Still Alice – Résumé
Alice Howland, 50 ans, est un brillant professeur de linguistique à l’université de Columbia, mariée de longue date à John avec qui elle a eu trois enfants.
Une vie de femme et une vie de famille comblées mais un jour, Alice constate qu’elle a des troubles de la mémoire.
C’est d’abord un mot, qu’elle oublie alors qu’elle est en plein cours. C’est ensuite un lieu familier où elle se sent subitement désorientée.
Elle se décide à consulter un neurologue et peu après, le diagnostic tombe : elle souffre d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer.
L’onde de choc se propage au sein de la famille et au fil des mois, Alice se laisse gagner par l’inexorable progression de ses troubles…
Réalisateur – W. Westmoreland.
Durée du film – minutes.
Note – ★★★★☆
Still Alice – Critique
Alice (Julianne Moore) a tout pour elle : elle est souriante, jolie, sportive, épanouie dans son couple et mère de famille heureuse. En tant que spectateur, on mesure d’autant plus l’ampleur du malaise qui la saisit lorsqu’elle réalise qu’elle « se perd ». Certains mots lui échappent, en faisant son jogging elle ressent soudain la sensation de ne plus savoir où elle se trouve. Ce sentiment d’être étrangère à elle-même est d’ailleurs restitué à merveille dans un très beau plan où la caméra tourne autour de son visage désorienté tandis que l’arrière-plan se fait flou et indistinct.
Alice, habituée à manier les mots avec brio dans son métier, réalise bien vite que ces symptômes sont inquiétants et va consulter un neurologue, qui finit par lui faire connaître son diagnostic : un Alzheimer précoce. L’annonce est bien sûr un choc – comment pourrait-il en être autrement ? – et l’on comprend à quel point les implications sont multiples : cette forme rare d’Alzheimer est potentiellement transmissible à ses enfants, Alice va tôt ou tard devoir arrêter de travailler et faire face à la perspective de son propre affaiblissement cognitif. Une déchéance qu’elle aimerait arrêter avant d’en arriver à oublier le prénom de ses enfants… mais le pourra-t-elle ?
Le film de Wash Westmoreland et Richard Glatzer s’intéresse non pas aux symptômes mais plutôt au ressenti lui-même, à travers des scènes très fortes qui nous montrent l’égarement d’Alice dans des lieux familiers, sa détresse et sa honte parfois mais aussi tous les petits stratagèmes qu’elle élabore, aussi longtemps que possible, pour pallier à sa mémoire défaillante et rester celle qu’elle a toujours été. A cet égard, Still Alice est un film très émouvant.
Julianne Moore livre une prestation brillante (qui lui a d’ailleurs valu un Oscar) et le travail sur les costumes et le maquillage contribue à nous montrer la dégradation de son état. Alec Baldwin joue un personnage plus effacé : celui de John, le mari aimant, qui s’efforce d’accompagner sa femme dans une épreuve où elle est finalement très seule tout en devant faire des choix quant à l’évolution de sa propre carrière.
L’émotion prend le dessus mais j’ai tout de même trouvé au film des défauts. D’abord, on nous montre ici une famille hollywoodienne où l’on est beau et où l’on réussit. Parmi les trois enfants d’Alice, un étudiant en médecine et une étudiante en droit… Lydia (Kristen Stewart), elle, veut percer dans le théâtre mais si elle échoue à ses castings, ce n’est pas grave. Un portrait un peu trop idyllique qui aurait vite pu être plat sans l’interprétation subtile et touchante de Julianne Moore (qui porte littéralement le film, les personnages secondaires étant… secondaires !).
D’autre part, on ne nous montre pas vraiment la face la plus sombre de la maladie d’Alzheimer. Quand j’étais étudiante, j’ai travaillé dans un service hospitalier qui accueillait des malades… et il y a bien des aspects de la maladie que le film passe sous silence : au-delà de la détérioration de la mémoire, les sautes d’humeur et la dépendance physique sont très présentes et le film ne donne qu’une vision très édulcorée du sujet.
Néanmoins, j’ai le sentiment que Still Alice n’a pas vocation à être un documentaire sur Alzheimer mais davantage un récit sur la manière dont une femme cherche à préserver son identité et l’amour qu’elle a pour ses proches en dépit d’une maladie qui porte atteinte à ce qui était jusqu’ici au cœur de son existence : son intellect. C’est une lutte contre l’effacement de soi. Une lutte à ne pas manquer !
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Marlène,
J’ai beaucoup aimé ce film, et surtout apprécié de « lire » la maladie coté patient. De par ma profession, je suis dans le soin et l’aide à l’entourage ce qui m’a parfois fait « oublier » le ressenti du patient… Peut-être parce quand j’interviens la personne est dans un stade avancé de la maladie.. Ce film permet de ne pas oublier qu’un malade est avant tout une personne. A ce titre, une scène m’a particulièrement interpellée, celle où la famille parle du devenir d’ Alice alors qu’elle est assise dans le canapé… Elle est présente, mais déjà un peu absente pour le reste de la famille… C’était troublant.
Merci pour ce témoignage. Difficile d’appréhender ce que peut ressentir le malade lui-même et Alzheimer est une maladie si complexe. Je me souviens encore d’un monsieur qui, bien qu’il soit incapable de se souvenir de l’existence de sa fille, était capable de danser la valse à la perfection…
Merci pour cette découverte, je l’ai regardé juste après la lecture de votre article et j’ai adoré, ça m’a beaucoup émue.
Le film aurait mérité d’approfondir plus certains côtés, comme le point de vue des enfants ou du mari sur la maladie. On a parfois l’impression de rester en surface ou d’être tenu à distance. Mais les très belles images et le jeu de Julianne Moore en font un très beau film.
Je suis d’accord pour ce qui est du point de vue de la famille, elle fait vraiment office de personnage secondaire au sens premier du mot, tout l’accent étant mis sur Alice elle-même. C’est pour ça que j’ai l’impression que les réalisateurs ont surtout voulu nous montrer son ressenti à elle et pas « la maladie » en elle-même.
D’ailleurs, l’inverse m’a aussi frappée en visitant certains sites sur Alzheimer : on parle beaucoup du « contexte » autour du malade (sa famille, son environnement, sa vie professionnelle s’il travaille encore) mais très peu de l’effet que ça fait d’avoir Alzheimer.