Heartstone : Un été islandais, le chemin difficile de l’acceptation de soi


Heartstone : Un été islandais – Résumé

En Islande, dans un petit village de pêcheurs où la vie est rude, Thor et Christian, deux amis inséparables, entrent dans l’adolescence. Cet âge où l’on découvre la séduction, où l’on expérimente autant que l’on explore…

Pas facile de savoir comment approcher le sexe opposé, qui paraît subitement plein de mystères insondables !

Alors que l’un des garçons se laisse prendre au charme d’une fille du village… l’autre se découvre une attirance homosexuelle pour son meilleur ami.


RéalisateurGuðmundur Arnar Guðmundsson.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★☆

Heartstone : Un été islandais

Heartstone : Un été islandais – Critique

Heartstone : Un été islandais m’a été présenté comme « un film sur l’homosexualité ». En réalité, un tel intitulé serait réducteur pour ce film de Guðmundur Arnar Guðmundsson, un réalisateur islandais qui signe là son premier long-métrage.

Heartstone : Un été islandais explore l’adolescence dans ce qu’elle a de riche et rude à la fois. C’est la découverte de soi, l’exploration de son corps, de ses sentiments et de ses limites… mais c’est aussi la découverte des autres, une rencontre qui peut être bonne ou mauvaise au gré des circonstances.

L’histoire se déroule dans un décor grandiose et hostile, qui peut tour à tour refléter le bouillonnement énergique de l’adolescence et la dureté terrible de cet âge. Le film a été tourné dans la réserve de Dyrhólaey, au sud de l’Islande, et à Borgarfjörður Eystri, à l’est du pays.

Imaginez un village de pêcheurs au milieu de rien.

Les ados désoeuvrés y font les 400 coups en pleine nature et parmi eux, deux amis unis comme les doigts de la main : Thor (Baldur Einarsson), au physique encore enfantin, et Christian (Blær Hinriksson), qui a déjà une carrure de jeune homme et plaît énormément. Les deux garçons passent chaque journée ensemble, qu’il s’agisse de prêter main forte à la ferme, de pêcher ou d’aller détruire des épaves de voiture pour s’occuper.

Et puis, il y a les filles, cette espèce étrange qu’ils ne comprennent pas très bien. On s’épie, on se sourit, on se taquine… Rakel, la sœur de Thor, ne perd pas une occasion pour le tourner en dérision tandis que Hafdís, son autre sœur (non moins espiègle !), exprime ses angoisses existentielles par la poésie et le dessin.

Thor et Christian dans Heartstone, un été islandais

Beth et Hanna, deux jeunes filles du village, éveillent l’intérêt des deux amis… mais au fil des jours, on réalise que les garçons ne vivent pas du tout de la même manière cette première amourette. Pour l’un, le flirt est un premier pas vers l’âge adulte. Pour l’autre, la prise de conscience de son homosexualité, un tabou dans le village.

Pendant une large partie du film, on ne sait pas trop lequel des deux est homosexuel, à vrai dire. Car l’adolescence est cet âge où l’on se cherche…

La frontière entre amour et amitié est parfois floue, on se donne des bourrades, on se prend par la main, on se traite de « petite bite » et on joue à se baisser le maillot de bain, on s’embrasse par défi à un « Chiche, Action ou Vérité »… mais quels gestes sont anodins et quels gestes ont du sens ?

Thor (Baldur Einarsson) dans Heartstone, un été islandais

Le film oscille en permanence entre la délicatesse des relations, la puissance de l’amitié et des premiers émois… et une violence terrible, d’autant plus terrible qu’elle est contenue.

C’est la violence de ces gamins désœuvrés qui se frappent entre eux, détruisent des objets et frappent des animaux – certaines scènes sont à cet égard très dures à regarder.

C’est la violence des situations familiales : un père alcoolique et violent d’un côté ; une mère délaissée par son mari pour une femme plus jeune et qui a hérité d’une image détestable car on prétend qu’elle a souvent de nouveaux petits amis ; des enfants qui frappent leurs parents et se font frapper en retour.

C’est la violence d’un sentiment homosexuel que l’on ne peut avouer, par honte, parce qu’on côtoie l’homophobie au quotidien, parce que l’on a peur de briser une amitié.

Il y a une très grande franchise dans le propos et dans la manière de filmer. On voit ces préadolescents qui s’observent nus dans un miroir, se masturbent sous la couette, et cette vérité a parfois un côté dérangeant. Mais c’est aussi ce qui donne au film sa puissance.

Les deux acteurs centraux du film livrent des prestations extrêmement convaincantes, pleines de justesse et de sensibilité malgré leur inexpérience au cinéma : Baldur Einarsson et Blær Hinriksson tournaient leur premier long-métrage, idem pour le réalisateur (qui avait néanmoins déjà reçu une mention spéciale au Festival de Cannes pour un documentaire).

La prestation des jeunes acteurs est d’autant plus remarquable que l’exercice paraît difficile, à cet âge : accepter de montrer son corps, de feindre la masturbation devant une caméra, à un âge où l’on traverse soi-même les mêmes émois que des personnages de fiction, est significatif.

Le très beau décor du film Heartstone en Islande

Les adultes sont peu présents et lorsqu’ils le sont, ils sont rudes parfois jusqu’à l’hostilité. Ce qui ne fait que renforcer la force narrative du tandem Christian/Thor.

Au fil du temps, on se demande comment le magma de sentiments complexes qui tissent leur toile entre les garçons va finir par jaillir du volcan. On se doute que l’éruption sera terrible.

Si l’homosexualité fait partie des thèmes centraux du film, à mon sens Heartstone : Un été islandais explore davantage la question de la quête de son identité. Comment se construit-on en tant qu’adulte ? Comment prendre conscience de sa propre existence, de sa propre personnalité, identifier ses désirs et ses rêves quand on quitte doucement le monde de l’enfance ?

C’est un film riche, dur et émouvant à la fois.


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