Je m’appelle Asher Lev – Résumé
Asher Lev, jeune juif de Brooklyn, est né dans une famille particulièrement pieuse et impliquée au sein de la communauté ladovérienne. Son père est même l’un des émissaires du Rebbe, chef spirituel de leur communauté.
Mais Asher Lev est aussi né avec un don, irrépressible, incontrôlable, qui l’habite tout entier au point qu’il le distrait en classe quand on essaie de lui enseigner la Torah. Asher dessine et peint, exprime par des esquisses et des portraits toutes les émotions qui se bousculent en lui.
Pour son père, c’est une manifestation du sitra ashra, les Forces du Mal. Pour Asher, une forme d’expression impossible à faire taire. A la clé, un déchirement entre famille et art, entre génie et tradition…
Auteur – Chaïm Potok.
Taille du livre – 400 pages.
Note – ★★★★☆
Je m’appelle Asher Lev – Avis sur le livre
Il vous plonge au cœur d’une communauté juive hassidique pieuse et animée, structurée autour d’un chef spirituel, le Rebbe. L’homme jouit d’un statut prestigieux, considéré comme légataire d’une grâce divine qui fait de lui un homme aussi respecté que craint.
Le père d’Asher, comme son propre père avant lui, est l’un des émissaires du Rebbe, portant sa parole partout où on lui demandera d’aller. Alors, inévitablement, même lorsqu’il n’est encore qu’un tout petit enfant juif, Asher Lev est déjà l’héritier de cette tradition familiale. Il a déjà sur les épaules la mission de devenir un juif observant pieux et sage.
Mais Asher est héritier d’autre chose. Une chose qu’il n’a pas demandé à recevoir et qui pourtant l’habite tout entier : un don pour le dessin puis la peinture. Dès l’enfance, il dessine partout et tout le temps… ce qui inquiète son père et amuse son oncle, sans qu’il ne réalise lui-même ce que tout cela signifie :
– Un vrai Chagall.
Je me retournai sur ma chaise et levai les yeux vers mon oncle.
– Non, je m’appelle Asher Lev.
Ils me regardèrent tous deux, stupéfaits. Mon père avait la bouche entrouverte. Mon oncle riait doucement.
– Et ça n’a que six ans ? Bonne nuit, Asher.
Et puis, Asher Lev grandit. Il se laisse happer par ses obligations qui ne sont pas celles d’un génie de la peinture mais celle d’un petit hassid, un juif pratiquant voué à prendre la suite de son père. Sa mère est malade, son père voyage, le tourbillon de la vie l’entraîne loin de ses dessins…
Je me souviens, la première année que j’allais à l’école, ma mère me demanda un jour pourquoi je ne dessinais plus.
Je haussai les épaules.
— C’est une réponse, Asher ?
— Je n’en ai plus envie, maman.
— Pourquoi n’en as-tu plus envie, Asher ?
— Je ne sais pas.
— Tu dessines vraiment très bien, Asher.
— Je déteste ça. C’est perdre son temps. Ça vient du sitra ashra. Comme Staline.
Elle devint pâle et ne dit plus rien.
Mon père ne me questionna jamais là-dessus. Pour lui, ça n’avait été qu’une maladie de l’enfance, comme la rougeole, les oreillons, l’amygdalite chronique ; une maladie un peu longue qui avait fini par disparaître.
Mais les maladies ne guérissent pas toujours. Parfois, il y a des rechutes, qui ne préviennent pas et que l’on ne peut empêcher. Asher va en faire l’expérience et se retrouver confronté à un véritable déchirement intérieur entre le chemin que sa communauté l’invite à suivre et celui que son don le pousse à emprunter.
Comment être un bon fils et un bon juif hassidique quand on ressent un appel intérieur vers un art que sa communauté considère comme maléfique ? Comment travailler pleinement son don quand cela implique de peindre des nus ou des crucifixions que sa religion réprime ? Comment concilier ses aspirations morales et ses aspirations esthétiques ?
Dans Je m’appelle Asher Lev, ces dilemmes prennent vie sous la plume fine et expressive de Chaïm Potok. Il dépeint avec réalisme et talent la vie d’une communauté et avec elle, celle d’un quartier, qui place sur la route d’Asher Lev des rencontres structurantes.
Celle avec Yudel Krinsky, qui a connu l’enfer de la Sibérie sous Staline et tient désormais une papeterie à Brooklyn, où pinceaux, toiles et tubes de peinture dansent sous le regard envieux d’Asher. Ou encore celle avec Jacob Kahn, célèbre peintre qui pressent tout le génie du jeune homme mais lui enseigne aussi que le génie n’est rien sans travail.
Pour apprendre à faire une chose, il faut d’abord avoir un violent désir de la faire. Il faut ensuite consulter tous ceux qui ont eu ce même désir, étudier leur style, leurs moyens, tirer des leçons de leurs réussites et de leurs échecs, et ajouter à cela sa propre vision. L’expérience de la race est riche d’enseignements. Et grâce à la connaissance technique, il est possible de progresser et d’exprimer, à travers le jeu des formes, la musique qui vous est toute personnelle.
Chaïm Potok vous entraîne de la première à la dernière page dans une intrigue profonde, humainement et spirituellement, dont on ressort plus riche.
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