Psychologie de la connerie, Jean-François Marmion


Psychologie de la connerie – Résumé

Écrire un livre très sérieux sur la connerie, tel est le challenge que s’est lancé Jean-François Marmion dans cet ouvrage collaboratif.

Il recueille les contributions d’une foule d’auteurs d’horizons divers : psychosociologues, experts en économie comportementale, journalistes, psychologues, psychiatres, professeurs, écrivains, spécialistes en neurosciences, neuropsychologie ou encore philosophie. Ils livrent autant de regards croisés et érudits sur la connerie, ce mal si répandu sur lequel chacun ne peut s’empêcher d’avoir un avis !


Auteur.
Taille du livre377 pages.
Note – ★★★☆☆

Psychologie de la connerie, Jean-François Marmion

Psychologie de la connerie – Avis sur le livre

Qu’est-ce que la connerie ? Si d’aventure vous étiez tenté de la résumer à la « bêtise » ou à la « stupidité », vous passeriez à côté d’une réflexion beaucoup plus riche sur le sujet ! En effet, la connerie et ses fiers représentants, les cons, offrent un vaste programme pour des esprits qui aiment à réfléchir.

Dans ce livre, Psychologie de la connerie, le journaliste Jean-François Marmion (rédacteur en chef de la revue Le Cercle Psy) a convié de grands esprits de notre époque pour des contributions croisées autour de cette thématique. Tour à tour présentées sous forme d’article ou d’interview, ces textes montrent à quel point la connerie peut inspirer des réflexions riches.

Quelle lien, par exemple, entre connerie et naïveté ? Entre connerie et incompétence ? Entre connerie et créativité, la connerie étant parfois une manière de sortir des sentiers battus qui peut déboucher sur des idées originales ? Entre la connerie et tous les biais qui, à notre insu, déforment parfois notre perception de la réalité et de nous-même ? Entre connerie et narcissisme ? Entre connerie et innovation, à l’ère où l’on évoque parfois le remplacement de l’homme par la machine pour certaines tâches ? Entre la connerie et les rêves, parfois sans queue ni tête ?

Si vous vous attendez à un livre drôle, piquant, intrigant, ce n’est pas comme cela que je décrirais cette Psychologie de la connerie, qui se veut davantage être un ouvrage sérieux, ouvrant des débats d’une qualité intellectuelle indéniable.

Le livre de Jean-François Marmion sait ainsi nous rappeler à quel point le langage même de la connerie est riche et souvent imagé !

« Au plus bas degré de l’échelle, il y a la bêtise pesante, littéralement brute, de celui qui manque d’intelligence, et qui se rapproche du règne animal (âne, buse, bécasse) ou végétal (courge, cornichon, patate), que le terme abruti désigne parfaitement. C’est aussi celle du stupide, celui que tout laisse dans la stupeur, la lippe inférieure pendante. Cette bêtise brute est proche de la terre (celle de Béotie chez les Grecs) et même de la pierre (la fable du pavé de l’ours en atteste). L’argot la réduit à une chose : le con, sexe de la femme, et pour l’homme, couillon ou tête de noeud ».

Psychologie de la connerie, Jean-François Marmion

S’il y a un point sur lequel les auteurs semblent s’accorder, c’est sur le fait qu’intelligence, culture et connerie sont des notions bien distinctes : on peut être intelligent et cultivé et, pour autant, être con pour mille raisons : par arrogance, comme la personne imbue d’elle-même qui se permet de doubler tout le monde dans une file d’attente, persuadée que son temps est plus précieux que celui des autres ; à cause de nos habitudes de pensée, qui poussent parfois à faire des raccourcis rapides face à certaines situations ; par manque d’intelligence émotionnelle…

« Arriéré, attardé, nigaud, idiot, débile, bête, dingue, imbécile, stupide, niais, toqué, sot, bas du front, fêlé du ciboulot… le vocabulaire de la connerie est sans fin. Cette richesse sémantique reflète sans doute des inflexions de sens, des variations d’usage et des effets de mode.

En gros, cependant, le sens est toujours le même : le con, quelle que soit la diversité des formules et des métaphores, est celui dont on juge que l’intelligence est réduite, et l’horizon mental limité. C’est donc toujours à partir d’une position relative que se définit la connerie. On n’est pas un con en soi (si tout le monde l’était, personne ne pourrait le remarquer). Autrement dit, la connerie se mesure à partir d’un point de référence fixé par qui s’estime supérieur ».

La réflexion menée par les auteurs souligne à quel point la connerie possède des dimensions multiples : il y a cette dimension sociale (on définit toujours le con par rapport à quelqu’un ou à soi-même), une dimension morale (les cons sont souvent ceux qui enfreignent certaines règles, certaines conventions), une dimension cognitive (la connerie résulte parfois d’une réflexion limitée ou entravée par des biais)…

La connerie peut s’apparenter, aussi, à une forme de vulnérabilité et de crédulité : Ryan Holiday, ancien directeur marketing, l’explique particulièrement bien dans son chapitre, en montrant à quel point quelques artifices permettent aisément de « manipuler » l’information pour orienter l’interprétation qu’en fait le public.

Si le livre de Jean-François Marmion soulève de nombreuses questions intéressantes, il lui manque peut-être à mon goût une dimension plus concrète : celle des conséquences de la « connerie » sur les autres, des pistes de solution pour affronter les innombrables cons qui peuplent nos vies… ou pour calmer notre propre connerie quand on a un éclair de prise de conscience ;)

Pour sa défense, ce n’est pas l’approche choisie. On est ici davantage dans un recueil de textes scientifiques que dans un manuel pratique à l’usage des victimes de cons ! Il n’en demeure pas moins qu’entre la connerie qui déclenche l’hilarité générale et la connerie qui impacte – parfois lourdement – des vies humaines, il existe un monde qui, à mon sens, n’est pas assez abordé dans le livre.


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