Le plancher de Joachim, Jacques-Olivier Boudon : un témoignage historique étonnant


Le plancher de Joachim – Résumé

Au début des années 2000, les propriétaires du château de Picomtal dans les Hautes-Alpes décident d’entreprendre des travaux de rénovation. Ils ont alors l’immense surprise de découvrir, sous plusieurs dizaines de lames de parquet fraîchement retiré, des inscriptions.

Leur auteur s’appelle Joachim Martin, il a vécu au XIXe siècle et a décidé, en posant le parquet du château, d’y laisser un témoignage unique de bribes de son existence. Il savait que personne ne découvrirait ce carnet de bord avant sa mort et espérait laisser une trace écrite durable de sa vie.

Dans ce livre, Jacques-Olivier Boudon prend appui sur les propos de Joachim Martin pour retracer le quotidien de son village et de ses grandes figures. Un témoignage historique unique en son genre…


Auteur.
Taille du livre288 pages.
Note – ★★★☆☆

Le plancher de Joachim, Jacques-Olivier Boudon

Le plancher de Joachim – Avis sur le livre

La découverte retracée dans le livre Le plancher de Joachim, publié aux éditions Belin, a quelque chose de fascinant qui éveillera la curiosité et l’imaginaire de la plupart des lecteurs.

En 2009, l’auteur Jacques-Olivier Boudon effectue un voyage qui le conduit à séjourner au château de Picomtal. Cette jolie propriété historique se situe dans les Hautes-Alpes, au village de Crots, à deux pas du lac de Serre-Ponçon, et propose des chambres d’hôtes.

L’écrivain apprend rapidement que le château a dévoilé un secret inattendu lors de sa rénovation.

Quelques années plus tôt, les propriétaires ont décidé de refaire certains parquets. En retirant les lames abîmées, ils ont eu la surprise de découvrir des inscriptions sur leur envers, encore lisibles bien que 120 ans se soient écoulés entre leur écriture et leur révélation.

Elles ont été laissées par le menuisier qui, en 1880, a posé le parquet dans les lieux : Joachim Martin.

« Au total, ces 72 textes contiennent près de 4000 mots, ce qui représente à peine 20 000 signes. Ces 72 textes sont partiellement datés, mais il est impossible de les replacer dans l’ordre exact de leur rédaction. Il est aussi probable qu’ils ne forment que la partie immergée d’un ensemble plus vaste.

Plusieurs pièces du château n’ont pas été refaites. De même, Joachim a travaillé dans d’autres maisons. Dans quelle mesure a usé de la même pratique sur les autres chantiers qui lui ont été confiés au cours de sa carrière ? Quoiqu’il en soit, cette forme d’écriture est, sous bénéfice d’inventaire, totalement inédite ».

Le livre Le plancher de Joachim part à la découverte de cet homme, de son village et de son quotidien. Un homme ordinaire, semblable à des milliers d’autres, mais qui a eu conscience du caractère éphémère de la vie et a ressenti le désir d’inscrire sa propre existence dans une dimension plus durable.

Le plancher de Joachim, Jacques-Olivier Boudon

Pendant huit ans, Jacques-Olivier Boudon a plongé dans les archives, analysé la généalogie de Joachim et celle des habitants du village, pour recontextualiser ce « carnet de bord sur parquet ».

On découvre à la fois le menuisier lui-même, son environnement à Crots, l’économie rurale telle qu’elle était à l’époque dans la région, les remous politiques et religieux qui agitaient le village, la toute-puissance du clergé qui commençait à être contestée, sans oublier quelques histoires grinçantes ou amusantes sur les mœurs des habitants.

Joachim Martin n’a pas sa langue dans sa poche et il nourrit une animosité toute particulière contre le curé du village qu’il estime bien peu catholique. Je cite, en respectant la manière dont le menuisier a rédigé son texte :

« Notre curé grand maigre couleur de pourriture jeaune est à dire vrai un brave homme bon médecin et pas cher rend des grands services au pays mais il a un air de cranerie insolente avec son tricorne sur la nuque.
[Verso] M’a plutôt l’air d’un gai luron de ce qu’il est fesant de grandes révèrences aux femmes et les pauvres maris cocus sont obligés de se taire parce qu’il est médecin. D’abord je lui trouve un grand défaut de trop s’occuper des ménages de la manière que l’on baise sa femme. Combien de fois par mois si on la saute si on fait levrette si on l’encule enfin je ne sais combien de choses qu’il a demandé et défendu à toutes les femmes du quartier. De quel droit misérable. Qu’on le pende ce cochon. Mr n’a pu le croire ! »

J’ai apprécié le travail énorme de recherche qui a été mené par l’auteur pour nous permettre de comprendre les propos de Joachim Martin. En effet, vous imaginez bien qu’entre 1880 et aujourd’hui, beaucoup de noms sont tombés dans l’oubli, beaucoup de faits nous sont parfaitement inconnus… non seulement parce que le temps passe mais aussi parce que le menuisier était un homme du peuple, pas quelqu’un qui a fait l’objet de biographies bien documentées.

Quand on a découvert ses écrits sous un plancher, nul ne savait rien de lui… et il a fallu toute la pugnacité de Jacques-Olivier Boudon pour retrouver le décor, les personnages et les péripéties de son histoire. Si vous avez déjà essayé de mener des recherches généalogiques, vous ne pourrez qu’admirer le travail effectué ici.

Néanmoins, il faut reconnaître que l’écriture prend parfois des allures d’inventaire, racontant toute la composition familiale de telle ou telle « lignée » d’habitants. Si l’on salue le travail de l’historien, c’est tout de même un peu « indigeste » à parcourir pour le lecteur… et c’est ce qui me conduit à attribuer trois étoiles au livre.


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