L’homme sans ombre, Joyce Carol Oates : un amnésique sans présent


L’homme sans ombre – Résumé

A l’âge de 37 ans, Elihu Hoopes a contracté une encéphalite, un virus qui a détruit une partie essentielle de son cerveau. Aujourd’hui, le présent se limite pour lui à 70 secondes, au bout desquelles sa mémoire se remet à zéro.

Bien qu’il conserve une mémoire parfaite des événements du passé, il est lourdement handicapé par cette amnésie qui l’empêche de se souvenir des visages, de prendre conscience qu’il vieillit ou de créer de nouveaux souvenirs.

Suivi dans un laboratoire de neuropsychologie par l’éminent professeur Milton Ferris, Eli Hoopes fait la connaissance de Margot Sharpe, alors étudiante. La jeune femme éprouve aussitôt une intense fascination pour « E.H », son patient amnésique, fascination renforcée quand Margot prend conscience qu’Eli dessine souvent la même scène dans ses carnets de croquis.

Une enfant nue, noyée dans l’eau de ce qui ressemble à un marais…


Auteur.
Taille du livre393 pages.
Note – ★★★★☆

L'homme sans ombre, Joyce Carol Oates

L’homme sans ombre – Avis sur le livre

Le roman de Joyce Carol Oates, L’homme sans ombre, publié chez Philippe Rey, m’a tour à tour captivée et dérangée par les nombreux questionnements de nature psychologique qu’il suscite.

Cela aurait pu commencer par une histoire vraie, celle d’un homme brillant et raffiné, militant pour les droits civiques, qui contracte un virus agressif lors d’un séjour aux abords du lac George. Cette encéphalite, qu’il tarde à faire soigner, détruit irrémédiablement des zones clés de son cerveau : celles de la mémoire.

L’homme, Elihu Hoopes, a conservé ses facultés mentales intactes, tout comme sa mémoire du passé… mais il est incapable de se remémorer le présent. Une amnésie antérograde totale, disent les médecins et psychologues qui le suivent. Eli Hoopes ne peut créer aucun nouveau souvenir, ne reconnaît aucune nouvelle tête, n’a plus conscience du temps qui passe et se révèle incapable de faire des projets d’avenir.

Evidemment, un tel cas clinique fascine les chercheurs en neuropsychologie et rapidement, Eli Hoopes devient « E.H », mystérieux patient amnésique suivi au sein du laboratoire du renommé chercheur Milton Ferris. On tient à préserver son identité, « pour le protéger » dit-on (mais plus vraisemblablement pour protéger cet incroyable vivier d’expériences en psychologie cognitive qui garantit à Milton Ferris et à son équipe des publications régulières dans les plus prestigieuses revues scientifiques).

Ferris a pris sous son aile une étudiante prometteuse, Margot Sharpe, et c’est tout naturellement qu’il lui confie la réalisation d’expériences sur Eli Hoopes.

L'homme sans ombre, Joyce Carol Oates

Rapidement, une intense complexité émerge de la situation : la fascination de Margot pour E.H va de pair avec une foule de questionnements éthiques (l’exploite-t-on en lui faisant suivre un programme de tests intensif, alors même qu’il ne se souvient pas les avoir passés ?), scientifiques (possède-t-il d’autres formes de mémoire que ce que laissent croire les apparences, comme une mémoire affective ou sensorielle ?), humains (les liens qui se tissent au fil des expériences sont-ils sains, les ressentis de l’un font-ils écho à ceux de l’autre, les ambitions des chercheurs influencent-elles la relation thérapeutique ?)…

D’autre part, l’esprit aiguisé de Margot Sharpe la chercheuse est stimulé par la perspective de réveiller la mémoire éteinte d’Elihu Hoopes… et de percer l’un des mystères que cache son patient : l’identité de la jeune fille nue qu’il dessine, visiblement morte au fond de l’eau dans ce qui ressemble à un marais…

Est-ce une scène fantasmée, vécue, un lourd secret qui ferait d’E.H. un meurtrier ou un complice ?

Ces intrigues s’entremêlent en un roman dense, lourd sur le plan psychologique car il révèle au fil des pages des failles profondes dans le psychisme de certains personnages, des fissures où se tapissent parfois les pires sentiments. Margot Sharpe vieillit, mûrit, change… et notre regard sur elle évolue également.

L’écriture nous plonge tour à tour dans les ressentis de la thérapeute et dans ceux de son patient, pour un roman sans temps mort !


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