Reste avec moi, Jessica Warman

La héroïne, Elizabeth Valchar, n’a d’héroïne que le nom. Elle a perdu sa maman à l’âge de 9 ans dans des circonstances pour le moins tragiques et son père a compensé ce vide en satisfaisant ses moindres désirs. A l’âge de 18 ans, Liz est riche, belle (une beauté qu’elle entretient en dépensant des fortunes) et populaire… ce qui ne l’empêche pas de se montrer souvent odieuse et méprisante. Mais rien ne l’a préparée à la découverte qu’elle fait ce jour là : après avoir fêté son anniversaire sur le voilier familial et alors que tout le monde dort profondément, elle est réveillée par un bruit sourd contre la coque du bateau. Elle découvre un corps flottant à la surface de l’eau. Ce corps, elle le connaît bien puisque c’est le sien.

Réduite à l’état de fantôme, Liz retrouve Alex Berg, un garçon qu’elle n’appréciait guère et qui a lui aussi trouvé la mort à l’adolescence. Alex n’appartenait pas au même monde, pourquoi l’idole du lycée se serait-elle seulement « rabaissée » à lui adresser la parole ? Dans l’au-delà, pourtant, Liz n’a d’autre choix que de s’accommoder de sa présence. En effet, sa propre mémoire est en lambeaux, elle se souvient de certaines choses mais semble avoir oublié l’essentiel. Guidée par Alex, elle apprend peu à peu à plonger dans le passé pour reconstituer cette mémoire fragmentée.

Les questionnements se bousculent dans l’esprit du lecteur : pourquoi Liz a-t-elle tout oublié ? Sa mort est-elle un accident ou un meurtre ? Qui pourrait lui en vouloir ? Pourquoi se retrouve-t-elle avec Alex Berg alors qu’elle n’avait aucun respect pour lui de son vivant ? Peu à peu, grâce à une intrigue très bien structurée, Jessica Warman nous livre des réponses… et, à l’instar d’Elizabeth Valchar qui assemble peu à peu les pièces du puzzle, nous comprenons progressivement ce qui s’est passé et pourquoi.

L’auteur n’hésite pas à plonger dans l’histoire familiale des personnages pour expliquer leur comportement : il en résulte un tableau tout en nuances qui accroît grandement la qualité globale du livre. Richie, le petit ami de Liz, ou encore Josie, sa demi-sœur et meilleure amie, sont ainsi décrits avec une grande finesse psychologique. Jessica Warman nous livre des personnages intéressants car ils ne sont pas lisses : la superficialité de Liz, par exemple, cache une vraie blessure intime.

Il faut reconnaître que l’intrigue n’a rien de révolutionnaire : des morts qui restent à l’état de fantômes jusqu’à ce que le mystère de leur disparition soit élucidé, des secrets de famille, etc. Pour qui est familier des enquêtes, le dénouement ne sera pas une surprise. De même, les possibilités d’action de Liz et Alex restent limitées : ils ne peuvent ni communiquer avec les vivants ni leur laisser des indices indirects. De ce fait, le rythme de l’histoire reste plutôt lent ce qui peut déplaire à certains lecteurs. C’est l’occasion néanmoins d’approfondir le vécu de chacun.

Reste avec moi est un livre divertissant, bien construit, avec une écriture fluide et agréable. Il m’a fait penser aux romans de Michel Bussi : une intrigue efficace, à laquelle on peut reprocher sa simplicité mais qui en fait justement un livre parfait pour un moment de détente !