Si je serais grande, Angelina Delcroix : dans l’enfer d’une secte


Si je serais grande – Résumé

En 2006, 2 petites filles disparaissent simultanément : Manon Delage et Charlie Meyer. Bien que voisines, les deux enfants ne se trouvent pas ensemble au moment où elles se volatilisent dans la nature et les enquêteurs ne parviennent pas à les retrouver rapidement.

Ailleurs, Eleanor, 6 ans, grandit dans une famille déconcertante : si son père lui paraît aimant, sa mère se montre souvent dure et intransigeante. Elle reproche à Eleanor son imagination débordante. Mais est-ce vraiment de l’imagination quand on s’invente une toute autre vie ?

En 2016, une découverte va peut-être tout expliquer : la police tombe par hasard sur un charnier d’enfants en pleine forêt de Compiègne. Parmi les restes humains, une survivante. Une miraculée.


Auteur.
Taille du livre392 pages.
Note – ★☆☆☆☆

Si je serais grande, Angelina Delcroix

Si je serais grande – Avis sur le livre

Le roman d’Angelina Delcroix s’inspire d’un fait divers qui a fait l’objet d’un reportage intitulé Viols d’enfants : la fin du silence, diffusé en l’an 2000 sur France 3.

Dans les années 90, un frère et une sœur affirment avoir été victimes de viol, et accusent leur père et plusieurs adultes. Ils décrivent de manière étonnamment précise des cérémonies à caractère sectaire, impliquant des meurtres rituels et des viols pédophiles, et plusieurs indices mettent les enquêteurs sur la piste d’un réseau organisé bénéficiant de protections parmi les plus hautes instances administratives.

L’histoire a fait l’objet d’un non-lieu, malgré des déclarations d’une substitut du procureur de Bobigny affirmant qu’on avait découvert des charniers d’enfants en Seine-et-Marne, déclarations démenties par la suite par la ministre de la justice.

Angelina Delcroix a choisi de donner vie à cette histoire glaçante et compte-tenu du fait divers sous-jacent, on ne peut s’empêcher de porter sur l’intrigue un regard particulier : celui du « et si c’était vrai ? »

Je dois le reconnaître : je n’ai pas apprécié le roman Si je serais grande… alors qu’on me l’avait recommandé à plusieurs reprises. Je me dois donc de vous expliquer ce qui ne m’a pas plu car peut-être qu’il vous correspondra davantage.

J’ai d’abord trouvé que la structure de l’histoire était extrêmement confuse, mettant trop longtemps à s’éclaircir : pendant de nombreux chapitres, on passe d’un groupe de personnages à un autre, d’une époque à une autre, on mêle des histoires de foyer aimant à des histoires de sectes, des enfants maltraités à des enquêteurs ayant leurs propres traumatismes.

Bien sûr, tout finit par avoir un sens mais pendant une bonne partie du livre, l’intrigue est entourée d’un tel halo de confusion que j’ai eu l’impression de ne pas du tout savoir où l’auteur voulait aller, au lieu de ressentir du suspense. Quels personnages, quelles intrigues en apparence secondaires sont importants ? Qu’est-ce qu’il faut retenir ? Est-ce que telle ou telle scène qui a l’air décorrélée du reste va finir par jouer un rôle capital ? Mystère…

Mais soit, peut-être cela rend-il l’histoire encore plus réaliste car on se retrouve au même stade que les enquêteurs qui doivent démêler ce qui a de l’importance et ce qui n’en a pas.

Si je serais grande, un roman dérangeant

L’autre aspect qui m’a dérangée peut-être plus encore est la tendance d’Angelina Delcroix à recourir à des effets de style un peu trop « banals » et à une surenchère dans la violence et les descriptions sanglantes, qui me semble toujours un peu trop facile dans un roman.

C’est, par exemple, les équipes médicales qui crient en arrivant à l’hôpital : « Plaies par arme blanche à l’abdomen ! Elle a perdu beaucoup de sang ! On a failli la perdre sur le trajet ».

Ce sont des effets verbaux comme « le corps, du moins ce qu’il en restait », que j’ai l’impression d’avoir déjà lus mille fois dans les romans.

Ce sont des descriptions qui mettent l’accent sur le sang et l’horreur, sans filtre. Voici un exemple assez « léger » par rapport aux scènes de crimes racontées dans le livre :

« L’homme était nu. Les vêtements avaient été jetés en boule contre un mur. Le menton reposait sur son torse ouvert, noyé de sang. Quelque chose ressortait de sa bouche et continuait de goutter carmin sur le canapé en cuir blanc.
– Comme vous voyez, lança Andrea, il n’a plus sa joyeria de la familia. Émasculation nette, réalisée sans hésitation ».

Alors évidemment, on a droit à tout ce qui s’ensuit : les gens choqués qui vomissent sur les scènes de crime parce que le visuel est insoutenable, les détails anatomiques précis et dérangeants… et bien sûr, on meurt de préférence sur un canapé en cuir blanc ou avec un pantalon beige car ça fait mieux ressortir le sang dans les descriptions.

Par exemple, comme ça :

« La tête retombait devant l’ouverture thoracique par laquelle avait été extrait le cœur. La matière grise, exposée au public, était transpercée de plusieurs aiguilles prolongées par des câbles électriques. Andrea, la légiste, était accroupie près du pantin macabre. Elle venait de ramasser les papiers de la victime, posés en évidence sur le pantalon beige, tendance carmin ».

Vous allez peut-être me reprocher d’extraire les pires passages… mais c’est symptomatique de ce que je reproche au livre : il y a beaucoup d’aspects dérangeants, qui interpellent, dans une histoire de secte pédophile qui serait protégée en haut lieu.

Mais ils ont tendance à être noyés dans une surenchère de mises en scène sanglantes dont le caractère théâtral et dramatique fait perdre à mes yeux à l’intrigue sa capacité à susciter de vraies questions. Le « et si c’était vrai ? » qui me paraît pourtant si capital dans le fait divers ayant inspiré le roman.

Bref, ce n’était pas un livre pour moi mais peut-être qu’il vous correspondra davantage ! N’hésitez pas à partager votre avis si vous l’avez lu !


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