Sonderkommando : dans l’enfer des chambres à gaz – Résumé
A l’âge de 21 ans, Shlomo Venezia est déporté à Auschwitz-Birkenau. Dans le camp de concentration, il intègre rapidement le Sonderkommando, un groupe de détenus contraint à aider les Allemands à mettre en œuvre leur « solution finale », à savoir l’extermination de tous les Juifs.
Le rôle du Sonderkommando n’est pas de tuer mais de veiller à la fluidité et à la rapidité du terrible processus : faire en sorte que les prisonniers entrent le plus vite possible dans les chambres à gaz, couper les cheveux des morts et récupérer leurs biens, transporter les cadavres dans les crématoires et les brûler.
Une mission exécutée sous les coups, qui oblige Shlomo Venezia à « s’anesthésier » l’esprit pour ne pas songer aux actes qu’il est forcé d’accomplir. Une mission qui, tous le savent, se soldera par leur propre mort car aucun membre du Sonderkommando ne doit pouvoir raconter les atrocités dont il a été témoin. Pourtant, Shlomo Venezia est parvenu à survivre et raconte dans ce livre bouleversant ce qu’il a traversé.
Auteur – Shlomo Venezia.
Taille du livre – 264 pages.
Note – ★★★★★
Sonderkommando : dans l’enfer des chambres à gaz – Critique
Son récit, préfacé par Simone Veil, est dépouillé de tout artifice. Il livre ce qu’il a vu en personne, se refusant à relayer des histoires entendues dans les camps ou des anecdotes qu’on lui a rapportées. Il tient, à tout instant, à être certain que ce qu’il raconte est vrai.
Cette franchise le conduit à expliquer ce qu’il a traversé avec une grande rigueur et une sobriété qui imprègnent tout le récit.
Il évoque d’abord son parcours et son statut particulier : Juif de nationalité italienne installé dans un autre pays, la Grèce, écartelé entre plusieurs grandes nations qui tentent tour à tour d’y faire régner leur loi. Ce contexte historique est d’ailleurs précisé par une postface de Umberto Gentiloni, professeur d’histoire contemporaine en Italie. Shlomo Venezia raconte ensuite sa déportation, son arrivée à Auschwitz et ses missions au sein du Sonderkommando.
Le livre a été écrit par Béatrice Prasquier à partir d’une série d’entretiens avec Shlomo Venezia et je salue l’énorme travail qui est fait pour proposer un récit à la fois très complet, très authentique et très clair. L’approche est factuelle même si, à la fin du témoignage, Shlomo Venezia se confie avec pudeur sur l’impact que son emprisonnement a eu sur sa vie entière. L’émotion point souvent derrière les faits mais toujours avec une certaine discrétion.
De même, on ne tombe jamais dans une débauche de détails historiques et de dates, ce qui rend le récit très accessible. A la fin du livre, l’historien Marcello Pezzetti, directeur du Musée de la Shoah à Rome, propose quelques pages d’explications sur la montée de l’antisémitisme en Europe au cours des années 40 et la mise en place du système concentrationnaire.
Le livre aborde aussi un certain nombre de questions morales souvent considérées comme taboues : les prisonniers du Sonderkommando ont-ils eu le choix ? Sachant qu’ils étaient moins mal nourris que les détenus ordinaires, peut-on considérer que leur position au sein des camps était meilleure ? Y avait-il une réelle solidarité entre les prisonniers ou était-ce le règne du « chacun pour soi » ?
Si vous vous intéressez à cette période de l’histoire, c’est vraiment un témoignage à ajouter à votre bibliothèque !
Les commentaires du blog sont actuellement fermés.