Manchester-by-the-Sea – Résumé
Lee Chandler est un homme déprimé, qui vit en solitaire dans une chambre en souplex et exerce la profession d’homme-à-tout-faire à Boston. Jusqu’au jour où un appel téléphonique l’informe que son frère Joe a été victime d’une nouvelle attaque cardiaque, plus sévère que les précédentes.
Lee prend aussitôt la route de Manchester-by-the-Sea, ville de pêcheurs du Massachusetts… et découvre que Joe l’a désigné pour s’occuper de son fils unique, Patrick, âgé de 16 ans.
Pourquoi Joe a-t-il fait ce choix en sachant que Lee n’est guère épanoui et qu’il a une forte propension à boire et à se battre dans des bars ?
Réalisateur – Kenneth Lonergan.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★☆☆
Manchester-by-the-Sea – Critique
Au cœur de l’histoire, il y a d’abord Lee Chandler (Casey Affleck). C’est un homme visiblement déprimé, qui se terre à Boston où il exerce la profession d’homme-à-tout-faire. Le terme « se terre » est presque à prendre au pied de la lettre, d’ailleurs, car Lee vit seul, dans une petite pièce sombre, en sous-sol… Pourquoi se punit-il ainsi en menant une vie de labeur monotone ? Le film le révélera en temps voulu…
Lee reçoit un jour un appel de Manchester-by-the-Sea, une ville du Massachusetts largement tournée vers la pêche, où son frère Joe (Kyle Chandler) possède d’ailleurs un bateau. La nouvelle tombe : Joe est de nouveau hospitalisé suite à une attaque. Il souffre depuis des années d’une insuffisance cardiaque et cette fois-ci, elle se révèle malheureusement fatale.
Lee Chandler apprend alors que Joe l’a désigné comme tuteur pour son fils unique, Patrick, 16 ans. En effet, nul ne semble savoir où se trouve la mère de Patrick, Elise (Gretchen Mol). Souffrant de graves problèmes d’addiction, elle était incapable de s’occuper de son fils.
Pour quelle raison Joe a-t-il choisi de faire confiance à son frère Lee pour élever son garçon ? Lee a déjà tenté de se suicider, il a une forte propension à boire plus que de raison et à s’impliquer dans des bagarres au sein des bars qu’il fréquente. Il n’est pas, à première vue, un modèle à suivre pour un adolescent comme Patrick qui perd subitement tout repère parental. Et pourtant, Joe lui a fait confiance. Pourquoi ?
La réponse reste largement à l’appréciation du spectateur : est-ce parce que Joe a voulu lui donner une « mission » pour l’aider à sortir la tête de l’eau ? Parce que Joe le sait solide malgré toutes ses cassures et ses fragilités ? Parce que Lee était présent dans la vie de Patrick ?
Toujours est-il que Lee se retrouve à jouer le parent de substitution pour un ado. Rôle qui, en soi, n’est déjà pas facile à assumer avec son propre enfant… mais l’est encore plus face à un adolescent endeuillé, qui a construit toute sa vie à Manchester-by-the-Sea et craint de devoir déménager avec Lee à Boston. Entre son groupe de musique, son appartenance à un club de hockey sur glace, ses deux petites amies et le lycée, Patrick n’a pas la moindre intention de quitter la ville.
Avec délicatesse, le réalisateur Kenneth Lonergan raconte l’histoire de cette famille, avec ses drames et ses instants de grâce. Apprendre à pardonner mais aussi à se pardonner, reconstruire ce qui a été détruit mais aussi, parfois, accepter que l’on ne puisse pas tout reconstruire… Être parent, biologiquement ou par adoption, en étant responsable ou irresponsable…
De longs flashbacks nous plongent dans le passé des Chandler, permettant de comprendre ce qui se joue au présent. Mais on apprend souvent beaucoup plus à travers les tensions qui opposent Lee à Patrick, qu’il s’agisse de son quotidien de lycéen, du bateau que Joe a légué à l’adolescent, des dispositions pour l’enterrement, de la mère de Patrick…
L’interprétation de Casey Affleck (Lee Chandler) m’a semblé vraiment excellente, tout comme celle de Lucas Hedges (Patrick).
Cependant, quelques choix m’ont empêchée d’apprécier pleinement le film de Kenneth Lonergan : j’ai par exemple eu l’impression que la musique classique choisie (notamment le trèèèès célèbre Adagio d’Albinoni, composé en réalité par Remo Giazotto) était « plaquée » sur certaines scènes pour manipuler l’émotion du spectateur de manière assez peu subtile.
J’ai aussi trouvé que le personnage de Patrick était traité d’une manière assez superficielle : l’ado membre d’un groupe, dont les hormones bouillonnent… mais quel regard porte-t-il exactement sur ses parents, sur la fuite de sa mère puis sa tentative de recoller les morceaux ? Et que penser de sa crise d’angoisse – qui m’a mise un peu mal à l’aise – devant le congélateur familial ?
Si le film est plein de belles émotions, il ne m’a pas emportée au point de lui mettre 4 ou 5 étoiles. Un ressenti bien sûr très personnel, car Manchester-by-the-Sea a été nominé aux Oscars dans plusieurs catégories, Casey Affleck recevant une statuette, tout comme Kenneth Lonergan pour le scénario !
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