L’Étranger – Résumé
« Aujourd’hui, maman est morte ». C’est par ces mots que débute L’Étranger d’Albert Camus. Près d’Alger, en Algérie, Meursault a perdu sa mère. Un drame intime qui semble pourtant laisser cet homme simple presque indifférent.
Un drame intime qui préfigure une autre tragédie, où la vie banale et ordinaire de Meursault va basculer, le propulsant face à la justice des hommes.
Auteur – Albert Camus.
Taille du livre – 176 pages.
Note – ★★★★☆
L’Étranger – Avis sur le livre
C’est par la voix de Meursault, un homme vivant en Algérie, que l’histoire nous est racontée. De son récit, livré avec des mots simples, le lecteur peut s’imaginer « quel genre d’homme il est » et comprendre comment il traverse la vie.
Meursault mène une vie routinière, celle de quelqu’un qui ne se pose guère de questions philosophiques et traverse plutôt l’existence comme elle vient.
Il se laisse souvent déborder par la puissance de ses sensations : parce qu’il a chaud, parce qu’il est fatigué, parce que le soleil le frappe de ses rayons, Meursault se détache soudain de toute capacité d’analyse, son attention s’évapore en d’autres lieux. Le roman de Camus est traversé par ces sensations, très ordinaires au fond mais qui caractérisent le personnage, comme dans cette scène où la chaleur incommode Meursault :
« Je l’avais très mal suivi dans son raisonnement, d’abord parce que j’avais chaud et qu’il y avait dans son cabinet de grosses mouches qui se posaient sur ma figure, et aussi parce qu’il me faisait un peu peur ».
Si les sensations sont omniprésentes, les émotions sont, elles, effacées. Meursault semble indifférent à tout ce qui lui arrive, le bon comme le mauvais. Il nourrit envers le monde une sorte de fatalisme résigné, comme si l’un ou l’autre des chemins se présentant à lui finirait par mener au même endroit.
« Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors ? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier ».
Meursault s’est enfermé dans cette léthargie : les journées où il trompe l’ennui en observant la rue depuis chez lui, fumant cigarette sur cigarette ; les journées où il travaille, parce que c’est ainsi ; les quelques sorties avec ses connaissances ; sa vie de célibataire qui s’est installé dans une seule pièce de son appartement, laissant le reste à l’abandon.
On hésite, dans notre interprétation, à dire que Meursault est un simple d’esprit qui n’a pas l’aptitude intellectuelle à aller au-delà d’une approche très « physique » du monde, fondée sur ses ressentis. Ou à dire que Meursault est un psychopathe, qui n’a que des émotions superficielles et une absence d’empathie pour autrui. Ou un mélange des deux, car l’être humain est rarement simple comme dans un roman !
Toujours est-il qu’il avance dans une grande indifférence à tout ce qui lui arrive. Lorsque son patron lui parle ainsi de ses projets futurs, voici comment Meursault perçoit la situation :
« Il avait l’intention d’installer un bureau à Paris, qui traiterait ses affaires sur la place, et directement, avec les grandes compagnies et il voulait savoir si j’étais disposé à y aller. Cela me permettrait de vivre à Paris et aussi de voyager une partie de l’année. « Vous êtes jeune, et il me semble que c’est une vie qui doit vous plaire ».
J’ai dit que oui mais que dans le fond cela m’était égal. Il m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes ses valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. Il a eu l’air mécontent, m’a dit que je répondais toujours à côté, que je n’avais pas d’ambition et que cela était désastreux dans les affaires ».
Être « toujours à côté », voilà peut-être ce qui caractérise le mieux Meursault. Il semble vivre à côté du monde et non en faire partie.
« L’étranger » est à la fois celui qui, pour Meursault, représente une menace et vient troubler la mécanique huilée de ses journées… et l’étranger qu’est Meursault lui-même, pour nous et pour les autres : un homme dont il nous faut apprivoiser les actes et les pensées, un homme perçu encore différemment par la justice devant laquelle il est conduit, un homme dont on revisite en permanence l’image et l’analyse au gré des circonstances, un homme qui semble regarder la vie défiler sous ses yeux sans en être acteur.
Pourtant, Meursault EST acteur. Il est l’un des acteurs de l’enterrement de sa mère, décédée à l’asile où il l’avait placée faute d’argent. Il est acteur d’une relation amoureuse où il s’engage. Il est acteur et complice des demandes de son voisin qui rencontre des problèmes avec sa maîtresse. Et il est acteur d’un geste qui lui vaudra d’être traduit devant la justice.
Ce double statut du personnage, à la fois passif et actif, donne à ce roman une dimension captivante, d’autant plus fascinante que L’Étranger de Camus est très descriptif. De quoi faire mentir ceux qui associent « description » et « ennui » !
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En relisant l’étranger aujourd’hui j’ai aussi remarqué que Meursault ne croit en rien. Il n’a jamais de jugement sur les choses, ce n’est jamais bien ou mal. Et surtout il ne croit pas en dieu et c’est le seul moment où il s’énerve quand l’aumônier insiste pour le convaincre à croire. En fait sa seule conviction est de ne pas croire. Les croyances font tellement partie de les êtres humains que cela le rend très « étranger » aux autres.
Merci pour le commentaire, ce sont des remarques très justes. Je trouve qu’elles rejoignent son côté détaché, qui n’a d’avis sur rien et en même temps est capable d’exprimer qu’il n’en a pas. Comme si, là aussi, son avis était de ne pas avoir d’avis.