Magda Goebbels : une biographie par Anja Klabunde


Magda Goebbels – Résumé

Magda Goebbels est souvent décrite comme l’épouse du ministre de la propagande d’Hitler, Joseph Goebbels. Ce qu’elle fut. Mais avant de devenir cette femme occupant l’une des plus hautes places du Troisième Reich, avant d’assassiner ses propres enfants, avant que le déshonneur ne s’attache irrémédiablement à son nom, elle a été enfant, jeune femme, amie avec un jeune homme qui allait devenir un militant de premier plan en faveur de la création de l’État d’Israël.

Dans ce livre, Anja Klabunde dresse le portrait un brin romancé de Magda Goebbels, une exploration qui laissera le lecteur se faire témoin et juge de ce qui peut mener une jeune femme allemande née au début du 20e siècle à devenir l’un des rouages de la machine nazie.


Auteur.
Taille du livre414 pages.
Note – ★★★☆☆

Biographie de Magda Goebbels par Anja Klabunde

Biographie de Magda Goebbels par Anja Klabunde

Quand on s’intéresse un tant soit peu à la psychologie humaine, on nourrit souvent une certaine curiosité intellectuelle vis-à-vis de ces gens qui « tournent mal ». Dont le destin aurait pu être différent et qui, pourtant, ont commis des atrocités. Que s’est-il passé ?

Magda Goebbels est de ces femmes qui auraient peut-être pu mener une autre vie. Née en 1901, elle a grandi à Berlin aux côtés de sa mère et de son beau-père, juif pratiquant. Impossible d’imaginer que quatre décennies plus tard, elle serait la « Première dame » du Troisième Reich, épouse du ministre de la propagande d’Hitler, Joseph Goebbels.

Hitler gardant sa propre compagne Eva Braun dans l’ombre, Magda Goebbels, incarnation de la femme aryenne blonde et fertile, à la tête d’une tribu de sept enfants élevés sous l’oeil des caméras pour les besoins de la communication nazie, s’est naturellement imposée comme figure féminine majeure du régime.

Dans cette biographie, Anja Klabunde explore le parcours de Magda Goebbels depuis son enfance, bien avant qu’elle ne devienne la femme du ministre que l’on surnommait le « nain enragé », un homme aussi connu pour ses diatribes que pour ses conquêtes extraconjugales incessantes. Un homme avec qui, pourtant, elle est restée jusqu’au bout, empoisonnant leurs 6 enfants communs avant de se donner la mort à ses côtés.

En découvrant son histoire, on prend conscience qu’elle a sans doute trouvé dans ses premières affinités national-socialistes une forme d’appartenance, elle qui avait vécu une enfance où elle n’était jamais vraiment à sa place. Goy parmi les juifs, étrangère allemande quand elle vivait en Belgique puis étrangère belge quand elle s’est installée à Berlin, convertie au protestantisme pour s’intégrer au sein de la famille de son premier mari, elle paraît avoir une identité un peu ballottée au gré de ses expériences.

On le sait aujourd’hui, le nazisme a « profité » d’une situation où l’Allemagne était en grande difficulté, noyant au départ ses travers et ses actions violentes sous un enrobage de propagande rassurante.

« Les Allemands cherchent des repères, un guide spirituel qui leur fera oublier l’humiliation et leur sentiment d’infériorité. La propagande nazie a parfaitement ciblé cette détresse matérielle et morale. De plus, la crise politique que traverse le pays facilite la montée en puissance du parti. Malgré des succès politiques, […] le chancelier Brüning n’arrive pas à répondre aux deux attentes de la majorité des Allemands : un leader charismatique et une amélioration de leurs conditions matérielles ».

Magda Goebbels, elle aussi, s’est nourrie de ce contexte, cherchant sa place et souhaitant plus que tout sécuriser une bonne position au sein de la société. Une ambition qui lui met des œillères de plus en plus couvrantes. Plus elle entre dans des cercles haut placés au sein du parti, plus elle fait abstraction de ce qui est en train d’arriver dans son propre pays, à ses propres relations… à l’instar de son ami de jeunesse Victor Haïm Arlozoroff, juif et sioniste convaincu ayant émigré en Palestine.

