La chambre des dupes – Résumé
A la cour de Louis XV, à Versailles, le Roi est au désespoir car sa maîtresse, Pauline de Mailly-Nesle, marquise de Vintimille, se meurt.
La vie est courte, c’est une époque où on le sait… alors le Roi, remis de son deuil, se laisse prendre au charme de la plus jeune soeur de la marquise, Marie-Anne, marquise de la Tournelle.
Les soeurs ont mauvaise réputation, l’adultère étant condamné par l’Église… mais que faire contre les désirs du Roi ? Peu à peu, Marie-Anne étend son influence à la cour et convainc Louis XV de s’impliquer dans la guerre de Succession d’Autriche. Mais une fois à Metz avec son armée, le Roi tombe gravement malade…
Auteur – Camille Pascal.
Taille du livre – 418 pages.
Note – ★★★★☆
La chambre des dupes – Avis sur le livre
La chambre des dupes retrace un épisode très particulier de l’histoire de France : la naissance d’un scandale, fruit d’une collision entre la religion et les désirs du Roi.
Pour comprendre son origine, il faut rappeler quelques bribes de l’histoire de Louis XV.
Il a reçu le Trône en héritage à l’âge de 5 ans, de son arrière-grand-père Louis XIV. Couronné à 12 ans, il ne prend officiellement la pleine responsabilité de ses fonctions qu’à partir de ses 15 ans. Le jeune roi a la santé fragile alors, très tôt, on lui cherche une épouse afin qu’il ait des héritiers.
On le fiance à Marie-Anne-Victoire d’Espagne, qui n’a que 3 ans… puis on décide que ce sera trop long d’attendre qu’elle soit en âge de porter des enfants et on marie le roi à la polonaise Marie Leszczyńska. Le début de leur union est heureux, tout comme les premières années de règne où le jeune roi est secondé par le cardinal de Fleury, son mentor.
Mais à la mort de Fleury, les choses se compliquent. La passion du Roi pour sa femme s’est étiolée, il regrette notamment qu’elle ne lui ait donné que deux héritiers masculins sur dix grossesses, dont seulement un a survécu. Il commence à prendre des maîtresses, notamment au sein de la maison de Mailly : la comtesse de Mailly, d’abord, puis sa soeur plus jeune, la comtesse de Vintimille.
C’est au moment où la comtesse de Vintimille se meurt que débute le récit de Camille Pascal. Il nous entraîne dans le désespoir du roi puis dans la manière dont celui-ci va noyer son chagrin en s’intéressant peu à peu à la jeune soeur de la comtesse de Vintimille, Marie-Anne de Mailly-Nesle.
A Versailles, rien n’est parfaitement anodin ni parfaitement coïncidentiel. Les rencontres, comme les alliances, sont souvent le fruit de mouvements politiques et stratégiques pour gagner (ou conserver) la faveur du Roi et sauver ses propres intérêts, quand ce n’est pas sa tête !
« La vie de Cour exigeait une santé de crocheteur et une parfaite indifférence à tout ce qui n’était pas la volonté du roi. Lui seul décidait du jour ou de la nuit, du réveil ou du sommeil, de la joie ou de la tristesse. Le reste n’existait pas et, en réalité, n’avait été créé par Dieu que pour les gens du commun, mais, dans ce pays-ci, les lois de la nature, si elles n’étaient pas suivies par le Roi, n’en étaient pas ».
Et à l’époque comme aujourd’hui, le sexe fait souvent tourner les têtes, toutes couronnées soient-elles. Poussé à partir en guerre par sa maîtresse, le Roi se rend à Metz où il tombe gravement malade. Aux portes de la mort, il se voit obligé de confesser tous ses péchés pour recevoir l’absolution. L’adultère, condamné par l’église, donne alors de lui une image déplorable jugée incompatible avec son statut de « Roi-Très-Chrétien ».
La relation – tragique à certains égards – entre Louis XV et sa favorite a eu un réel impact sur le pouvoir et l’entourage du Roi. Toute-puissante à Versailles pendant la période de sa faveur, Marie-Anne de Mailly-Nesle a exercé une influence non dépourvue de conséquences ! A fortiori dans un Versailles où, comme l’écrit l’auteur, « les rumeurs courent plus vite que les rats de cuisine ».
Pour livrer ce récit passionnant, Camille Pascal s’est beaucoup documenté si bien que les faits et les propos tenus sont aussi proches que possible de ce qu’ils ont dû être à l’époque.
Et à travers le roman, on découvre donc tous les rituels de Versailles, notamment ceux du soir : les jeux, le grand coucher et le petit coucher du Roi, la « petite visite » – celle du plaisir, la présence constante de quelqu’un aux côtés du roi, que ce soit le premier gentilhomme de la chambre du roi, le premier valet de chambre qui dort avec le poignet relié à celui du roi afin de pouvoir être réveillé au moindre sursaut de celui-ci…
On plonge aussi dans les croyances médicales de l’époque, une médecine qui croit beaucoup à l’influence des humeurs, de « mauvaises substances » qui s’accumuleraient dans le corps – notamment quand l’esprit est troublé ! – et provoqueraient des maladies. Les femmes en particulier sont jugées de complexion plus faible que les hommes, donc plus sujettes à ce genre de maux.
« Le docteur Vernage, apppelé à son chevet, la gronda de son indiscipline et lui rappela que la complexion des femmes n’était pas de nature à supporter les inquiétudes de la politique, et encore moins le fardeau des affaires de l’État, surtout lorsqu’elles étaient indisposées. Il lui ordonna de rester couchée jusqu’à nouvel ordre et prescrivit une franche saignée pour aider à l’évacuation de ces vapeurs qui lui montaient à la tête et provoquaient maintenant la fièvre ».
On ressent enfin, tout au long du livre, la puissance de la « naissance » qui accorde parfois protections et privilèges, et l’instabilité des relations où l’on peut, au gré d’un retournement d’alliance, se retrouver chassé du jour au lendemain.
Louis XV a, comme certains de ses prédécesseurs, eu son lot de maîtresses (la plus célèbre restera sans doute Madame de Pompadour)… mais, si habituelle soit cette situation à la cour, elle n’en demeure pas moins captivante à explorer et La chambre des dupes offre à cet égard une belle plongée dans un épisode de l’histoire de France riche en rebondissements !
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