Le voleur de bicyclette, Vittorio De Sica


Le voleur de bicyclette – Résumé

Dans l’Italie d’après-guerre, en proie à une crise économique sans précédent, trouver du travail relève du parcours du combattant et l’on se bouscule pour tenter de décrocher un emploi, n’importe quel emploi.

Antonio parvient à obtenir un poste de colleur d’affiches, à une condition : posséder une bicyclette. Mais dès son premier jour de travail, le précieux vélo est volé dans les rues de Rome. Avec son fils Bruno, Antonio se met alors à chercher l’aiguille dans la botte de foin, pour retrouver son voleur de bicyclette…


RéalisateurVittorio De Sica.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★☆

Le voleur de bicyclette, Vittorio De Sica

Le voleur de bicyclette – Critique

Le film de Vittorio De Sica a été tourné à une époque très particulière : juste après la Seconde Guerre Mondiale. Il est tiré d’un roman de l’auteur italien Luigi Bartolini publié en 1946… et pour remettre un peu de contexte à l’histoire, il faut se rappeler que l’Italie faisait partie de « l’Axe » au même titre que l’Allemagne nazie.

Le pays est donc sorti de la guerre en fâcheuse posture et dans Le voleur de bicyclette, on découvre une Italie meurtrie, dévastée sur le plan économique, où la misère est partout et où l’on cherche du travail avec ardeur et désespoir mêlés.

Parmi les chômeurs aspirant à sortir la tête de l’eau, Vittorio De Sica suit un homme, Antonio (Lamberto Maggiorani). Il décroche le précieux sésame : une offre d’emploi pour être colleur d’affiches. Une perspective inouïe qui lui fait entrevoir la possibilité de rembourser ses dettes et de vivre dans de meilleures conditions avec sa femme et son fils Bruno (Enzo Staiola).

Seul impératif pour conserver ce poste : posséder une bicyclette, car c’est par ce biais que les colleurs d’affiches peuvent rapidement arpenter la ville. Antonio craint bien, un instant, que l’opportunité ne lui échappe… car son précieux vélo, il a dû le mettre en gage pour nourrir sa famille.

Mais qu’à cela ne tienne, que ne ferait-on pas pour un emploi ? La famille décide de se passer de draps… et de mettre ses vieux draps usés en gage afin de pouvoir récupérer la bicyclette.

Cette introduction suffit à elle seule à nous immerger dans l’ambiance hors norme de ce film en noir et blanc : elle nous fait prendre conscience de ces moments où les besoins les plus essentiels doivent eux-mêmes être priorisés pour survivre, où le bénéfice à moyen terme prend le dessus sur un inconfort de courte durée…

Quelques plans suffisent à révéler l’étendue du désastre économique, comme lorsque l’employé du mont-de-piété grimpe sans fin pour aller placer la pile de draps d’Antonio au sommet d’une pile de draps déjà gigantesque.

Le voleur de bicyclette, Vittorio De Sica

Le déchirement est d’autant plus grand quand Antonio, dès son premier jour de travail, se fait voler la précieuse bicyclette. Commence alors une quête désespérante : retrouver son vélo dans l’immensité de Rome. En tant que spectateur, on est happé par la détresse sans bornes de l’homme, au milieu d’un environnement qui semble subitement hostile.

Dans cette ville où la pauvreté règne en maître, ces vols sont légion et paraissent dérisoires pour les autorités, qui laissent entendre que la meilleure solution reste de mener ses propres recherches (de là à se faire justice soi-même, il n’y a qu’un pas !). La délinquance est organisée, les gens malhonnêtes se protègent les uns les autres, les bordels côtoient les marchés aux puces où s’écoule le fruit des vols, on se tourne vers les églises pour accéder aux soupes populaires, avec une sorte d’hypocrisie dans la démarche.

C’est une vision assez noire de la société, marquée par l’injustice, les inégalités, le malheur qui ne frappe pas forcément les « méchants » mais semble suivre à la trace d’honnêtes gens comme Antonio.

C’est aussi ce qui donne à ce film une portée puissante : il nous bouscule dans nos rêves de voir un monde juste, où les gens mauvais sont punis et les bons récompensés, il nous bouscule dans notre interprétation du bien et du mal, il nous bouscule par des personnages qui ne sont pas monodimensionnels.

Le voleur de bicyclette, Vittorio De Sica

Vittorio De Sica est allé sur le terrain pour tourner Le voleur de bicyclette. Il s’est rendu dans des bordels, il a découvert une voyante dont il a fait un personnage de son film, il a choisi des acteurs qui n’étaient pas des professionnels du cinéma pour recréer à l’écran une authenticité intense. Convaincu, comme Stanislavski au théâtre, que l’acteur ne « joue pas », il EST le personnage… et pour l’incarner pleinement, il emprunte à sa propre histoire ce qui le rend crédible.

En l’occurence, les acteurs nous transportent, par leur présence à l’écran et leur expressivité. On s’étonne qu’ils puissent, pendant 1h30, nous emmener sans ennui dans une histoire qui est somme toute très simple : la quête d’un voleur de bicyclette.

Le voleur de bicyclette est considéré comme l’un des piliers du mouvement néoréaliste du cinéma italien : des films qui mettent en avant les classes ouvrières et les problématiques économiques et sociétales qui leur sont liées à cette période de l’histoire (l’injustice, l’oppression, la pauvreté). Des films tournés au plus proche des conditions réelles, souvent avec des amateurs…

Un film à voir !


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