La vie de Magda Goebbels donne le sentiment d’un vaste gâchis. Une femme qui a été choyée, élevée au contact de juifs dont le souvenir aurait pu, le moment venu, éveiller en elle une « rébellion morale » contre ce que le régime nazi disait d’eux. Pourtant, elle a choisi un mariage avec Joseph Goebbels, petit homme infirme mais influent, qui est tombé fou amoureux d’elle avant de s’en lasser, comme d’autres avant elle.

Biographie de Magda Goebbels par Anja Klabunde

Mais Hitler aimait bien Magda, au point de s’impliquer dans ses affaires de couple lorsqu’elle a menacé de divorcer de l’époux volage, chassant la maîtresse et tançant vertement son ministre. Alors elle est restée, prise au piège de son besoin de reconnaissance.

S’il est intéressant « intellectuellement » de plonger dans l’histoire de cette femme, si abjecte en soit la seconde moitié, Anja Klabunde a choisi une approche assez « discutable » d’un point de vue historique. En effet, elle s’appuie sur un mélange d’archives historiques à la fiabilité avérée (comme le journal de Joseph Goebbels) et de témoignages… à partir desquels elle reconstruit parfois des dialogues, des ressentis.

En d’autres termes, elle « romance » un peu l’histoire pour la rendre plus vivante pour le lecteur… avec le risque de l’imprécision historique, ou de mélanger le factuel et l’interprétation. Pour que vous compreniez mieux ce que ça peut donner, il y a des passages du livre où l’on distingue bien ce mélange entre des faits et des descriptions qui relèvent plus de « l’imagination », pour aider le lecteur à se projeter :

« Après son retour à Tel-Aviv, Victor Arlosoroff passe sa première soirée avec sa femme Sima. Après avoir dîné à l’hôtel Kate Dan, ils partent se promener sur la plage. Il fait chaud, l’air est lourd, rempli des parfums de l’Orient. Le crépuscule cède la place à l’obscurité de la nuit. Lorsque Victor et Sima passent devant le cimetière musulman, un chameau conduit par un bédouin somnolent s’enfuit dans la nuit. Des cris et des jurons retentissent en arabe, plusieurs garçons s’élancent à la poursuite de l’animal ».

C’est un point qui m’a poussée à garder une certaine distance avec le contenu du livre.

La fin m’a semblé assez précipitée… ce qui n’est finalement pas si étrange dans une histoire où l’issue n’est qu’une vaste dégringolade. Seule une cinquantaine de pages est consacrée à la période de la Seconde Guerre Mondiale sur les 400 que compte le livre.

Magda Goebbels semble avoir vécu pour le pouvoir. Un pouvoir dont elle ne voulait pas pour elle-même ou pour le peuple allemand, n’ayant manifesté aucune ambition politique… mais plutôt un pouvoir perçu comme la promesse d’un statut social enviable. Une reconnaissance, une sécurité matérielle pour lesquelles elle a été prête à tout sacrifier, de son épanouissement personnel à ses enfants.

Son nom reste irrémédiablement taché à l’encre des actes de son mari, à l’encre de sa propre propension à fermer les yeux sur la réalité du nazisme, à l’encre des choix dramatiques et irréversibles qu’elle a faits à la fin de sa vie… et elle renvoie l’image d’une femme qui, si elle a atteint une position sociale qu’aucune femme de son époque ne possédait, a mené une existence de solitude, marquée par la trahison et une forme d’insatisfaction perpétuelle.

Son parcours illustre à quel point certaines motivations intimes – ici, un besoin éperdu de fuir le bas de l’échelle sociale – riment parfois avec un vide psychologique si abyssal que pour le combler, un être se révèle prêt à tout. Vraiment tout.


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