Gatsby le Magnifique – Résumé
Nick Carraway vient de s’établir à West-Egg, sur Long Island, une banlieue chic de New York. Issu d’une famille aisée, il fait cependant pâle figure par rapport à sa cousine Daisy, qui a épousé le légendaire rugbyman Tom Buchanan et mène grand train à East-Egg, quartier encore plus favorisé que le sien.
C’est lors d’une soirée chez Daisy que Nick entend pour la première fois parler de son mystérieux voisin, Jay Gatsby, qui occupe un château somptueux et organise des fêtes aussi luxueuses que courues par la bonne société new-yorkaise.
Intrigué, il va peu à peu s’intéresser à l’identité de Gatsby et découvrir le secret que celui-ci dissimule.
Auteur – Francis Scott Fitzgerald.
Taille du livre – 202 pages.
Note – ★★★☆☆
Gatsby le Magnifique – Avis sur le livre
Il y a, d’abord, le fait que les gens semblent classés sur une échelle de valeur en fonction du montant de leur compte en banque. Et dans la banlieue de New York que nous raconte Francis Scott Fitzgerald, « East Egg » et « West Egg » partagent un même statut de quartiers favorisés… ce qui ne les empêche pas de posséder aussi une hiérarchie : West Egg est « le moins chic des deux », East Egg étant le plus « fashionable ».
Nick Carraway s’est établi à West Egg. Diplômé de l’université de Yale, il fait ses premières armes dans le milieu bancaire et loue une maison en piteux état. Elle paraît d’autant plus modeste qu’elle jouxte une superbe propriété, le château de Gatsby.
« Celle que j’avais à ma droite était un monument colossal, quel que soit l’étalon d’après lequel on veuille la juger. De fait, c’était une copie de je ne sais quel hôtel de ville normand avec une tour à un de ses angles, d’une jeunesse saisissante sous sa barbe de lierre cru, une piscine de marbre et plus de vingt hectares de pelouses et de jardins. C’était le château de Gatsby ».
Nick n’a jamais prêté attention à son voisin… jusqu’à cet été de 1922 où tout commence par une invitation à dîner chez sa cousine Daisy, qui vit à East Egg, de l’autre côté de la baie. Daisy a épousé un ancien joueur de rugby professionnel, Tom Buchanan. Désormais âgé d’une trentaine d’années, Buchanan ne joue plus mais a gardé de sa carrière précoce un physique et un tempérament qui renvoient une image d’agressivité.
Lors de la soirée, une amie de Daisy, Jordan Baker, championne de golf, confie à Nick Carraway deux informations :
- Tom Buchanan a une maîtresse, Myrtle Wilson, qui n’a absolument rien à voir avec son rang et vit dans un quartier défavorisé de la ville, la « vallée de cendres » ;
- Le voisin de Nick est quelqu’un que tout le monde connaît sans le connaître, au sujet duquel circule une multitude d’histoires : Jay Gatsby.
Nick n’a jamais prêté attention à ce fameux voisin, réalité d’une société où les échanges profonds sont rares. Cependant, la discussion avec Jordan le fait éprouver une certaine curiosité à l’égard de Gatsby.
Rapidement, il se retrouve invité à l’une de ses somptueuses soirées où se presse le tout-New York. Il va peu à peu découvrir que Gatsby vit dans la nostalgie d’un amour perdu.
Je dois avouer que malgré la subtilité de l’écriture de Francis Scott Fitzgerald, dont l’histoire possède de multiples niveaux de lecture, j’ai eu du mal à porter de l’attachement à ce roman. En effet, il donne l’image d’une société profondément malsaine à de nombreux égards.
C’est un monde de profiteurs, où l’on vient s’assoir à la table de Gatsby et jouir de sa richesse sans vraiment prêter attention à l’identité de l’hôte, voire en colportant des ragots à son sujet.
Il en résulte l’image d’un homme seul, un peu pathétique dans son immense château où il manque cruellement de la présence de celle qu’il aime. Un homme qui semble s’adapter avec aisance à son auditoire, tout en donnant l’impression d’être profondément « vide ».
