Merci pour ce moment – Résumé
Un jour, un amour violent a incendié ma vie. Il avait quatre enfants. J’en avais trois. Nous avons décidé de vivre ensemble. Mais la politique est une passion dévorante. Parti de très loin, François Hollande a été élu président de la République. J’ai été aspirée dans son sillage.
Le pouvoir est une épreuve pour celui qui l’exerce, mais aussi pour les siens. À l’Élysée, je me sentais souvent illégitime. La petite fille de la ZUP en première dame : il y avait quelque chose qui clochait.
J’ai appris l’infidélité du Président par la presse, comme chacun. Les photos ont fait le tour du monde alors que j’étais à l’hôpital, sous tranquillisants. Et l’homme que j’aimais a rompu avec moi par un communiqué de dix-huit mots qu’il a dicté lui-même à l’AFP, comme s’il traitait une affaire d’État.
Tout ce que j’écris dans ce livre est vrai. Journaliste, je me sentais parfois à l’Élysée comme en reportage. Et j’ai trop souffert du mensonge pour en commettre à mon tour.
Auteur – Valérie Trierweiler.
Taille du livre – 320 pages.
Note – ★★☆☆☆

Merci pour ce moment – Critique
Parce que c’est un tel phénomène populaire ici en France que je ne veux pas me forger une opinion en m’appuyant sur ce qui est dit çà-et-là. Parce que ce livre m’interpelle par sa nature : est-ce la vengeance d’une femme trompée contre son ex-compagnon infidèle ? Est-ce autre chose ? Les extraits qui circulent dans les médias font-ils justice à l’ensemble du livre ?
Je veux aborder ce livre l’esprit ouvert, indépendamment de toute opinion politique personnelle…
La confession de Valérie Trierweiler débute par le moment où elle découvre l’infidélité de son mari. D’abord une rumeur que François Hollande dément en privé, lui assurant pendant plusieurs mois qu’il n’a rien à se reprocher. Puis un scoop récupéré par la presse (une Une dans le magazine Closer) qui pousse le Président à lui confirmer l’adultère. Le choc est immense et les femmes l’ayant vécu elles-mêmes se reconnaîtront sûrement dans ses propos. Plongée dans un état d’hébétude, anesthésiée par la souffrance brutale que provoque cette trahison, elle doit être hospitalisée.
Cette souffrance transparaît en filigrane tout au long du livre, où elle revient de manière assez décousue sur différents épisodes de leur parcours commun : leur rencontre, bien sûr, alors qu’elle était journaliste et lui homme politique sans renommée ; les débuts d’une relation amoureuse clandestine (elle était mariée, tout comme lui qui était en couple avec Ségolène Royal) ; l’ascension de François Hollande en politique jusqu’à son élection à la Présidence de la République ; les scandales médiatiques qui ont émaillé ces années (la fameuse « affaire du tweet » notamment).
Ce livre déborde d’émotion et l’on y devine une femme terriblement seule. Seule, parce qu’elle décrit François Hollande comme un politicien passionné qui donne sa vie à la politique sans qu’il puisse réellement exister autre chose à côté. Seule, parce qu’elle a toujours été aux yeux des médias « la briseuse de ménage », celle qui a cassé le couple mythique Hollande/Royal. Seule, parce qu’elle est issue d’un milieu social bien plus modeste que celui de François Hollande : sa maman était caissière, peinant à joindre les deux bouts, son père ne pouvait pas travailler (invalide après avoir reçu un éclat d’obus).
Elle explique que cette différence a toujours pesé entre eux : François Hollande, lui, est fils de médecin, a grandi dans un quartier aisé, a fait ses années lycée à Neuilly-sur-Seine, puis HEC et l’ENA. Selon elle, il n’a pas la conscience de l’argent qu’inculque une éducation modeste.
Valérie Trierweiler raconte la violence à laquelle est confrontée la compagne d’un Président : des attaques, des manipulations politiques, des mensonges et trahisons permanents, un équilibre quasiment impossible à trouver entre « en faire trop » et « ne pas en faire assez », entre les contraintes du protocole et le besoin de se rendre utile.
