La couleur des sentiments - Résumé
Jackson, Mississippi, 1962.
Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques.
Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s'occuper des enfants mais pas d'utiliser les toilettes de la maison.
Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s'apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même.
Grand prix des lectrices de Elle 2011 et prix des lycéennes de Elle 2011.
Auteur - Kathryn Stockett.
Taille du livre - 624 pages.
Note - ★★★★★
La couleur des sentiments - Critique
Ce roman exceptionnel, qui suscite une palette d'émotions aussi intenses que variées : on est tour à tour révoltés, touchés, amusés, écœurés... Les personnages ont du corps et du cœur, de vraies personnalités auxquelles on s'attache. L'intrigue ne laisse aucun temps mort. Et le message de fond est riche et intemporel.
Dans ce roman, trois personnages prennent la parole tour à tour : la jeune journaliste blanche Skeeter Phelan, sous l'emprise d'une mère tyrannique ; la bonne noire Abileen qui cultive un goût profond pour l'écriture ; et Minnie Jackson, une autre domestique noire qui n'a pas sa langue dans sa poche.
Trois femmes, trois histoires qui se rejoignent autour d'un même projet : écrire un livre pour répondre à une question polémique, taboue et inexplorée par les auteurs des années 60 : que ressent-on en tant que Noire lorsque l'on travaille au service des Blancs ? Que l'on élève leurs enfants avec une implication supérieure à la leur, tout en ayant l'interdiction formelle de manger à la même table, de vivre dans les mêmes quartiers, de fréquenter les mêmes magasins ?
Cette ségrégation inscrite dans les lois, dans l'éducation des enfants, dans les peurs collectives des Blancs qui craignaient "les maladies des Noirs", révolte... et l'engagement de ceux qui ont permis d'y mettre fin suscite le respect. Quelle force a-t-il fallu à tout un groupe ethnique pour affronter ces inégalités quotidiennes, cette incertitude du lendemain permanente ! Quelle force a-t-il fallu aux Blancs qui se sont battus aux côtés des Noirs, contre la société en place, les préjugés, la justice et le passé, pour avancer vers plus d'égalité !
Kathryn Stockett ne signe pas ici un roman historique. Presque aucune date, peu de références au Ku Klux Klan et à Martin Luther King. Néanmoins, avec humilité, elle nous fait prendre toute la mesure des obstacles rencontrés par ses protagonistes tout en mettant en valeur ce qu'il y a de beau dans l'être humain : la reconnaissance de certains employeurs envers leurs domestiques, l'amour porté par les enfants à ces bonnes qui prennent soin d'eux, l'énergie que peut donner une intime conviction, le courage de ces femmes dans une société qui les rejette.
La couleur des sentiments est un roman magnifique et incontournable.
Les commentaires du blog sont actuellement fermés.
Je suis en 1ère L et ces derniers temps, j’ai constaté que beaucoup de gens de 1ère S lisaient « La couleur des sentiments » (un professeur leur avait donné une dissertation). Je me souviens avoir vu le film en 4ème mais je ne me rappelais plus du détail, à l’exception de la Chose Abominable Épouvantable – inoubliable. Et puis je me suis souvenue que ma mère l’avait acheté il y a quelques temps, alors je me suis plongée dans la lecture à mon tour.
Je n’ai pas pu décrocher. Certains éléments me revenaient au fur et à mesure mais cela n’a rien gâché à ma lecture. Je trouve que « La couleur des sentiments » est un très bon roman, bien écrit et accessible grâce à son ton un peu oral et au point de vue interne, qui a facilité l’identification avec les narratrices. J’adore également le personnage de Celia Foote, je la trouve à la fois amusante, touchante et complexe ; ça fait du bien de voir que l’auteure n’a pas mit de côté les personnages secondaires pour développer ses personnages principaux, ça donne une véritable profondeur au récit.
Miss Hilly, j’avais envie de l’étrangler. Je n’avais pas eu à ce point envie d’étrangler un personnage depuis Dolores Ombrage. Et ça c’est bien, parce que les « antagonistes » qui me laissent de marbre, ça peut plomber ma lecture.
La relation entre Aibileen et Mae Mobley est adorable et est celle que j’ai préférée dans tout le roman – autant dire que la fin m’a donnée envie de pleurer. J’ai refermé le livre hier soir, à la fois frustrée et heureuse : heureuse pour le nouveau destin d’Aibileen (ainsi que de Skeeter et même de Minny), mais frustrée par l’injustice qu’elle a subit. Et en même temps, comme elle le fait si bien remarquer, elle n’est pas la plus malheureuse dans l’histoire : Miss Leefolt, Miss Hilly et même Mae Mobley sont bien plus à plaindre. Ça laisse un goût amer dans la bouche mêlé d’une certaine satisfaction.
Peut-être que ce que j’ai moins aimé dans le roman a été la relation entre Skeeter et Stuart. Qu’on se le dise : je ne suis pas fan des histoires d’amour et leur séparation ne m’a pas spécialement touchée (déjà parce que je n’aime pas trop stuart, et aussi parce que la réaction de Skeeter m’a un peu énervée – c’était très fleur bleue). Mais en même temps, et c’est pourquoi je ne blâme pas cette romance éphémère, elle a apporté quelque chose à son personnage sur le long terme. Elle le dit : si elle n’avait pas écrit ce livre, elle aurait été heureuse mais frustrée (comme moi à la fin du livre). Entourée d’amies hypocrites qui maltraitent leur bonne ou leur enfant (*tousse* Miss Hilly et Miss Leefolt *tousse*), mariée à un homme qui la connais à peine et ne l’aime que quand elle lui convient (cheveux courts, vêtements plus amples…), coincée dans le Mississippi avec sa mère mourante et son père, à écrire pour La Lettre en laissant passer l’occasion de travailler à New York… Cela renforce mon impression que rien n’a été mis au hasard.
Ce que tu as écrit à la fin de ton article est exactement ce que j’ai ressentit à la fin de ma lecture. Le message que fait passer l’auteure est louable et ce que j’apprécie encore plus, c’est le fait que les blanches, en dehors de Skeeter, ne soient pas toutes des saletés de première (je pense surtout à Celia Foote mais aussi à Allée des Curiosités Anne – il me semble que c’est son nom ?) Ce que j’apprécie le plus dans les romans, en général, ce sont les personnages : pour le coup, je n’ai pas été déçue.
Bon, je termine mon énooorme commentaire en disant que oui, j’ai adoré « La couleur des sentiments » et que je le recommande à n’importe qui !
Merci d’avoir pris le temps de laisser un si long commentaire, « à chaud » qui plus est :) Allée des Curiosités Anne Templeton est, je trouve, un vrai symbole du rôle que jouaient parfois les « bonnes » dans ces familles : mises au ban en public (d’ailleurs, quand on nous présente Allée des Curiosités Anne, elle-même a tendance à approuver tout ce que dit Miss Hilly comme si elle adhérait à ses idées) mais ayant parfois un rôle aussi essentiel qu’un membre de la famille à part entière. Si je me souviens bien, Allée des Curiosités Anne est dépressive et c’est grâce à sa bonne, Allée des Curiositésvenia, qu’elle arrive encore à se lever.
Je partage totalement ton sentiment concernant le talent avec lequel les personnages sont traités dans ce roman.