Spider, David Cronenberg : dans l’esprit d’un schizophrène


Spider – Résumé

Dennis Cleg (Ralph Fiennes), un homme perturbé psychologiquement, vient s’installer dans une maison de convalescence tenue par l’énergique Mme Wilkinson (Lynn Redgrave) en Angleterre. Elle accueille d’autres patients souffrant de pathologies mentales plus ou moins sévères, qui reprennent doucement pied dans la réalité.

Cleg, atteint d’une forme aiguë de schizophrénie, a développé ses premiers signes de troubles mentaux alors qu’il n’était qu’un enfant, surnommé « Spider » en raison de sa passion dévorante pour les araignées.

En proie à des souvenirs aussi traumatisants que vifs, Cleg se met à consigner dans un petit carnet des épisodes de sa jeunesse et notamment les circonstances de la mort tragique de sa mère (Miranda Richardson). Le délire se mêle à la réalité dans un combat à l’issue toujours plus incertaine…


RéalisateurDavid Cronenberg.
Durée du film minutes.
Note – ★★★★☆

Spider, David Cronenberg

Spider – Critique

Spider offre une plongée déroutante dans l’esprit d’un homme souffrant de schizophrénie. Un univers instable où l’on ne sait jamais très bien si ce qu’on voit est la réalité ou le fruit d’un délire causé par la maladie. Une intrigue filmée sans pudeur, sans pincettes, un héros qui n’a pas grand-chose d’un héros… et un film assez captivant pour quiconque s’intéresse à la maladie mentale.

Dennis Cleg y apparaît comme un pauvre hère bien perturbé par de longues années d’internement. Il porte tous les signes de troubles psychiatriques marqués : il parle souvent seul, ruminant souvenirs et analyses des situations qui l’entourent. Il collectionne toutes sortes d’objets dans une petite boîte qu’il cache dans une chaussette, elle-même soigneusement enfouie dans son caleçon. Il consigne scrupuleusement dans son petit carnet les événements de son enfance dont il se souvient.

Le personnage, pourtant, n’inspire pas la pitié mais plutôt la curiosité car en dépit de sa relation complexe avec la réalité, on comprend très vite qu’il possède une certaine intelligence et une logique imparable. Ralph Fiennes, à cet égard, restitue avec brio l’équilibre précaire entre réalité et délire dans lequel vit Cleg.

Ralph Fiennes dans Spider, David Cronenberg

La maison de Mme Wilkinson où il séjourne lui offre des repères bienvenus, avec ses repas pris en commun avec les autres patients, sa chambre individuelle où il peut s’isoler, le réveil à heure fixe chaque matin. Elle présente un décor qui n’a rien d’Hollywoodien : pas d’asile de cinéma avec force camisoles et murs immaculés… mais une vieille demeure étriquée aux papiers peints défraîchis, où l’eau qui coule dans la baignoire est brunâtre et la moquette d’un autre temps. Le quartier lui-même n’a rien d’original : c’est une zone résidentielle sans grande animation.

Le dépouillement du décor nous amène à nous intéresser d’autant plus au monde tel qu’on le découvre à travers le regard de Dennis Cleg… mais sa réalité est-elle LA réalité ? Rien n’est moins sûr. Son séjour chez la très maternelle Mme Wilkinson (qui l’aide à se déshabiller pour son bain, entre dans sa chambre sans frapper, etc) réveille en lui le souvenir de sa propre mère, tragiquement disparue… et Dennis revit les événements de son enfance qui ont abouti à ce décès.

Miranda Richardson est absolument brillante, assumant un double rôle aux caractéristiques si antagonistes qu’il constitue un vrai défi. Elle le relève brillamment, donnant au film du caractère. Car c’est là le risque de Spider : le personnage principal du film de David Cronenberg donne une telle impression d’égarement et de vide qu’il peinerait sans doute à nous tenir en haleine à lui seul.

Je ne peux pas m’empêcher de me remémorer mes cours de psycho où l’on m’avait dit que la schizophrénie se déclarait plutôt à l’adolescence ou chez le jeune adulte (ici, elle s’est révélée bien plus tôt) mais je n’en ai pas tenu rigueur à Cronenberg, qui a su m’intriguer tout au long du film, jusqu’à un dénouement que je soupçonnais mais qui n’en est pas moins savoureux.


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