Quelqu’un pour qui trembler, une bouffée d’optimisme par Gilles Legardinier


Quelqu’un pour qui trembler – Résumé

Voilà une vingtaine d’années que Thomas, médecin, a quitté la France pour s’établir dans un petit village d’Inde où il vient en aide à une population démunie, ce dont il tire un profond sentiment d’utilité.

Mais soudain, il apprend que juste après son départ, sa compagne a donné naissance à une fille, aujourd’hui adulte. Il ne la connaît pas mais la nouvelle le bouleverse tellement qu’il éprouve le besoin de se rapprocher d’elle.

Le retour en France, dans une société de consommation qu’il a perdue de vue, promet d’être difficile… tout comme la perspective de rencontrer l’enfant qu’il n’a pas vue grandir.

Thomas, prêt à tous les sacrifices pour se rapprocher d’elle, accepte un poste de directeur au sein d’une petite maison de retraite.


Auteur.
Taille du livre408 pages.
Note – ★★★★☆

Quelqu'un pour qui trembler, Gilles Legardinier

Quelqu’un pour qui trembler – Critique

Gilles Legardinier est un auteur étonnant car ses histoires ont le don de vous insuffler une profonde bouffée d’optimisme et de foi en l’humanité. Je fais pourtant partie des lecteurs durs avec les histoires « sentimentalistes ». Je les juge souvent mièvres, versant dans les bons sentiments peu réalistes et naïfs. Et pourtant, Gilles Legardinier trouve grâce à mes yeux.

Ses personnages sont attachants, imparfaits… mais surtout, il glisse dans les pages de ses romans de très belles leçons de vie, de celles qui donnent à réfléchir.

Ici, nous plongeons dans l’histoire de Thomas, médecin, qui a toujours nourri le désir profond de porter secours aux plus démunis. Une compassion qui l’a poussé à tout quitter – y compris sa compagne – pour partir en Inde, où il a travaillé dans des zones de conflit avant de s’établir dans un village reculé.

Pendant 20 ans, Thomas a vécu loin de la société de consommation, loin des faux-semblants, auprès d’une communauté chaleureuse où il a mené une vie pas toujours simple mais sans nul doute profondément saine.

« Que ce soit dans le bonheur ou le malheur, il avait éprouvé à leurs côtés des sentiments extrêmes, de ceux qui vous entraînent aux limites de ce que nous sommes réellement une fois les artifices devenus inutiles, quand l’existence se résume à un concentré d’émotions tellement fort à digérer qu’il peut vous attaquer les entrailles et le cœur ».

Jusqu’au jour où Thomas apprend que sa compagne de jeunesse a donné naissance à une fille, peu après son départ pour l’étranger. « SA fille », se convainc le médecin.

Il décide de rentrer en France pour aller à la rencontre de cette enfant qu’il n’a pas connue… mais comment revenir dans un monde dont on a vécu si éloigné pendant tant d’années ? Comment trouver sa place dans la vie d’une jeune femme qui ne sait peut-être même pas que son père n’est pas son géniteur ? Thomas accepte le premier poste qui se présente, celui de directeur d’une minuscule maison de retraite, dans l’espoir de se rapprocher d’Emma, cette fille qu’il ne connaît pas.

Quelqu’un pour qui trembler nous fait éprouver, à ses côtés, l’absurdité d’un monde moderne où l’on a parfois l’impression de « manquer » alors que l’on a tout. Un monde qui croule sous les opportunités de consommation, les supermarchés dont les rayonnages débordent…

Thomas commence à observer sa fille à son insu, comme s’il voulait s’imprégner de la jeune femme qu’elle est, oublier qu’elle est pour lui presque une étrangère et absorber tout ce qu’il peut d’elle, de ses passions, de ses gestes. Son attitude est parfois dérangeante, à la frontière entre intérêt et voyeurisme déplacé… et les péripéties sont parfois abracadabrantes.

Mais toujours, il y a ces phrases glissées au gré du récit qui nous font réfléchir, qui nous font oublier ce que le roman peut avoir d’irréaliste.

J’ai bien aimé celle-ci par exemple : « Le père de Kishan disait souvent que le hasard n’existe pas. Il aurait certainement expliqué que si Michael et Thomas n’étaient pas à leur place, c’est parce qu’ils étaient encore en chemin pour y parvenir ».

Une personne avec qui j’ai travaillé m’avait un jour raconté que ses étudiants vietnamiens disaient toujours « pas encore » au lieu de « pas ». Par exemple, « je n’ai pas encore lu ce livre » au lieu de « je n’ai pas lu ce livre ». Pourquoi ? « Pour ne pas fermer l’avenir ». Cette sagesse orientale fait du bien, elle nous ramène aux fondamentaux.

J’ai bien aimé, aussi, cette définition de la jeunesse/vieillesse :

« Tu resteras jeune tant que tous les ennuis que tu affronteras viendront des autres, de l’extérieur. Le jour où tu t’apercevras que ce que tu es devenu t’empêche de vivre comme tu l’entends, ce sera différent. Physiquement ou mentalement, tu toucheras ta propre limite.

Tu ne seras plus uniquement au service de tes rêves et de tes envies. Tu deviendras aussi l’outil de tes besoins, de plus en plus immédiats. Jusqu’à n’être plus que cela. On est vieux quand on devient son propre ennemi« .

Si je ne suis pas forcément d’accord avec cette vision des choses, elle m’a fait réfléchir. Allez, une dernière citation pour la route, sur un sujet passionnant : les adultes qui ont tendance à « mettre en garde » les plus jeunes sur les dangers et mauvaises expériences qu’ils risquent de croiser sur leur chemin.

« Offrons [aux jeunes] la chance de se faire surprendre par l’amour, par la violence du monde, par ce qu’offre ou ce que coûte chaque âge, et même par la mort. Envisager l’existence comme une odyssée plutôt que comme une feuille de route dont on coche les passages obligés.

On les encombre, on leur enseigne nos peurs, on ne leur montre que nos échecs, on ne leur donne que des leçons. Et nous sommes incapables de leur faire ressentir nos joies et nos espoirs, qui pourtant justifient tout ».

Alors à l’heure du bilan, oui, il y a dans Quelqu’un pour qui trembler une certaine mièvrerie… mais il y a aussi ces si beaux passages qui vous tirent vers le haut, vous incitent à réfléchir à vos priorités pour miser sur ce qui est vraiment important dans la vie. Et ça fait du bien !


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