Neuilly sa mère, Gabriel Laferrière : un choc des cultures hilarant


Neuilly sa mère – Résumé

Sami Benboudaoud, élevé dans une cité par sa mère célibataire, est contraint d’aller vivre avec sa tante Djamila en banlieue parisienne. Mais pas n’importe où : à Neuilly-sur-Seine. Djamila y habite un hôtel particulier avec son mari, Stanislas de Chazelle, et les deux enfants de celui-ci : Charles, qui rêve de devenir président de la République, et Caroline, qui défend tout ce qui est défendable (les sans-papiers, l’environnement, etc).

Le choc culturel est rude pour Sami, étiqueté d’emblée comme une « racaille ». Ses débuts au collège St Exupéry, un établissement privé où les élèves portent l’uniforme, ne sont guère plus encourageants et il devient un bouc-émissaire.

Tout va changer quand Sami suggère à Charles d’organiser une grosse soirée dans l’hôtel particulier pour « combler son déficit de popularité » à l’approche de l’élection des délégués de classe…


RéalisateurGabriel Laferrière.
Durée du film minutes.
Note – ★★★☆☆

Neuilly sa mère, Gabriel Laferrière

Neuilly sa mère – Critique

Autant être prévenu : Neuilly sa mère mise sur la caricature. Sami est le cliché du musulman de cité qui se rend malade parce qu’il a mangé du porc sans le faire exprès, qui vit entouré de « renois » et de « rebeus » pour qui l’avenir semble se résumer à être vigile ou cantonnier même quand on a fait des études.

Il débarque à Neuilly, au milieu de jeunes aux poches bien pleines qui croient que tout s’achète, dans un environnement aux rues impeccables où les femmes promènent leur chien en escarpins.

Charles a une affiche de l’UMP sur la porte de sa chambre et des posters de Nicolas Sarkozy sur les murs. Sa musique de prédilection ? Le dernier disque de Carla Bruni, pardi ! Ca ne te plaît pas ? « Ma chambre, tu l’aimes ou tu la quittes », déclare-t-il avec emphase.

Le film joue sur des clichés qui ont un petit fond de vérité. A Neuilly, il n’y a presque plus personne le week-end (tous à Deauville), au Premier de l’An (tous à Agadir), en février (tous à Courchevel) et en été (tous au Club Med). A Neuilly, j’ai déjà entendu un gamin dire à un autre dans un bus : « Tu sais, mon père il a un passeport diplomatique. Si je vais à New York et que je tue quelqu’un, je ne serai même pas poursuivi ».

A Neuilly, quand j’étais étudiante, j’ai donné des cours à une petite fille qui s’était lamentée de n’avoir reçu « qu’une console de jeux, 5 DVD, une selle pour son cheval et des livres » à Noël, m’expliquant le cœur brisé qu’elle avait été la moins gâtée de sa classe.

C’est une réalité que Neuilly sa mère montre très bien même si là encore, c’est cliché : l’argent ne fait pas le bonheur. Marie Pernel, la fille sur laquelle Sami a jeté son dévolu dans le film, lui explique d’ailleurs que son père battait sa mère mais que « dans [son] milieu, il n’y a pas d’assistante sociale ».

La vision des « racailles de cité » dans le film est elle aussi très cliché… mais avec un fond de vérité qu’on ne peut pas s’empêcher de remarquer. L’Observatoire des discriminations notait récemment un écart de 32% à l’embauche entre les porteurs d’un prénom francophone et les porteurs d’un prénom africain ou maghrébin.

Fin 2010, une étude de l’Insee révélait que le taux d’emploi chez les enfants d’immigrés du Maghreb était de 20 points inférieur à celui des « Français de souche ». Les gosses de cité qui n’accèdent pas à des postes importants… voire qui ne trouvent pas de poste tout court malgré un parcours scolaire exemplaire ne relèvent pas purement du domaine de la fiction.

Neuilly sa mère, Gabriel Laferrière

Neuilly sa mère, c’est aussi tout ça, derrière la caricature… A Neuilly, il n’y a pas que des personnes imposées sur la fortune, il y a aussi des gens qui vivent dans des chambres de bonne. Il n’y a pas que des gosses de riches qui organisent des rallyes le week-end et vont chez Louboutin et Chanel avec la carte Centurion de Papa & Maman®.

De même, les cités ne renferment pas que des racailles qui brûlent des voitures et se bastonnent à n’en plus finir. Il y a aussi des gamins comme Sami Benboudaoud, touchants et attachants.

Le film ne cherche pas à vous faire croire le contraire et il ne faut en aucun cas le prendre au sérieux comme une enquête sociologique sur deux milieux que tout semble opposer.

Le scénario est simple, l’interprétation efficace, le résultat distrayant. Ce n’est pas un film mémorable mais un bon divertissement dans lequel le jeune Samy Seghir est à croquer ! Et ceux qui connaissent Neuilly noteront que Charles de Chazelle a été envoyé par ses parents à l’hôpital public… même pas au chic et cher Hôpital Américain. La honte sur quinze générations de « de Chazelle » !


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