La vraie vie – Résumé
Elle vit dans un lotissement grisâtre, dont toutes les maisons se ressemblent. Elle a un petit frère, Gilles, qu’elle voudrait protéger de tout. Son père chasse et braconne, il garde même ses trophées dans une pièce qu’elle surnomme la « chambre des cadavres ». Sa mère s’est effacée au point de devenir transparente.
Et un jour, un jour qui ressemblait à tous les autres, c’est le drame. Ils sont témoins d’un violent accident qui marque à jamais leur vie.
Gilles cesse de rire. Il semble développer une fascination pour la mort tandis qu’elle essaie de trouver une solution pour lui redonner sa joie de vivre et son insouciance. N’importe quelle solution. Mue par l’espoir fou que tout puisse s’effacer et que la vie – même imparfaite – qu’elle menait avec sa famille avant l’accident puisse reprendre son cours.
Auteur – Adeline Dieudonné.
Taille du livre – 265 pages.
Note – ★★★☆☆
Avis sur le roman « La vraie vie » d’Adeline Dieudonné
Gilles et sa sœur sont nés dans un lotissement sans âme et sans charme. Leur père nourrit des goûts qui ne font pas bon ménage : le whisky, la télévision et la chasse. Une chasse avide, elle aussi sans âme et sans charme : il est prêt à aller au bout du monde pour braconner, ramener une défense d’éléphant ou une hyène qu’il fait ensuite empailler.
Gilles et sa sœur craignent d’ailleurs la pièce où il range ses trophées, dont les animaux morts semblent animés d’intentions malfaisantes. Une « chambre aux cadavres » qui n’est pourtant pas le pire élément de cette maison.
Le père peut devenir violent. Quand il a bu, quand quelque chose lui déplaît – ce qui arrive régulièrement. Alors, c’est la mère qui prend. Elle aime ses enfants mais elle n’a pas pu fuir, elle n’a pas pu échapper à cet homme alors elle s’est effacée au fil du temps, se faisant invisible.
Gilles et sa sœur s’élèvent plus ou moins seuls, allant jouer dans la casse automobile voisine, où ils s’inventent des jeux et des histoires jusqu’à ce que le propriétaire de l’endroit vienne les déloger.
Et puis, un jour, l’un des seuls rituels heureux de leur enfance se mue en cauchemar quand survient un grave accident dont ils sont témoins. Ne pouvant compter sur le réconfort de leurs parents, ils évacuent le traumatisme à leur manière : Gilles plonge dans le mutisme et semble peu à peu glisser vers une fascination pour la mort et la souffrance… tandis qu’elle se raccroche à l’idée qu’il est possible de revenir en arrière, de tout effacer, de retrouver son petit frère tel qu’il était avant.
C’est cette idée même qui donne au livre une dimension tragique. En tant qu’adulte, on comprend que la fillette de 11 ans se berce d’illusions, qu’elle va forcément être déçue en réalisant un jour que dans la vie, rien ne s’efface. Sa détermination à trouver une solution pour gommer le drame n’en est que plus déchirante.
J’ai trouvé qu’il se dégageait de ce livre une grande sensation d’abandon : les lieux décrits ne respirent aucune joie de vivre, on ne croise que peu d’habitants et ceux qui se manifestent ont pour la plupart quelque chose de dérangeant ou déplaisant. Les quelques ilots de bienveillance qui pourraient exister, à l’instar d’une voisine affectueuse, finissent par occasionner des déceptions.
Il n’y a pas d’amour, pas de chaleur et chacun paraît finalement très seul dans le destin qui est le sien.
J’ai lu très vite le roman d’Adeline Dieudonné et ai eu beaucoup de facilité à me plonger dans l’histoire. Mais c’est finalement cette dimension un peu « froide » qui me pousse à en garder un sentiment mitigé.
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