Des auteurs auto-édités se mobilisent contre le harcèlement de rue


Des auteurs auto-édités se mobilisent contre le harcèlement de rue – Résumé

17 nouvelles, par 17 auteurs, autour d’un seul sujet : le harcèlement de rue. Il fait de nombreuses victimes, chaque jour, une pression souvent insidieuse car lorsque la menace prend la forme d’une petite phrase jetée furtivement, elle paraît sournoise et difficile à combattre.

17 nouvelles, donc. Elles ne se résument pas au « Hé, Mad’moiselle » qui incarne si souvent le harcèlement de rue. Parfois, ça va plus loin. Et toujours, ça va trop loin. 17 auteurs ont pris la plume pour briser le silence, interpeller sur une réalité à laquelle nous sommes nombreux.ses à être confronté(e)s un jour ou l’autre.


Auteur.
Taille du livre195 pages.
Note – ★★★☆☆

Recueil de nouvelles contre le harcèlement de rue

Des auteurs auto-édités se mobilisent contre le harcèlement de rue – Avis sur le livre

De ce livre, ce que l’on retient, c’est d’abord la charge mentale. Le sentiment que chaque femme (et des hommes aussi, parfois) évolue en permanence avec une menace sournoise qui prend des formes multiples et peut s’exprimer au plus inattendu des instants. Et cette menace pèse lourd.

On l’appelle souvent le harcèlement de rue mais en réalité, comme on le mesure pleinement au fil des 17 nouvelles qui composent ce recueil, sa portée dépasse de très loin la rue, comme le rappelle Fanny Méplomb dans sa nouvelle « Je n’ai pas passé une bonne semaine » :

« Le harcèlement concerne tout le monde, petit, grand, gros, maigre, blond, brun, roux, tatoué, handicapé, danseur, serveur, enseignant, facteur, chef d’entreprise, surveillant, gardien, footballeur, banquier, musicien, médecin, vétérinaire, menuisier, opticien, animateur, journaliste, etc ; à tous les âges, à partir du moment où les parents on l’idée d’avoir un enfant jusqu’à ce que plus personne ne se souvienne de lui.

Il peut arriver à tout moment, sous la douche, pendant le petit-déjeuner, à l’école, au travail, dans le bus, chez le dentiste, dans la file d’attente chez le médecin, lors d’une baignade à la mer, au cours d’une randonnée. Le plus souvent, c’est lorsqu’on ne s’y attend pas.

Il prend toutes les formes possibles et imaginables : racisme, sexisme, homophobie, harcèlement moral et physique, etc. Cela peut vous toucher vous directement ou alors un de vos proches, quelqu’un que vous croisez, une personne dont vous entendez parler… tout le monde !

Parfois, il est facile d’agir, mais ce n’est pas toujours le cas. Nous pouvons toujours agir à notre échelle ».

Les petites phrases à la volée que subissent les victimes, la peur de se faire suivre, de se faire agresser par une personne dont on ne comprend pas les motivations mais dont on sent pleinement les intentions hostiles, crée un climat pesant et le sentiment de devoir se méfier dès que l’on franchit le pas de sa porte.

Quelques mots suffisent parfois à porter atteinte à la confiance en soi et à susciter chez la victime mille questions qui n’ont pourtant pas lieu d’être sur sa propre responsabilité dans le harcèlement de rue.

En effet, ce harcèlement ne découle pas d’une attitude, pas plus qu’il ne découle d’une tenue vestimentaire… mais comme souvent, la victime en arrive à s’interroger sur ce qu’elle a fait pour susciter chez l’autre de telles réactions.

De même, dans le cas du harcèlement sexuel, on constate toujours un décalage flagrant entre ce que l’homme projette sur sa victime (« elle me résiste mais ça la rend plus excitante, en fait je suis sûr qu’elle fait ça pour m’attirer ») et ce que ressent la victime, qui relève davantage de l’angoisse !

Ce sentiment pesant, nous l’éprouvons aussi en tant que lecteurs. Au fil des 17 nouvelles composent le recueil, on se surprend à marquer des pauses pour souffler, pour se libérer de cette charge mentale que l’on ressent à chaque nouveau récit.

Les nouvelles ont été classées en fonction de leur degré de violence, les premières étant censées exprimer des formes de harcèlement plus légères. Pourtant, dès la première, on réalise que c’est déjà trop.

Recueil de nouvelles contre le harcèlement de rue

Une question m’a beaucoup habitée au fil des pages : à qui s’adresse ce livre, au fond ? Le harcèlement de rue est un phénomène aussi pénible que répandu et inévitablement, un recueil de nouvelles sur le sujet n’est pas la lecture la plus plaisante qui soit, pour peu que l’on ressente un peu d’empathie. Peu importe si les histoires, dont je vais vous parler ensuite, sont intéressantes.

