Là où chantent les écrevisses – Résumé
Kya ne sait pas exactement quand elle est née. Elle ne sait pas non plus pourquoi, un jour, sa mère puis ses frères et sœurs ont pris la poudre d’escampette. Pourquoi son père a fini par faire de même.
Mais elle est restée seule, petite fille isolée au milieu de l’enchevêtrement de canaux du marais de Barkley Cove. Un labyrinthe où elle se sent chez elle. Mais comment se débrouiller sans parents et sans argent quand on a seulement 10 ans ?
Comment devenir femme et comprendre le monde quand on ne fréquente pas l’école et que les habitants du village voisin vous surnomment avec dédain « la Fille du Marais », vous considérant comme une vermine crasseuse et inculte ?
Auteur – Delia Owens.
Taille du livre – 480 pages.
Note – ★★★★★
Là où chantent les écrevisses – Avis sur le livre
Elle aurait pu naître en mille endroits plus favorables… mais le destin l’a placée dans un foyer désargenté, dans la Caroline du Nord des années 1940. Elle y partage une cabane au confort rudimentaire avec ses parents et ses quatre frères et sœurs, tous plus âgés qu’elle.
L’alcool, la violence, la pauvreté comptent au rang de ce que la petite fille vit au quotidien… mais autour d’elle, il y a aussi le marais. Le grand marais, qui forme comme un cocon protecteur dont elle connaît les secrets, les bruits, les odeurs, les habitudes. Un peu comme s’il s’agissait d’un être humain à part entière, capable de veiller sur elle et de la protéger.
Alors, quand sa famille se disperse peu à peu dans la nature, fuyant vers d’autres espoirs ou vers une vie meilleure, Kya décide de continuer à vivre, seule, dans sa cabane. Déscolarisée, isolée, la petite fille exprime une personnalité aussi forte que sauvage, aussi méfiante que curieuse.
Pour les gens du village, elle est « la Fille des Marais », un sobriquet que l’on prononce avec un certain dégoût. On la dit sale, analphabète, inadaptée au monde « normal »… Mais qui est vraiment Kya, entre l’image que l’on a d’elle, alimentée par la peur de l’inconnu, et la réalité ?
Delia Owens ne se contente pas de retracer cette histoire déjà touchante et captivante, elle y ajoute une autre dimension, une tragédie qui ouvre le roman avec fracas.
« Le matin du 30 octobre 1969, le corps de Chase Andrews fut retrouvé dans le marécage, qui, sans surprise, l’aurait englouti en silence. Le faisant disparaître à tout jamais. Un marécage n’ignore rien de la mort, et ne la considère pas nécessairement comme une tragédie, en tout cas, pas comme un péché. Mais ce matin-là, deux garçons de la petite ville pédalèrent jusqu’à la vieille tour de guet et, en arrivant au troisième palier, repérèrent en contrebas son blouson en jean ».
Alors nous voici confrontés à une autre question : comment est mort Chase Andrews… et en quoi son histoire rejoint-elle celle de Kya, en-dehors de ce marais qui a vu grandir l’une et mourir l’autre ?
Kya est de ces héroïnes à qui l’on s’attache. Parce qu’elle se bat, parce qu’elle respecte et étudie avec minutie le monde autour d’elle, l’acceptant tel qu’il se présente avec sa beauté mais aussi son insupportable rudesse, parfois.
On la suit dans un décor où Delia Owen nous projette avec des images fortes : l’entrelacs de canaux, la boue noire, les innombrables oiseaux qui peuplent le marais, dont on croit presque entendre les cris si l’on a l’imagination un tant soit peu fertile…
Et puis, les gens, bien sûr. Ceux dont on se méfie et ceux à qui l’on fait confiance, ceux qui nourrissent des préjugés et ceux qui les dépassent. L’histoire se déroule à une époque où l’on sépare encore les Noirs des Blancs, les femmes des hommes, les pauvres des riches, ceux qui ont la foi et les autres…
C’est une société inégalitaire, qui fait naître de l’entraide autant qu’elle creuse des fossés.
Alors on a envie, nous aussi, d’aller « là où chantent les écrevisses ». Parce qu’on sent que l’on touche du doigt une forme de vérité, sous une intrigue au demeurant passionnante. Un roman à ne pas rater !
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