Midi, Cloé Korman : des enfances dans la tempête


Midi – Résumé

Claire, médecin, reçoit dans son service un patient en fin de vie, Dominique Müller, qui réveille en elle le souvenir d’un été lointain. Alors étudiante, elle avait co-animé avec lui et une autre fille, Manu, un stage de théâtre associatif pour enfants.

Ils préparaient La Tempête de Shakespeare… une tempête finalement bien insignifiante à côté de celle qui se tramait sous leurs yeux. Claire était jeune mais cet été-là l’a marquée à tout jamais…


Auteur.
Taille du livre224 pages.
Note – ★★☆☆☆

Midi, Cloé Korman

Midi – Avis sur le livre

Le roman de Cloé Korman aborde des sujets douloureux : l’enfance brisée, la responsabilité des adultes et celle des « presque adultes » qui s’en veulent de n’avoir pas pris de décisions plus affirmées…

L’histoire, c’est d’abord celle de Claire. Elle commence à Marseille, l’été de l’an 2000. La jeune femme est étudiante en deuxième année de médecine et a décroché un petit boulot estival dans un théâtre associatif. Elle va participer à l’encadrement d’un groupe de 20 enfants d’une dizaine d’années, avec une autre fille – Manu – et le responsable du stage – Dominique Müller. Ensemble, ils vont monter leur adaptation de La Tempête de Shakespeare.

« On accueille les enfants à neuf heures du matin, et ils nous quittent à six heures du soir. Chacun est rendu à son parent, on voit les paires asymétriques retraverser la cour, un grand avec un petit comme un seul et grand mammifère, s’éparpiller dans la cour en s’échangeant des bisous et des chocolatines, en grognant un peu ou en riant de plus belle ».

Les noms des enfants lui reviennent par bribes, lambeaux de souvenirs d’un été qui a confronté Claire à un infini sentiment d’impuissance.

Assez rapidement après le début du stage de 5 semaines, Claire avait repéré une petite fille qui détonnait dans ce décor d’enfants heureux, inscrits au théâtre par des parents ravis de les occuper intelligemment.

« Jo était habillée d’un short de foot noir et d’un polo rose : chacun de ces vêtements était moche, et portés ensemble ils étaient plus moches encore ».

Jo ne dit rien quand on l’embête. Jo ne se plaint pas. Jo vit avec sa maman et son petit frère, une mère remariée à un entrepreneur de la région. Parfois, c’est son papa Ahmed qui la récupère mais il travaille sur les chantiers, un travail trop difficile pour qu’il puisse s’occuper d’elle à temps plein.

Et l’été tourne au drame, insidieusement… Claire devine ce qui se trame sous ses yeux mais elle ne fait rien, ou si peu. Des années plus tard, elle est devenue médecin et le passé lui revient subitement en pleine figure quand parmi les patients du service ressurgit Dominique Müller, l’ancien responsable du stage de théâtre.

L’histoire est délicate, difficile, complexe… mais hélas, j’y ai trouvé un grand détachement émotionnel qui m’a empêchée de me projeter dedans.

Dès le départ, Claire semble avoir décroché le mauvais rôle : elle n’est pas particulièrement à l’aise avec les enfants, se sent perdue pour les gérer dès que Dominique n’est pas là. Elle affiche le côté écervelée d’une jeune fille tournée vers elle-même, ses amours d’été et préoccupations futiles prenant le pas sur ce qui se passe autour d’elle. Les conséquences vont s’avérer très lourdes.

On nous dit que Claire a appris à ses dépens à ne pas se battre pour des causes perdues.

« Dans le service de médecine interne où je travaille, des fois je sauve, des fois je ne peux pas. J’ai appris à cette époque que certains rivages sont inaccessibles, qu’il ne sert à rien de ramer avec mon canot et ma trousse de secours pour aborder ceux-là ».

Mais Claire s’est-elle un jour battue ? Qu’a-t-elle fait pour aider Jo, la toute petite Jo dont elle pensait avoir cerné le secret ? La petite Jo, apathique la plupart du temps mais capable de connaître des accès de colère aussi brutaux que subits. Jo, qui fuguait régulièrement et savait se cacher. Jo, avec ses bleus et ses histoires pour les justifier.

Claire en a « parlé ». S’est contentée des réponses laconiques de Dominique, peut-être parce que ça l’arrangeait de fermer les yeux, de n’avoir rien de plus à gérer que les inquiétudes ordinaires des enfants ordinaires.

Claire n’a rien fait, ou si peu… et plus tard, elle se berce de l’idée que de toute façon, il existe des causes perdues. Si déculpabilisant et si lâche ! Je n’ai eu aucune affinité avec le personnage pour cette raison…

Le récit des répétitions m’a replongée, non sans plaisir, dans mes propres années de théâtre amateur. Le décor de la pièce était beau mais le casting, hélas, un peu décevant à mes yeux sur le plan humain !


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