La détresse des victimes est palpable et si vous la ressentez, vous n’avez sans doute pas besoin de ce type de recueil de nouvelles pour mesurer les conséquences du harcèlement de rue.

À l’inverse, une personne qui se livre à ce type de harcèlement, peut-être sans prendre conscience de l’impact qu’il a sur la victime, risque fort de ne pas se tourner vers un recueil de nouvelles comme celui-là… car le sujet lui paraîtra étranger.

D’ailleurs, certaines nouvelles l’expriment parfaitement : un homme qui interpelle une femme dans la rue, lui susurre un compliment sur son apparence, a souvent l’impression de ne rien faire de mal. Il se montre insistant ? Dans son esprit, si la femme n’a pas répondu, il y a peut-être un espoir…

Il ne réalise pas que c’est du harcèlement et non un jeu de séduction consenti. Il ne réalise pas que pour une femme, la répétition quotidienne de ce type de comportement fait naître un sentiment de menace et de gêne qui ne donne pas la moindre envie d’engager un échange.

Pourtant, je suis convaincue qu’il est important que des voix s’élèvent sur ce sujet, peu importe si la cible est floue et si le message passe parfois à côté du destinataire. Ça a le mérite d’ouvrir un débat finalement assez nouveau dans la société, de faire prendre conscience d’une réalité qui a parfois été passée sous silence tant elle se banalisait.

« Il lui faudrait ne plus écouter la radio, ne plus lire les journaux, mais elle ne peut pas. Ces femmes parlent, elle leur doit de les écouter, même si ce n’est pas à elle qu’elles s’adressent. Ne pas les écouter, ce serait les nier une fois de plus. Ce sont les autres qu’il ne faut pas écouter, ceux qui les accusent de parler trop tard, d’être responsables des victimes suivantes, ceux qui pensent qu’elles mentent, qu’il ne faut pas « surinterpréter » un geste, un sifflement ou un regard. Que le consentement est une notion discutable… Qui ne dit mot consent, n’est-ce pas ? » (Alexandra Estiot, Même pas peur)

Ce recueil est imparfait : l’orthographe, par exemple, aurait mérité plus d’attention (j’ai relevé des « son attention diriger exclusivement », « te sentir gêner » qui piquent !). Certains messages sont parfois assénés sans subtilité, certaines plumes manquent de l’aisance que l’on retrouve chez d’autres, on note des erreurs factuelles (ex : une nouvelle évoque la relation homosexuelle entre Rimbaud et Baudelaire, alors qu’il s’agissait en réalité de Rimbaud et Verlaine).

Mais les différentes facettes du harcèlement sont bien traitées. Les malentendus, la peur des victimes, la médisance dont font parfois preuve les femmes entre elles… Ce qui fait de ce livre un excellent support pour ouvrir le dialogue !

Les 17 nouvelles du recueil

Voici un avant-goût des nouvelles que vous découvrirez dans ce recueil…

1. Baume au coeur (Iléana Métivier) – Dans un bus, une jeune femme se fait aborder lourdement par un homme, bien que son attitude indique clairement qu’elle ne souhaite pas échanger avec lui. Les autres passagers, témoins de la scène, vont-ils opter pour l’indifférence travaillée ou oser intervenir ?

2. Une fille pour un soir (Sam Castel) – Amaury passe rapidement chez ses parents avant de se rendre à la soirée déguisée organisée par un ami, sans avoir déniché de déguisement ! Il y croise sa soeur, Héloïse, encore lycéenne, qui évoque le harcèlement quotidien qu’elle subit dans la rue. Devant l’attitude d’Amaury, qui minimise le phénomène, la jeune fille décide alors de lui lancer un défi : se déguiser en femme pour se rendre à la soirée. Cette initiative va-t-elle agir comme un électrochoc ?

3. Table ronde (Elie Crapson) – Dans un groupe de parole consacré au harcèlement, chaque participant a dû préparer un texte basé sur son vécu afin de se libérer de ses expériences traumatiques…

4. Tous solidaires (Charlotte Blanchard) – Camille et Jade sont lesbiennes mais surtout, elles sont amoureuses et viennent de passer une excellente soirée ensemble. A leur retour, elles se font héler par des homophobes, qui laissent entendre qu’elles ont renoncé à l’hétérosexualité faute d’avoir rencontré « le bon homme »… Leur quotidien dans le quartier va-t-il tourner au cauchemar ?

5. No Smile (Matilda Milliau) – Une jeune femme se fait harceler alors qu’elle rentre chez elle, à deux pas de son logement, dans un périmètre qui pourtant lui semblait familier et rassurant…

6. Je n’ai pas passé une bonne semaine (Fanny Méplomb) – Chaque jour, une situation de harcèlement a marqué la vie d’une personne…

7. Comédie réussie (Natalia Vikhalevsky) – Roman vit chez sa soeur aînée, Violetta, pour échapper à des parents qui n’assument pas leur rôle. Il a trouvé un emploi d’animateur dans un centre pour ados en difficulté et un jour, il y rencontre Joséphine, qui va devenir sa collègue… et lui faire vivre un épisode surprenant !

