Les huit montagnes, Paolo Cognetti : une amitié tissée entre les sommets


Les huit montagnes – Résumé

Pietro, 11 ans, passe toute l’année en ville mais son père, amoureux de la montagne, réserve chaque été une propriété à Grana, au cœur de l’Italie. Une occasion unique pour lui de transmettre sa passion pour les sommets à son jeune fils…

Sur place, Pietro fait la connaissance de Bruno, un garçon de la montagne qui, malgré son jeune âge, sait déjà mille choses sur les secrets des pierres, des forêts et des alpages. Les deux enfants tissent les premiers liens d’une amitié, en jouant dans l’eau vive et fraîche d’un torrent.

Vingt ans plus tard, alors que Pietro n’est pas retourné à Grana depuis bien longtemps, l’opportunité se présente de revoir les montagnes de son enfance. Une rencontre avec son passé qui éveille bien des souvenirs…


Auteur.
Taille du livre304 pages.
Note – ★★★★☆

Les huit montagnes, Paolo Cognetti

Les huit montagnes – Critique

Dès les premières pages du roman Les huit montagnes, j’ai su que j’allais aimer ce livre. Il s’en dégage tout de suite un profond sentiment d’authenticité, une simplicité saine, factuelle, rassurante. Un décor synonyme de bouffée d’oxygène…

Pietro, le narrateur, est un jeune garçon italien de 11 ans qui vit toute l’année à Milan avec ses parents. Son père, fasciné par les sommets, n’aspire qu’à une chose : passer ses – trop brèves – vacances à la montagne. Alors il réserve une petite propriété à Grana, où il se rend pour l’été avec sa femme et son fils.

Il s’efforce de partager cette passion avec Pietro : c’est un homme qui nous apparaît comme un peu rude, parlant peu, valorisant l’effort et la ténacité… mais aussi comme un homme profondément sensible. Il ne sait pas exprimer ouvertement son amour à son fils mais il le lui montre à travers de petits gestes, une tendresse bourrue que l’on se surprend vite à apprécier à sa juste valeur.

« Mon père avait une façon bien à lui d’aller en montagne. Peu versée dans la méditation, tout en acharnement et en bravade. Il montait sans économiser ses forces, toujours dans une course contre quelqu’un ou quelque chose, et quand le sentier tirait en longueur, il coupait par la ligne la plus verticale.

Avec lui, il était interdit de s’arrêter, interdit de se plaindre de la faim, de la fatigue ou du froid, mais on pouvait chanter une belle chanson, surtout sous l’orage ou en plein brouillard ».

Pietro n’en prend pas conscience mais ce sont des moments de son enfance où il emmagasine des souvenirs qui lui resteront à vie… Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il noue une amitié avec un garçon du village, Bruno, qui a toujours vécu dans la montagne.

Bruno connaît le coin comme sa poche et initie le petit citadin aux secrets que seuls les montagnards connaissent : apprendre à déchiffrer le langage de la nature, trouver ses marques dans cet immense terrain de jeu piqué d’alpages, de torrents, de forêts et de pierraille.

Il y a dans ce paysage une poésie naturelle, que Paolo Cognetti nous fait vivre avec un réalisme tel qu’on a l’impression d’y être.

« La forêt était remplie de ces fosses, tas, ferrailles, que Bruno traduisait pour moi comme autant de signes d’une langue morte. Et en plus de ces signes, il m’apprenait un dialecte qui sonnait plus juste que l’italien à mes oreilles, comme si, en montagne, il me fallait remplacer la langue abstraite des livres par la langue concrète des choses« .

Tout au long du livre, on retrouve ce sentiment de simplicité qui fait beaucoup de bien. L’histoire du roman Les huit montagnes se déroule dans un monde où la surconsommation n’a pas sa place, où l’on attache de l’importance à l’essentiel et où tout semble plus fort : les relations, les lieux, les souvenirs.

« C’est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l’est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu’on peut montrer du doigt. Qu’on peut utiliser. Les choses qu’on ne peut pas utiliser, nous, on ne s’embête pas à leur chercher un nom, parce qu’elles ne servent à rien ».

Les huit montagnes, Paolo Cognetti

Puis Pietro grandit… et perd de vue « sa montagne », comme une métaphore de l’enfance qui s’éloigne et où l’on cherche de nouveaux sommets à conquérir, de nouveaux territoires à explorer. Jusqu’au jour où il a l’opportunité de revenir, vingt ans plus tard.

Le livre de Paolo Cognetti est un très beau roman d’apprentissage. Il nous montre tout ce que l’on peut construire et vivre pendant l’enfance, et à quel point ça sculpte notre vie d’adulte.

Il m’a rappelé cette époque où je jouais dans des dunes et sur des blockhaus… des dunes qui, aujourd’hui, sont devenues des lotissements ou ont été fermées au public par des barrières. Tout change… et pourtant, ces jeux donnent l’impression d’avoir connu la « vraie liberté » d’une enfance loin des écrans, loin de la course au dernier gadget à la mode.

Et puis, il y a dans Les huit montagnes cette dimension de « transmission » : ce que vos parents vous laissent, ce qu’ils vous apprennent (souvent à votre insu !), la force de ce que l’on partage entre amis même lorsque l’on garde l’un envers l’autre une certaine pudeur…

C’est un livre que j’ai profondément apprécié pour sa capacité à « revenir à l’essentiel » et à prendre le temps de la contemplation… Ce sont des valeurs simples qu’il est toujours agréable de retrouver dans un roman !


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