Je suis à l’Est – Résumé
Josef Schovanec, fils d’immigrés tchèques, est né en région parisienne en 1981.
Il a été diagnostiqué autiste Asperger : en d’autres termes, il connaît les mêmes difficultés que d’autres autistes en matière d’interactions sociales mais ses capacités intellectuelles sont préservées.
Brillant étudiant, il est diplômé de Sciences Po et docteur en philosophie et donne aujourd’hui des conférences sur l’autisme dans le monde entier.
Ce livre est son témoignage, il retrace à la fois son parcours et sa vision de l’autisme.
Auteur – Josef Schovanec.
Taille du livre – 256 pages.
Note – ★★★☆☆
Je suis à l’Est : critique
C’est un livre dont l’accroche m’a dérangée au premier abord, l’éditeur ayant écrit : « Savant et autiste, un témoignage unique ». Les voies du marketing sont impénétrables mais qualifier quelqu’un de « savant » dans ce contexte me fait toujours penser au « singe savant » des foires : un singe à qui l’on avait appris des tours de passe-passe et que l’on exhibait devant les foules. C’est un peu comme les calculateurs prodiges invités à résoudre des opérations complexes en direct à la télé, les surdoués présentés comme des bêtes de concours, etc.
Ce petit aparté étant fait, Josef Schovanec lui-même est loin de se présenter comme un « savant » même si l’on devine qu’il parle de nombreuses langues et s’intéresse à certains sujets pointus.
Josef Schovanec partage de nombreuses anecdotes qui permettent de comprendre un peu mieux comment une personne avec autisme réagit dans des situations sociales. On se rend compte que parfois, nous savons instinctivement comment réagir là où un autiste n’a pas du tout cet « instinct » : par exemple, quand on salue quelqu’un, on sait spontanément s’il faut lui serrer la main, lui faire la bise, le tutoyer ou le vouvoyer selon son âge, son niveau hiérarchique, la relation qu’on a avec lui.
A l’inverse, pour un autiste, c’est comme si ce « mode d’emploi » n’avait pas été livré donc les questions sont nombreuses : quand on dit « arriver à l’heure », ça signifie qu’il faut être à 8h et 0 seconde devant la porte… ou bien qu’il faut arriver en avance ? Quel matériel faut-il prévoir pour anticiper TOUTES les situations susceptibles de se produire (du simple stylo au compteur Geiger, au cas où il y aurait des rayonnements dangereux dans l’air) ?
A travers des exemples comme celui-là, Josef Schovanec nous entraîne avec humour et intelligence dans son quotidien. Il nous montre bien à quel point tout ceci est source d’angoisse et de questionnements. La personne autiste gère très mal l’imprévu donc elle déploie des efforts considérables pour planifier tous les scénarios. J’ai aimé cette sincérité qui nous permet, le temps d’un livre, d’approcher l’autisme « de l’intérieur ».
Josef Schovanec évoque aussi la prise en charge de l’autisme d’une manière glaçante : bourré de médicaments, suivi par un psychanalyste, diagnostiqué de mille façons jusqu’à ce qu’on le reconnaisse « autiste »… On mesure toute la souffrance que cela représente, pour lui mais sans doute aussi pour ses proches.
C’est un livre très touchant, qui bien sûr ne reflète pas à lui seul toute la diversité de l’autisme (et n’a pas la prétention de le faire). J’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs, d’où ma note. J’ai aussi regretté que ne soit pas abordée la question de la vie affective. Malgré tout, on y apprend beaucoup (à commencer par la tolérance) et certaines réflexions sont criantes de vérité. Je vous laisse sur celle-ci :
A l’école, quand on veut blâmer un enfant, on lui dit : « Ne fais pas l’intéressant ! » Alors que l’objectif de toute vie artistique, professionnelle, voire de toute vie humaine, est précisément d’être intéressant.
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