8. En colère (S.N. Lemoing) – Samia s’apprête à passer un entretien pour décrocher son premier emploi mais alors qu’elle essaie de se mettre dans un état d’esprit positif, elle se fait importuner dans la rue… et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive !

9. Une journée banale (Laura Pierre-Joseph) – Un soir, à Paris, un homme ivre mort s’emporte contre les femmes en les traitant de « salopes ». Le temps défile ensuite jusqu’au matin de cette même journée où deux maisonnées s’éveillent : d’un côté, Marc, qui souffre dans un travail où il se sent particulièrement mal ; de l’autre, Lola, heureuse et amoureuse, qui a plaqué son CDI dans la banque pour réaliser son rêve de travailler comme fleuriste. Au fil de la journée, leurs routes vont finir par se croiser…

10. Le bar de l’angoisse (Joëlle Laurencin) – Maria aime son travail dans un bar… si ce n’était ce client, qui présente bien mais lui glisse les pires horreurs au nez et à la barbe de tous. Jusqu’au jour où le pervers sexuel la menace ouvertement de viol…

11. Entrez dans la ronde (Guillaume Marin) – Hakim est maghrébin et dans le quartier où il se rend, cela lui vaut les pires insultes racistes. Mais qu’à cela ne tienne, il a repéré Clara, une jolie femme qui passe dans la rue et qu’il décide d’interpeller… De fil en aiguille, chacun devient le harceleur de quelqu’un d’autre ; des agressions qui, comme un boomerang, pourraient finir par revenir au point de départ…

12. Même pas peur (Alexandra Estiot) – Une dame très âgée se plonge dans un examen de sa vie, réfléchissant à l’éducation que l’on donnait aux filles à son époque. On leur apprenait avant tout à tenir un foyer et elle se demande si les femmes ont en réalité toujours subi les brimades qu’elles subissent et dénoncent aujourd’hui…

13. Affamé (Laetitia Mahy) – Les parents de Lauren l’obligent à adopter une tenue vestimentaire qu’ils jugent féminine. Sans réaliser que la lycéenne ne supporte plus les regards qui en découlent… à commencer par l’attitude de John, son voisin dans l’immeuble, qui fréquente le même lycée qu’elle et a pris l’habitude de la suivre, persuadé qu’elle cherche à l’aguicher. Le calvaire de Lauren va-t-il éclater au grand jour lorsque le lycée décide d’organiser un cours avec jeux de rôles sur la thématique du harcèlement ?

14. Panique (Carine Petit) – Pauline est une femme pulpeuse qui, dans son métier d’assistante de direction, doit souvent faire face aux remarques déplacées des hommes. Elle a même déjà été suivie par certains pervers… et ce midi-là, alors qu’elle sort déjeuner à l’extérieur, ça recommence : elle attire l’attention d’un homme qui se met à la traquer.

15. C’était une mauvaise mère (DeathCodeValid) – Felix est au lycée, son petit ami Adrien est un peu plus âgé et est connu comme mannequin sur les réseaux sociaux. Il a la chance d’avoir des amis bienveillants mais les autres ne sont pas toujours aussi ouverts d’esprit sur le sujet de l’homosexualité. Un jour, la mère de Felix plonge dans le journal intime de son fils…

16. Quatre fois maudit-e (Élie Brouët) – Est-elle lesbienne, hétérosexuelle, garçon, fille ? En tout cas, il.elle se cherche et l’identité de genre, comme l’épanouissement dans une sexualité assumée, ne va pas toujours de soi…

17. Ninja (Marlie Miller) – Alexia a décroché un premier emploi dans le marketing produit, un univers où elle aspire à évoluer depuis qu’elle l’a découvert. Situation idyllique, si ce n’était l’attitude perturbante de Salim, son chef de service, qui a tendance à se montrer un peu trop tactile avec elle… et le manque de soutien de son collègue Edouard, incapable de prendre la moindre initiative dans le travail. Mais Alexia va découvrir que dans son entreprise, il y a plus grave : Patrick, le responsable, laisse entendre qu’il pratique la « promotion canapé » et que c’est une étape indispensable pour évoluer dans le métier. Et un jour, Alexia se fait agresser dans le parking de la société…


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2 commentaires sur “Des auteurs auto-édités se mobilisent contre le harcèlement de rue
  • laetitia

    Merci pour ce super article, hyper bien détaillé et très complet !

    • Marlène

      Merci à toi Laetitia !



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