Ainsi, sous la plume de Fitzgerald, Nick commente tantôt :
« Il affrontait un instant – ou paraissait affronter – le monde extérieur dans son ensemble, pour se concentrer ensuite sur vous avec un parti pris irrésistible en votre faveur. Il ne vous comprenait qu’autant que vous désiriez être compris, il croyait en vous dans la mesure où vous auriez voulu croire en vous-même. Il vous persuadait qu’il avaitaexactement de vous l’impression que, en mettant tout au mieux, vous espériez produire ».
Et tantôt ceci :
« – Ma famille entière étant morte, j’ai hérité de beaucoup d’argent.
Sa voix était grave, comme si le souvenir de l’extinction soudaine de tout un clan le hantait encore. Un instant, j’eus le soupçon qu’il se moquait de moi, mais un regard que je lui jetai me convainquit du contraire.
– Après, je vécus comme un jeune rajah dans toutes les capitales de l’Europe – Paris, Venise (sic), Rome – collectionnant des pierres précieuses, en particulier des rubis, chassant le gros gibier, faisant un peu de peinture, des machines pour moi tout seul, tâchant d’oublier quelque chose de très triste qui m’est arrivé il y a longtemps.
D’un effort, je parvins à étouffer un rire d’incrédulité. Les phrases étaient si usagées qu’elles n’évoquaient en moi aucune image, hormis celle d’une marionnette livresque perdant sa sciure par tous les pores en poursuivant un tigre dans le Bois de Boulogne ».
Gatsby est une construction, un être qui existe mais ne vit pas, pour des raisons que l’on découvre au fil du roman. Et il devient le symbole de cette société qui, elle aussi, existe sans vivre : elle se pavane, fait des fêtes, exhibe son argent, assume ses caprices… tout en donnant l’impression d’avoir l’âme sèche et l’indifférence facile.
Pourtant, le personnage dégage un mystère assez fascinant. L’écriture de Fitzgerald nous donne même parfois l’impression qu’à ses côtés, le temps s’arrête. Ainsi, il emploie par exemple l’expression « un mort nous croisa » alors que Nick se trouve avec Gatsby et qu’ils croisent la route d’un corbillard. C’est presque anodin, mais le fait que ce soit le mort qui bouge et non l’inverse donne le ressenti que Gatsby vit dans un autre espace-temps.
Un contraste significatif avec Nick Carraway, qui donne au contraire l’impression d’être plutôt sain, équilibré et bien ancré dans le monde, notamment grâce à la solide éducation qu’il a reçue.
« Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :
– Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi.
Il n’en dit pas davantage, mais comme lui et moi avons toujours été exceptionnellement communicatifs tout en y mettant beaucoup de réserve, je compris que la phrase impliquait beaucoup plus de choses qu’elle n’en exprimait ».
A l’époque, aux Etats-Unis, c’est ce que l’on appelle les « Roaring Twenties », période de prospérité économique et de formidable croissance. C’est l’époque où tout semble possible, où l’on commence à valoriser les histoires de « self-made men », des hommes qui ont construit de toutes pièces leur propre réussite. Où l’on nourrit l’idée que le rêve américain est à la portée de toute personne qui se donne les moyens de l’atteindre.
« Je me pris à aimer New-York, la sensation capiteuse et aventureuse qu’il donne la nuit et la satisfaction que le constant papillonnement d’hommes, de femmes et d’automobiles offre à l’œil privé de repos. J’aimais remonter la Cinquième Avenue, choisir dans la foule des femmes romanesques, imaginer que dans quelques minutes j’allais m’immiscer dans leur existence, sans que personne le sût ou me désapprouvât. Parfois, en imagination, je les suivais jusque chez elles.
Elles habitaient des appartements aux carrefours de rues secrètes. Elles tournaient la tête et me rendaient mes sourires avant de disparaître par une porte, dans l’obscurité chaude. Aux crépuscules enchantés de la métropole, j’éprouvais de temps en temps la hantise de la solitude et je la sentais aussi chez d’autres – pauvres employés qui flânaient devant des vitrines en attendant l’heure de dîner tout seuls au restaurant – jeunes employés gâchant, à la brune, les instants les plus émouvants de la nuit, de la vie ».
Mais ce New York vibrant et plein de promesses cache une réalité beaucoup plus sombre : on a beau réussir, on n’appartient jamais tout à fait au même monde que ceux qui sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
Alors c’est un roman qui laisse un parfum d’amertume et de tragédie, et un parfum de vide. Celui d’une société qui, derrière son goût pour la magnificence, est en réalité bien pauvre…
Un classique de la littérature !
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