Le jardin secret (2020), le film familial de Marc Munden


Le jardin secret – Résumé

Mary Lennox a grandi en Inde. A la mort de ses parents, la petite fille revêche, à l’imagination fertile, est envoyée chez son oncle Archibald Craven en Angleterre.

Il vit reclus dans un manoir isolé, sur une lande brumeuse, depuis la mort prématurée de sa femme.

Peu après son arrivée dans la maison, Mary est réveillée une nuit par ce qui semble être des cris… et découvre l’existence d’un jardin qui paraît accessible seulement au prix d’une escalade périlleuse pour enjamber les hauts murs qui le bordent.


RéalisateurMarc Munden.
Durée du film minutes.
Note – ★★☆☆☆

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Le jardin secret, Marc Munden

Le jardin secret – Critique

Le film Le jardin secret sorti en 2020 livre une nouvelle interprétation à l’écran du célèbre roman de Frances Hodgson Burnett, qui avait déjà fait l’objet d’un film réalisé par Agnieszka Holland. Cette fois-ci, c’est Marc Munden qui donne vie à une jeune héroïne, Mary Lennox (Dixie Egerickx).

Mary a grandi en Inde avec ses parents, dans une somptueuse demeure, entourée de domestiques. Une opulence cachant cependant une réalité douloureuse : sa mère ne lui a jamais témoigné la moindre affection, se comportant avec elle comme si elle n’était rien de plus qu’un vulgaire insecte gênant.

Alors elle est devenue une enfant revêche, exigeante, peu émotive et peu affectueuse. Le genre de personnage auquel on a, naturellement du mal à s’attacher !

A la mort brutale de ses parents, Mary est encore une petite fille. On la confie donc aux bons soins du seul parent qui lui reste, son oncle Archibald Craven (Colin Firth). Lui non plus n’a pas le profil du tuteur idéal : il vit complètement replié sur lui-même depuis le décès de sa femme, on le dit difforme et il ne veut pas voir Mary. Il délègue aussitôt tout ce qui la concerne à la gouvernante, l’austère Mme Medlock (Julie Walters), qui informe Mary qu’il est hors de question qu’elle circule librement dans la maison.

Le manoir de Misselthwaite, justement, est une vaste demeure un peu sinistre, noyée dans la brume d’une lande qui semble rarement voir percer les rayons du soleil… Et pour ne rien arranger, lorsque la nuit a englouti la lumière, Mary croit entendre des cris, ou peut-être des pleurs, dans l’immensité de la maison.

Un décor dur, des héros d’un abord peu amène, voilà qui n’inspire guère de sentiments positifs. C’est tout le but de l’histoire imaginée par Frances Hodgson Burnett : ou comment Mary va découvrir un jardin très particulier. Capable, qui sait, de faire refleurir le coeur de tous ceux qui ont laissé faner leurs sentiments ?

Le jardin secret, Marc Munden

Le jardin secret a été l’un des romans préférés de mon enfance et, l’ayant relu à l’âge adulte, je lui trouve toujours le même charme : la description d’une nature luxuriante qui s’éveille à la vie, entraînant avec elle des personnages malmenés par l’existence…

Le jardin apparaît comme un havre de paix loin de l’agitation du monde, on lui prête un pouvoir mystérieux et des vertus « magiques »… un terme que Marc Munden a choisi d’interpréter au sens premier du terme, sortant d’une approche 100% réaliste pour glisser quelques notes de magie et d’effets spéciaux.

J’ai regretté ce choix car à mon sens, ce qui fait la force de l’histoire est justement la brutale réalité de cette lande sinistre, de ce manoir sinistre, de ces êtres dénués de sentiments qui cohabitent… par opposition à un jardin sauvage, que l’on voit peu à peu renaître à la sortie de l’hiver. Ce miracle de la nature est une magie suffisante pour souligner la beauté des émotions.

Marc Munden choisit ensuite un personnage inattendu pour faire sortir Mary de l’anesthésie émotionnelle dans laquelle elle est plongée : un chien, un brin sauvage, un brin méfiant, bon miroir de la petite fille qui, elle aussi, a besoin de se laisser apprivoiser.

Un choix intéressant mais qui, de fait, a tendance à « monopoliser » l’histoire. Chaque matin, Mary sort du manoir avec un sandwich en poche, expédiée à l’extérieur jusqu’en fin d’après-midi par une Mme Medlock bien contente de s’en débarrasser. On a l’impression que sa seule motivation est alors d’aller retrouver ce chien.

Cela fait perdre au « jardin secret » son rôle de premier plan. Il ne devient qu’un décor, celui des retrouvailles avec le chien (qui, au demeurant, est pour moi l’un des meilleurs acteurs du film !).

Alors que dans le roman, le jardin est un personnage à part entière. Il ne se découvre pas tout de suite. Il est un peu sauvage, enserré entre de hauts murs. Il est d’abord aussi mort que le reste car la saison froide n’est pas terminée… Peu à peu, Mary va découvrir le plaisir du contact avec la nature, le plaisir de voir le printemps réveiller les fleurs.

Dans le film, rien de tout ça, hormis une brève scène où l’on voit Dickon (Amir Wilson), un gamin du coin, enlever un peu de bois mort du jardin. C’est dommage, car on simplifie à l’extrême une histoire qui mettait à l’honneur des activités saines : jouer dehors, découvrir la nature, le plaisir simple de faire pousser quelque chose…

De même, Dickon et sa soeur Martha (Isis Davis), qui sert dans le manoir de Misselthwaite, sont assez peu exploités à l’écran. Ce sont vraiment des « personnages secondaires » au sens premier du mot alors que dans le roman, ils contribuent directement à l’éveil affectif de Mary, en lui montrant ce que représente une famille aimante.

Par ailleurs, ils sont normalement censés incarner l’idée que l’on peut être pauvre mais infiniment plus riche qu’une famille riche. Dans le roman, ils incarnent une famille ayant souvent du mal à joindre les deux bouts mais profondément animée par la bienveillance et l’amour.

Ici, on a déplacé l’histoire dans une autre époque – quittant l’ère édouardienne (début du 20e siècle) au profit de l’année 1947… et ce faisant, on a occulté ce côté « classe ouvrière » de Dickon et Martha, choisissant à la place des acteurs métis que l’on cantonne à un rôle de service, à la merci des riches propriétaires blancs qui peuvent les virer à tout moment.

Quand on sait qu’à cette époque, dans la vraie vie, on ne comptait que 20000 « non-Blancs » dans tout le Royaume-Uni, j’ai trouvé ce choix surprenant, comme s’il avait pour seul but d’introduire un peu de diversité ethnique dans le film, y amenant au passage – même si c’est léger – une question raciale qui ne figure pas dans le roman initial.

Bref, je ne peux m’empêcher de comparer le livre à son adaptation, un vice inévitable quand on a été marqué par un roman ;) En soi, le film de Marc Munden n’est pas mauvais. Il est divertissant et reste un film familial sympathique à regarder !

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