Mes sincères condoléances : les confidences d’un croque-mort

C’est d’abord une forme de curiosité pour cette profession de croque-mort, assez méconnue malgré (ou à cause ?) des nombreuses séries télé qui mettent en scène les pompes funèbres. C’est ensuite l’intuition que les enterrements donnent lieu à bien des situations étonnantes. Si vous avez déjà assisté à des enterrements ou écouté des gens de votre entourage, vous avez peut-être déjà entendu des anecdotes surprenantes : la famille qui est prise d’un fou rire nerveux au cimetière, la personne qui a oublié de couper son téléphone et dont la sonnerie ridicule retentit au beau milieu de la cérémonie, etc.

Alors forcément, imaginez quand c’est un croque-mort qui vous raconte les histoires qui l’ont le plus marqué ! En 20 ans de carrière, Guillaume Bailly en a vu beaucoup.

Ne vous attendez pas à un livre comique, fait d’anecdotes abracadabrantes. Si la mort fait parfois de jolis pieds-de-nez, elle est rarement drôle et pour apprécier ce livre, il faut une certaine distance avec le sujet ! L’écriture est fluide et sensible et les histoires sont tour à tour amusantes, bouleversantes et même agaçantes (des erreurs administratives invraisemblables, des familles dont l’attitude est révoltante).

Des maladresses, de « grosses boulettes », de véritables rapaces qui se révèlent au moment des enterrements, des gens qui s’aiment et se soutiennent dans l’épreuve, Mes sincères condoléances est un mélange très équilibré de tout ça, ce qui permet de lire le livre d’une traite sans avoir l’impression de plonger dans un véritable cauchemar.

On sent en lisant que Guillaume Bailly aime profondément son métier et qu’il a soigneusement fait le tri pour en montrer des facettes dignes d’intérêt. Le rire est là, bien sûr, sûrement indispensable pour prendre de la distance par rapport à ce qu’on vit au quotidien quand on est croque-mort. Mais il y a aussi une bonne dose de diplomatie et de psychologie dont on comprend l’importance quand on découvre l’envers du décor !

On devine que ça reste une vision édulcorée d’un métier difficile mais c’est un bon moyen de démystifier cette profession dont bien des gens ignorent tout alors qu’on y est tous confrontés tôt ou tard.

D’ailleurs, dans Mes sincères condoléances, Guillaume Bailly glisse aussi certaines explications sur le métier. Vous apprendrez par exemple d’où vient le mot corbillard, quels sont les préjugés auxquels les employés de pompes funèbres sont confrontés le plus souvent…

En résumé, si cette profession vous intrigue et que vous voulez en avoir une vision un peu plus réaliste que celle donnée par la série Six Feet Under, ouvrez ce livre sans attendre !