Le rouleau compresseur et le violon : le film de fin d’études d’Andreï Tarkovski


Le rouleau compresseur et le violon – Résumé

Chaque jour, Sasha, 7 ans, pratique le violon pendant plusieurs heures pour satisfaire aux exigences de ses parents. Une discipline qui lui vaut d’être tourné en dérision par les enfants de son immeuble, qui n’hésitent pas à s’en prendre à lui.

Un jour, le petit garçon croise la route d’un ouvrier qui conduit un rouleau compresseur. L’homme, Sergueï, lui propose de s’asseoir derrière le volant. Ce geste de sympathie bouleverse profondément la journée du petit garçon. Une amitié aussi fugace qu’improbable se tisse alors entre lui et l’adulte.

Troisième et dernier film réalisé par le cinéaste Andreï Tarkovski pendant ses études, Le rouleau compresseur et le violon est sorti en 1961.


RéalisateurAndreï Tarkovski.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★☆

Film indisponible à la vente
Le rouleau compresseur et le violon, Andreï Tarkovski

Le rouleau compresseur et le violon – Critique

Comment ai-je bien pu tomber sur ce court-métrage méconnu du cinéaste russe Andreï Tarkovski, moi qui n’y connais rien au cinéma ? Je l’ai découvert en cherchant la trace d’un film vu dans mon enfance, une histoire de violoniste qui traversait toutes sortes d’épreuves et descendait tout habillé dans un lac en jouant du violon. Impossible de remettre la main dessus mais en lisant le résumé du court-métrage Le rouleau compresseur et le violon, j’ai décidé de le regarder.

Il se trouve que c’est le film de fin d’études de l’un des plus grands cinéastes soviétiques, Andreï Tarkovski, qui a suivi des cours à la VGIK (Institut national de la cinématographie de Moscou). On y retrouve des thèmes qui lui seront chers tout au long de sa carrière : l’enfance, les éléments, des émotions et sensations profondes, la capacité à représenter des scènes de vie dans ce qu’elles ont de plus concret.

Le cinéma russe pour enfants, auquel se film se rattache, est un genre à part entière qui est loin d’être dénué d’intérêt. Le héros du film Le rouleau compresseur et le violon est le petit Sasha, 7 ans, un enfant de Moscou qui s’entraîne à jouer du violon plusieurs heures par jour pour se plier au vœu de sa mère.

Des figures féminines que Sasha ne semble jamais contenter : qu’il s’agisse de sa mère, de son professeur de violon, de la petite fille qui attend avec lui l’heure du cours, chaque femme lui oppose une forme de mécontentement qui sculpte l’image que l’on se forge de l’enfant.

Par ailleurs, Sasha n’est pas intégré parmi les autres gosses du quartier : lui, le « Musicien » aux mains blanches, qui ne joue jamais avec ses camarades, se fait harceler quand il essaie de traverser en catimini la cour commune pour se rendre à ses cours.

Alors, quand un ouvrier lui propose d’essayer de conduire son rouleau compresseur, Sasha s’éveille : on lui accorde de l’importance. Sergueï, l’ouvrier, qui a connu la guerre quand il était lui-même enfant, se laisse transporter en l’écoutant jouer du violon. C’est, l’espace d’un instant, deux mondes qui se croisent.

L’ouvrier, que le destin emmènera dès le lendemain sur un autre chantier, s’élève grâce à la musique. Le petit garçon prend (un peu) confiance en lui et lorsqu’il rentre dans son foyer que l’on devine aisé ce soir-là, c’est avec de la graisse sur les doigts.

Le rouleau compresseur et le violon, Andreï Tarkovski

En peu de mots et à travers des plans à l’esthétique soignée, Andreï Tarkovski nous immerge dans un univers de sensations puissantes : des jeux de miroir, dans une vitrine, capturent des scènes de vie ; de gros plans sur des détails (le chignon de la petite fille du cours de musique, un chat dormant sur une chaise) éveillent instantanément des émotions…

L’ancrage à la terre et au concret est omniprésent : c’est l’énorme masse qui détruit des bâtiments, l’écroulement des briques, la pluie diluvienne qui s’abat, le rouge vif du rouleau compresseur qui tranche avec les rues ternes, ce même rouge vif des fruits qu’une femme fait tomber sur le sol boueux.

C’est la pomme, rouge elle aussi, que Sasha dépose sur la chaise de la petite fille qui attend son cours de musique à ses côtés. Tentative timide pour tisser des liens, rejet de l’enfant qui repousse la pomme… et finit par la dévorer en entendant la virtuosité avec laquelle Sasha joue. Pour ne laisser qu’un trognon rongé, filmé en gros plan sur la chaise vide. Un message à part entière…

C’est le garçon harceleur qui, en tentant de déconcentrer Sasha alors qu’il conduit le rouleau compresseur, se casse la figure. La sonnette de sa bicyclette se détache et, passant sous l’énorme rouleau, se retrouve écrasée et en même temps à jamais prisonnière du sol de la rue.

L’amitié qui se tisse entre les deux héros du film est aussi inattendue qu’improbable : adulte et enfant, deux milieux sociaux radicalement différents, une fenêtre temporelle très courte puisque dès le lendemain, Sergueï devra repartir pour d’autres chantiers.

Il y a aussi, ce paradoxe intéressant entre le métier de Sergueï, qui détruit et efface des bâtiments et des quartiers… et son attitude, qui construit quelque chose chez Sasha, faisant naître chez l’enfant un embryon de confiance en soi.

Le rouleau compresseur et le violon a permis à Tarkovski de décrocher le premier prix du Festival du Film Étudiant de New York en 1961. Et même si c’est un film qui donne plus de place au style et à l’esthétique qu’à l’histoire, je trouve qu’il a beaucoup d’intérêt.


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