Reflex, Maud Mayeras : « Le polar absolu »

J’entendais décidément beaucoup parler de Maud Mayeras, sans trouver le temps de mettre la main sur l’un de ses romans. Il y a eu d’abord Hématome en 2006, salué par la critique, puis Reflex en 2013. Quand mon père m’a mis entre les bras une grosse pile de livres « pour les vacances » (il me connaît comme s’il m’avait faite, hum), je n’ai pas hésité bien longtemps et Reflex a été dévoré aussitôt. Une belle découverte !

Iris Baudry, l’héroïne de ce roman, est une femme brisée. Elle a grandi sous la coupe d’une mère malsaine avec qui elle a totalement coupé les ponts pour se protéger. Son fils unique, Swan, lui a été arraché alors qu’il n’avait que six ans, enlevé dans son propre jardin et assassiné. Iris, bègue, grande buveuse de bière et célibataire de longue date, avait fui la ville de son cauchemar. Elle est devenue photographe de scènes de crime, comme pour faire un pied de nez à son atroce passé.

Mais un jour, une affaire la ramène dans sa ville natale et elle découvre que Swan n’a pas été la victime d’un acte isolé. Non, d’autres enfants ont disparu. L’homme qui est en prison, condamné pour le meurtre du petit garçon, a-t-il inspiré des vocations macabres ou n’est-il pas le vrai coupable ?

Et puis, il y a cette deuxième histoire que Maud Mayeras nous raconte parallèlement à la première : Julie Carville, une jeune fille de bonne famille à l’époque de la Première Guerre Mondiale, fait un jour une mauvaise rencontre avec des soldats… Violée, elle doit faire face à une grossesse non désirée.

Comment les deux scénarios vont-ils se rejoindre pour faire sens l’un par rapport à l’autre ? On se doute bien qu’il doit exister un lien entre les deux. Je dois avoir l’esprit suffisamment tordu puisque je me doutais du fameux lien avant que mes soupçons se confirment… mais quelle orchestration magnifique de la part de Maud Mayeras !

Une plume franche, parfois brutale, des personnages d’une complexité folle, une vraie analyse de leur psychologie, de leurs interactions, du suspense justement dosé, un récit qui ne sombre jamais dans la caricature et qui, jusqu’au bout, sait surprendre même si, comme moi, vos intuitions tombent juste.

La seule chose qui m’empêche de mettre 5 étoiles à ce roman, c’est un style parfois un poil trop descriptif… J’aime quand l’auteur laisse un peu plus la place à l’imagination du lecteur.

Mais là encore, ces descriptions sont menées avec une telle finesse sensorielle qu’elles ne gâchent rien au plaisir de la lecture : on entend, on voit, on sent, on goûte, on touche avec les personnages… Maud Mayeras nous fait aimer ce qu’on croyait ne pas aimer dans un livre. Un vrai coup de cœur !