Jusqu’à la garde – Résumé
Dans le cabinet d’un juge, Antoine et Miriam, en instance de divorce, doivent se mettre d’accord quant aux modalités de garde de leurs enfants. Miriam a quitté le domicile conjugal, victime de la violence de son mari. Joséphine, sa fille aînée, bientôt majeure, a exprimé le souhait de ne pas revoir son père, une demande que la justice peut aisément prendre en compte étant donné qu’elle est presque adulte au regard de la loi.
En revanche, pour le petit Julien, 10 ans, la situation est plus complexe. L’enfant a lui aussi déclaré très ouvertement qu’il ne souhaitait plus avoir de contacts avec Antoine mais la justice doit entendre ses deux parents car il n’est pas en âge de décider pour lui-même.
Et dès lors qu’Antoine obtient la garde partielle de Julien, on découvre le vrai visage de chacun… et l’enfant se retrouve pris au piège d’un conflit d’adultes.
Réalisateur – Xavier Legrand.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★☆☆
Jusqu’à la garde – Critique
C’est l’histoire d’un divorce conflictuel. Miriam (Léa Drucker) et Antoine (Denis Ménochet) ont eu ensemble deux enfants, Joséphine (Mathilde Auneveux) et Julien (Thomas Gioria). Mais leur relation a pris fin abruptement, Miriam accusant Antoine de se montrer violent et de l’avoir été avec leur fille aînée. Elle a trouvé refuge chez ses parents.
La longue scène d’introduction du film (plus d’un quart d’heure !) place Antoine et Miriam face au juge, qui doit les entendre pour arbitrer la garde des enfants. Si Joséphine, presque majeure, n’entre pas réellement dans l’équation (et a exprimé la volonté de ne pas revoir son père), il n’en va pas de même pour Julien.
Cette longue introduction nous laisse pensifs : la situation est-elle ce que l’on nous montre ? Miriam dramatise-t-elle la violence d’Antoine pour s’assurer d’obtenir la garde des enfants ? Antoine peut-il être un bon père tout en étant un mauvais mari ? Les ressentiments (qui paraissent presque inévitables lors d’un divorce) nuisent-ils à l’interprétation de la situation ?
Bien que Julien ait souhaité ne pas avoir de contacts avec son père, la justice accorde tout de même à Antoine un droit de garde partiel lui permettant d’accueillir son enfant un week-end sur deux.
On entre alors dans une tension d’une autre dimension, car le petit Julien se retrouve au cœur des conflits parentaux. « Œil pour œil, dent pour dent », les adultes ne se font aucun cadeau ce qui transforme la moindre situation en discorde, la moindre conversation en décharge électrique.
Au départ, on se dit que c’est hélas le lot de beaucoup de divorces, en particulier en l’absence de consentement mutuel. Les enfants apprennent à jouer les caméléons, à mentir pour protéger les uns ou les autres, conscients que c’est aussi une manière de se sauver eux-mêmes du poids des conflits.
Ce n’est pas leur rôle. Ce n’est pas une charge qu’ils devraient porter. Mais ils la portent, pourtant, et Thomas Gioria livre une interprétation extrêmement mature et convaincante de la souffrance de Julien, tiraillé entre son impuissance de petit garçon et le rôle qu’il se retrouve à assumer malgré lui, la mission de protéger sa mère.
Ce sentiment d’étouffement que l’on ressent est accentué par la manière de filmer :
- Des scènes répétées à l’identique, très simples dans leur construction mais très expressives, comme la vision de la camionnette du père stationnée devant la maison de Julien, qui donne quelques coups de klaxon.
- Des lieux confinés, comme l’habitacle de la voiture, qui ne font que renforcer la sensation d’un monde fermé sans échappatoire.
Mais Jusqu’à la garde de Xavier Legrand n’est pas juste une histoire de divorce, de colère. C’est aussi une grande histoire d’impuissance. Chaque apparition d’Antoine suscite un profond malaise car on sent poindre une violence contenue chez lui, qui s’échappe parfois dans des paroles terrifiantes ou des gestes brusques.
L’homme est une bombe à retardement… et les bombes menacent toujours d’exploser. Miriam semble l’avoir compris mais qui l’écoute ?
Vous connaissez sûrement le proverbe « il n’y a pire eau que l’eau qui dort ». Se méfier du calme, des silences. Xavier Legrand nous le rappelle tout au long du film, en cassant parfois le rythme : une scène, dans les toilettes d’un lycée, qui s’étire… Un repas qui dégénère brutalement dans des proportions inattendues… Un anniversaire long, long, long, où le bruit de la fête fait écho au silence assourdissant de l’extérieur.
C’est dur, d’un bout à l’autre, car on sent que c’est malheureusement une réalité vécue par certains couples, à l’heure même où l’on regarde, à l’heure même où l’on écrit sur ce qui est pourtant une fiction. Il y a trop de vérité derrière pour que l’on en sorte indemne.
C’est un film que j’ai eu du mal à juger car la longueur de certaines scènes m’a déroutée… mais je sais reconnaître que c’est un film fort et bouleversant, je ne peux donc que vous conseiller de le voir.
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