Au nom d’un harcelé – Résumé
Tom, collégien, a perdu ses parents dans un accident de la route. Son oncle et sa tante l’ont aussitôt pris sous leur aile avec son grand frère, Ian.
A l’heure où Tom s’apprête à faire sa rentrée dans un nouvel établissement scolaire, il décide de débuter un journal intime, petit carnet de bord auquel il confiera ses impressions.
Mais rapidement, le collège qui était synonyme de nouveau départ devient le théâtre d’événements déplaisants. Une rumeur, d’abord, qui accuse Tom d’avoir inventé la mort de ses parents pour se rendre intéressant. Puis des mots, des mises à l’écart, des gestes qui transforment rapidement les journées en enfer.
Pour Tom, la mort s’impose vite comme une perspective tentante de libération à ce harcèlement scolaire.
Auteur – Arthur Lambert.
Taille du livre – 230 pages.
Note – ★★★☆☆
Au nom d’un harcelé, Arthur Lambert – Avis sur le livre
Lors de son entrée en Troisième, le petit groupe dont il faisait partie depuis trois ans, décide subitement de l’exclure, le début d’une longue descente aux enfers, entre humiliations quotidiennes et coups. Cette expérience, dont il s’est relevé, a poussé Arthur à vouloir témoigner. Il a lancé une campagne de financement participatif pour mener à bien ce projet et c’est ainsi que le livre a vu le jour.
Beaucoup de gens savent que le harcèlement scolaire existe. Beaucoup de gens en ont même été témoins. Pourtant, on croit encore trop souvent qu’il est évident, facile à détecter, qu’un adolescent ou un enfant victime va vite se confier, que l’équipe pédagogique va rapidement intervenir… On le minimise aussi beaucoup, affirmant qu’il s’agit de « simples chamailleries d’ados » sans conséquences.
A travers le journal de bord de Tom, on découvre toute la honte et l’incompréhension que peut ressentir la victime, qui pense pouvoir s’en sortir toute seule, qui est terrifiée à l’idée d’en parler par peur que l’intervention d’un adulte aggrave la situation (ou pire, qu’on ne la croie pas).
Cet isolement est sans doute ce qui ressort avec force du roman Au nom d’un harcelé. La mise à l’écart imposée par les autres élèves du collège s’ajoute à la mise à l’écart que Tom s’inflige, persuadé que la situation peut s’arranger et qu’une intervention extérieure ne ferait qu’empirer les choses.
J’ai retrouvé dans ce carnet de bord la candeur d’un journal intime d’ado, avec toute la complexité des sentiments que l’on peut vivre à cet âge. Tom évoque son vécu, sa vie familiale, retranscrit ses conversations, utilise ce support écrit pour se livrer à une forme de psychanalyse…
On ressent dans ces lignes la maturité d’un adolescent, que l’on a envie de rassurer en lui disant qu’il y a plein de belles choses à vivre après le collège, après le lycée, après les études tout court. Facile à dire, parce qu’en tant qu’adultes, nous sommes déjà dans cet « après ». Quand je repense aujourd’hui à mes années collège, mes préoccupations d’alors me paraissent dérisoires par rapport à l’étendue des (belles) expériences que l’on peut vivre plus tard.
Sauf qu’au moment où l’on vit tout ça, le collège est notre seul horizon, celui où l’on passe des journées entières. Pas étonnant que ce qui s’y déroule prenne spontanément de grandes proportions !
Une autre réflexion m’a frappée dans le livre d’Arthur Lambert : lorsque Tom échange avec d’autres victimes de harcèlement scolaire, toutes se sentent obligées de donner une cause à leur harcèlement. Être roux, homosexuel, bègue, différent… Je pense pour ma part qu’il ne faut pas chercher à « justifier » ce genre de comportement par un élément réel. C’est un peu comme ceux qui disent « elle n’aurait pas dû mettre une jupe » lorsqu’une femme est victime de viol.
Ce n’est pas à la victime de s’excuser d’être elle-même, d’être obèse, timide, rousse, boutonneuse, que sais-je ?
Ce sont les agresseurs qui sont la cause du harcèlement scolaire, pas autre chose.
Si vous vous intéressez au sujet, que vous êtes un ado touché par ce problème, n’hésitez pas à vous plonger dans le roman Au nom d’un harcelé ! Il contribue à alimenter un débat qu’il est primordial de tenir dans l’espace public pour que chacun soit attentif, que l’on soit parent, enseignant ou élève.
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