Ce livre, au fond, n’a rien de surprenant : il confirme que la politique est un milieu où discours et réalité ne sont pas synonymes, où l’ami d’hier peut être l’ennemi de demain et vice versa… La sphère privée et la sphère publique se télescopent et au diable les fragiles, ils sont laissés sur le côté de la route. Sélection naturelle ?
On s’ennuie assez vite, d’où ma note. Parce que tout cela, on le sait. Même si à chaque élection notre sens citoyen veut croire à une possible amélioration, à un possible « homme (ou femme) de la situation » qui changerait les choses, on garde toujours au fond de nous une méfiance pour ce milieu de paroles et de promesses.
De même, l’histoire de Valérie Trierweiler est tristement celle de beaucoup d’autres femmes trompées, qui ont l’impression d’avoir sacrifié une part d’elles-mêmes pour un homme qui les délaisse en retour. Elle ne prétend pas autre chose, d’ailleurs. Elle souligne même toute la complexité des sentiments, entre le passé commun heureux et la douleur de la trahison. Elle explique qu’il essaie de la récupérer, lui envoyant des SMS par dizaines… mais que la confiance est brisée.
Les propos tranchants rapportés par les médias (il aurait traité les pauvres de « sans dents », déclaré « Je n’aime pas les handicapés qui font commerce de leur handicap », etc) font partie de ce qu’elle décrit comme une transformation de François Hollande par son élection : selon elle, le pouvoir l’a changé, l’a rendu cynique et cinglant.
Ce livre était-il utile ? Pour Valérie Trierweiler, sûrement. Pour les lecteurs, je ne crois pas. Comme je l’ai dit, il ne révèle rien de si renversant. Le « Président normal » que François Hollande voulait être y apparaît comme un homme normal, qui sait tour à tour être romantique, pétri d’ambition, piquant et détestable, avec ses blessures d’orgueil et son ego. Un homme dont les actes contredisent parfois les discours. Valérie Trierweiler y apparaît blessée et fragile plus que revancharde.
On n’a pas l’impression d’un livre écrit « pour faire du mal » mais d’un cri de détresse pour se libérer des mensonges colportés ici et là en donnant sa propre version.
Intimement, je me dis que ce genre d’affaire devrait rester privé… mais qui peut réellement se mettre à sa place dès lors que sa vie privée a justement été exposée et déformée par les médias ? Dès lors qu’on l’a analysée sur la place publique, n’a-t-elle pas droit à une réaction publique ?
Ce que j’ai finalement trouvé le plus intéressant, c’est d’en apprendre plus sur le rôle de « Première Dame » de l’intérieur… et notamment tout ce qu’il est possible de mettre en place sur un plan humanitaire. A défaut d’avoir foi en la politique à l’échelle d’une nation, on est heureux d’apprendre que le pouvoir permet parfois d’aider des malades et des défavorisés.
Ce livre n’arrange rien à l’image du Président, c’est certain. Mais qui croit encore au Président comme on croit au Père Noël ? Sûrement pas moi, en tout cas.
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je trouve ce livre inconvenant. Nous ne sommes plus à l’époque des rois. Madame Trierweiler aurait mieux fait de se taire car je suis outrée de savoir qu’elle trouve normal dese reposer à la Lanterne, d’avoir ses entrées au palais, d’avoir des cuisiniers. Nous votons pour un représentant du peuple et non pour ses concubines. Elle parle comme une favorite du roi mais ce n’est qu’une aventurière qui a eu de la chance et qui a brisé un couple
Bonjour Evelyne, merci d’avoir partagé votre point de vue ! Ce débat sur les droits et devoirs des conjoints (et par extension les proches) des personnes de pouvoir est particulièrement actuel ! Bonne année à vous.
Bonjour, je n’ai pas lu ce livre, je comprends le cri du cœur de cette personne qui fut humiliée devant le monde entier, écrire lui a servi de thérapie. Et je ne le lirais pas mais ton approche est juste et très humaine.
Merci ! Dans l’absolu, en dehors du buzz qu’il a suscité, c’est un livre « de plus » sur l’adultère et, à ce titre, il n’est sans doute ni le plus passionnant ni le mieux écrit. J’ai trouvé la lecture intéressante au moment où il faisait l’actualité parce que ça permettait de mieux appréhender ce que disaient les médias sur le sujet.