentrée scolaire. Une semaine de stage en entreprise se profile à l’horizon… l’occasion, peut-être, de passer à l’acte.


RéalisateurLola Doillon.
Durée du film minutes.
Note – ★☆☆☆☆

Et toi, t'es sur qui, Lola Doillon

Et toi, t’es sur qui ? – Critique

Je n’aime pas mettre de si mauvaises notes mais je ne peux accorder davantage à ce film de Lola Doillon, auquel j’ai trouvé de trop nombreuses faiblesses.

Le scénario, d’abord. La « première fois » est effectivement un cap décisif pour les adolescents et est sans nul doute un sujet propre à alimenter une intrigue de film. Cependant, Et toi, t’es sur qui ? développe le thème d’une manière très peu crédible : entre le moment où les deux filles décident de perdre leur virginité et le moment où la première d’entre elles saute le pas, il s’écoule très exactement deux jours. Au final, les deux coucheront avant même le début des vacances d’été. Alors que l’on nous laisse entendre au début du film que ce cap est source d’appréhensions, qu’il faudra du temps pour lever les barrières psychologiques, tout est bouclé en quelques jours. Et l’on se demande pourquoi avoir fait un film sur un grand bouleversement qui n’en est pas un ?

Le film évoque aussi plusieurs croyances répandues chez les adolescents : Julie est convaincue qu’il est inutile de se protéger lors d’un premier rapport sexuel quand les deux partenaires sont vierges ; l’un des garçons déclare à ses copains qu’il n’y a pas de risque de grossesse parce que « c’est bon, je me suis retiré avant ». On se réjouit devant son écran à l’idée que le film ait une portée éducative et en profite pour rectifier ces lieux communs. Mais rien de tout cela n’est dit dans le film. On fait l’amour sans préservatif et ô magie du cinéma, pas de conséquences désastreuses. Certes, ce n’était pas le sujet du film… mais à l’heure où ces idées reçues font tant de dégâts et entraînent tant d’IVG chez les jeunes filles, c’est dommage de laisser planer ces théories.

De manière plus générale, on retrouve beaucoup de clichés et de stéréotypes. Les adolescents adoptent un « parler jeune » dont le choix est pertinent mais qui sonne souvent faux ou surjoué, à l’instar de ce dialogue au début du film :

« Elodie : Il l’a pas forcée, elle lui a taillé une pipe.
Julie : Nan, tu rigoles ?
Elodie : Ouais.
Julie : P’tain c’est horrible ! Nan, sans blague, elle lui a taillé une pipe ? Haaaaan. Moi j’pourrais pas.
Elodie : Nan mais c’est une grosse salope…
Julie : Une grosse salope ? C’est une vraie pute, ouais ! »

Un discours bien virulent de la part de deux ados prêtes à coucher avec le premier venu deux jours plus tard. Et lorsque Julie déclare, à grand renfort de pauses dramatiques : « J’me sens pas pareille. C’est super bizarre. C’est comme si j’étais… plus grande », force est de reconnaître que l’on n’y croit pas.

Les adolescentes ne sont pas seules à souffrir de ce manque de crédibilité : le professeur qui annonce à la classe un stage en entreprise imminent s’exprime sur un ton à la frontière entre le JT et un documentaire animalier.

Enfin, les décors et le cadre ne font rien pour pimenter l’intrigue : le stage en entreprise confronte les élèves au monde de la boucherie et de la poissonnerie, deux univers qui ne semblent pas les passionner et ils entrent et sortent des salles de formation comme des personnages de vaudeville au théâtre.

L’une des scènes est à cet égard particulièrement caricaturale : deux filles, deux garçons, quatre bancs… et des acteurs qui passent d’un banc à l’autre pour s’expliquer successivement avec les autres protagonistes. Le décor choisi est clairement stratégique : le stage offre plus de liberté que l’école et à la différence des vacances où chacun suit sa route, il réunit filles et garçons au même endroit.

Et toi, t'es sur qui, Lola Doillon

Les actrices qui incarnent Julie (Christa Theret) et Elodie (Lucie Desclozeaux) parviennent néanmoins à garder un certain capital sympathie. Elles manquent d’expérience, c’est évident ; Christa Theret (dont c’était le deuxième film) affiche plus d’assurance que sa comparse (pour qui il s’agissait d’une première expérience) mais le tandem fonctionne bien.

Un peu plus d’expérience leur aurait sans doute permis de prendre davantage de liberté par rapport au texte afin de rendre l’interprétation plus naturelle. De même, l’immersion parmi les adolescents est un parti pris scénaristique bien pensé (les adultes restent des figures d’arrière-plan tout au long du film et la perspective est clairement celle des ados, tant dans la manière de filmer que dans l’intrigue elle-même).

Ce film plaira peut-être aux ados qui y reconnaîtront leurs propres émois mais je ne le recommanderais pas aux plus vieux qui jugeront sans doute le scénario bien trop simpliste.


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