Le ruban blanc – Résumé
Un village protestant de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914).
L’histoire d’enfants et d’adolescents d’une chorale dirigée par l’instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans.
D’étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif.
Réalisateur – Michael Haneke.
Durée du film – minutes.
Note – ★★☆☆☆
Le ruban blanc – Critique
L’histoire se déroule dans un petit village et malgré l’abondance des scènes de plein air, on a le sentiment d’un huis clos. Rares sont ceux qui possèdent un moyen de transport ; l’instituteur, narrateur de l’histoire, doit par exemple emprunter un vélo ou une carriole lorsqu’il souhaite « aller à la ville ».
Dans ce petit univers fermé, rien ne se passe jusqu’à ce que les incidents se multiplient, trop étranges pour que l’on croie à de simples accidents, trop épars pour que la recherche d’un coupable s’organise activement. Le docteur fait une chute de cheval à cause d’un filin tendu sur sa route, une grange brûle, des enfants sont agressés… On se soupçonne mais seul l’instituteur paraît déterminé à faire éclater la vérité. La bande d’enfants du village semble savoir quelque chose, mais quoi ?
Les « incidents » défient la moralité : on s’en prend au médecin, figure respectée du village ; on s’en prend à un petit garçon handicapé qui n’a pas fait de mal à une mouche ; on s’en prend au domaine du baron, qui emploie pourtant tout le village. Si le film est entièrement en noir et blanc, les personnages ne le sont pas.
Le pieux pasteur bienveillant envers ses paroissiens refuse pourtant d’écouter l’un d’entre eux lorsqu’il évoque un coupable potentiel. Le docteur est soupçonné d’inceste. Il est ainsi aisé de rejeter la faute sur les uns, puis sur les autres, tant on leur découvre de facettes, à travers leurs comportements ou par le biais des non-dits qui gangrènent l’ambiance du village.
J’ai trouvé le rythme du film trop lent. Des habitants indolents, qui face à la gravité de la situation ne semblent pourtant guère pressés de faire appel aux forces de l’ordre. La construction d’une peur collective, d’un malaise grandissant, à laquelle on assiste dans l’impuissance. La fin, qui laisse beaucoup de questions sans réponse. Une vision un peu pervertie d’une société pourrie de cruauté et de fausse piété, où l’amour a peu de place et où la rigidité morale domine.
Au fil de l’intrigue, je me suis prise au jeu de l’analyse, de la recherche du coupable… avec, au final, le sentiment que ce n’était pas l’objet du scénario. Le coupable importe peu, c’est la distillation progressive et insidieuse du malaise que les incidents provoquent qui est au premier plan.
La manière de filmer est d’une « pudeur incisive » : par exemple, les enfants battus à coups de verge le sont derrière une porte, et cette image fixe d’une porte close porte en elle une émotion bien plus poignante que si la scène avait été montrée. Le mal est partout, se cache et réapparaît sans cesse. A cet égard, la photographie m’a vraiment convaincue, tout comme les décors. Malgré tout, le film dans son ensemble me laisse une impression mitigée.
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