Thérèse Raquin, Emile Zola : unis par le crime


Thérèse Raquin – Résumé

Thérèse Raquin a été élevée par sa tante aux côtés de son cousin Camille, chétif et souvent malade.

Assez naturellement, la tante résolut de les marier ensemble quand ils atteignent l’âge adulte. Mais Thérèse, pleine d’énergie et aspirant à une vie trépidante, se sent vite prisonnière de la vie monotone et indolente de Camille… jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’un autre.

Laurent est puissant, le corps solide et les manières un peu rustres, tout l’opposé de Camille ! La passion violente qui naît entre eux les pousse à envisager l’indicible : se débarrasser de Camille…


Auteur.
Taille du livre320 pages.
Note – ★★★★☆

Thérèse Raquin, Emile Zola

Thérèse Raquin – Avis sur le livre

Thérèse Raquin ! Un roman qui m’avait marquée au collège et que j’ai décidé de relire à l’âge adulte… Une histoire glaçante, où deux êtres se croisent et finissent par envisager le pire !

Thérèse Raquin est née en Algérie : son père, capitaine de l’armée française, a eu une liaison avec une « femme indigène » comme on disait à l’époque. A sa mort, Thérèse – âgée de 2 ans – va vivre près de Paris chez sa tante.

Madame Raquin a déjà un fils, Camille, de nature assez fragile. Elle le couvre, le bichonne, le soigne, lui fait ingurgiter quantité de remèdes… et Thérèse, malgré son envie de courir au grand air, est obligée de grandir dans l’ombre de cet enfant toujours malade. Une expérience qui l’affecte profondément :

« Sa tante lui avait répété si souvent ‘Ne fais pas de bruit, reste tranquille’, qu’elle tenait soigneusement cachées, au fond d’elle, toutes les fougues de sa nature. Elle possédait un sang-froid suprême, une apparente tranquillité qui cachait des emportements terribles.

Elle se croyait toujours dans la chambre de son cousin, auprès d’un enfant moribond ; elle avait des mouvements adoucis, des silences, des placidités, des paroles bégayées de vieille femme ».

Inévitablement, lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, Madame Raquin se met en tête de les marier.

Thérèse, habituée à obéir docilement à sa tante, se laisse entraîner dans ce projet de mariage… et étonnamment, c’est Camille qui décide qu’il en a assez de la vie à la campagne ! Alors il déménage, avec Thérèse et sa mère, dans une petite boutique du passage du Pont Neuf à Paris. Thérèse, aidée de sa tante (une ancienne mercière), va y gérer une mercerie tandis que Camille déniche un travail d’employé de bureau à la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans.

Thérèse comprend très vite qu’elle va se faner et mourir d’ennui dans ce lieu sans âme…

« Le passage du Pont-Neuf n’est pas un lieu de promenade. On le prend pour éviter un détour, pour gagner quelques minutes. Il est traversé par un public de gens affairés dont l’unique souci est d’aller vite et droit devant eux […].

Toute la journée, c’est un bruit sec et pressé de pas sonnant sur la pierre avec une irrégularité irritante ; personne ne parle, personne ne stationne ; chacun court à ses occupations, la tête basse, marchant rapidement, sans donner aux boutiques un seul coup d’oeil ».

Rapidement, leur vie devient d’une monotonie sans nom. Une routine seulement brisée par des soirées entre amis organisées chaque jeudi. S’y rencontrent un commissaire de police retraité, Michaud, qui vient avec son fils Olivier et sa belle-fille Suzanne, ainsi que Grivet, un collègue de travail de Camille. On y discute autour d’une partie de dominos et Thérèse déteste ces soirées où elle ne ressent aucune affinité envers personne.

Jusqu’au jour où un nouvel invité se joint au groupe : Laurent. Il occupe un poste d’employé de bureau, est pauvre au point de vivre dans une minuscule chambre de bonne sous les toits. Il a essayé, vainement, de vivre de sa peinture mais nul ne lui a reconnu aucun talent.

Thérèse Raquin, Emile Zola

Thérèse est immédiatement très troublée par cet homme, qui est presque le contraire de Camille : il est grand et puissant là où Camille est chétif et maladif, paresseux là où Camille a des envies d’ascension sociale…

« Laurent parlait d’une voix tranquille […] Au fond, c’était un paresseux, ayant des appétits sanguins, des désirs très arrêtés de jouissances faciles et durables. Ce grand corps puissant ne demandait qu’à ne rien faire, qu’à se vautrer dans une oisiveté et un assouvissement de toutes les heures. Il aurait voulu bien manger, bien dormir, contenter largement ses passions, sans remuer de place, sans courir la mauvaise chance d’une fatigue quelconque ».

Laurent perçoit bien vite que Thérèse est attirée par lui. Une attirance incontrôlable, irrépressible, fougueuse… Une véritable passion qui les jette dans les bras l’un de l’autre et dans un adultère terrible !

Camille devient un obstacle à leur amour… et dans leur obsession à être ensemble, Thérèse Raquin et Laurent finissent par imaginer le pire : se débarrasser de lui. Mais comment procéder, comment surmonter l’horreur de commettre un meurtre, comment vivre avec la culpabilité tout en continuant à regarder Madame Raquin dans les yeux, elle qui aime tant son cher fils ?

Unis par leur projet de crime, les deux amants se retrouvent face à leur conscience…

L’intrigue de Thérèse Raquin est extrêmement prenante et Zola a une écriture tellement « visuelle » que vous parvenez instantanément à imaginer le décor, les personnages, à vous projeter dans leurs états d’âme et leur psychologie parfois lourdement tourmentée…

Il étudie le caractère de chacun, d’abord de manière isolée : la faiblesse mentale de Thérèse, qui a souffert de son éducation où l’enfermement régnait en maître et qui aspire à la liberté et à une note de folie ; la paresse et le côté sanguin de Laurent, un homme immature qui se laisse guider par des passions éphémères.

Puis Emile Zola s’intéresse à la rencontre des caractères… car c’est bel et bien dans cette rencontre que naissent des péripéties aussi complexes que violentes. Sans Laurent, Thérèse aurait-elle songé à commettre un crime ? Sans le désir déchaîné par sa rencontre avec Thérèse, Laurent le paresseux se serait-il lancé dans un stratagème odieux et énergivore ?

On plonge dans le Paris de l’époque (le roman a été publié en 1867), avec son bruit, sa saleté, ses vices. Zola avait d’ailleurs été âprement critiqué à la sortie du roman pour le caractère choquant de l’histoire, jugée « pornographique » à l’époque…

Si l’intrigue est prenante, j’ai néanmoins trouvé qu’elle avait quelques longueurs : la description des états d’âme de Thérèse et Laurent, de leur culpabilité, s’étale sur de nombreuses pages au point que l’on finit par partager leur désir de « trouver une issue » à la situation, quelle qu’elle soit.

Thérèse Raquin est un livre qui m’avait marquée par sa violence : la violence des passions, des décisions, des gestes, de l’ingratitude… En le relisant, j’ai ressenti exactement la même chose… mais c’est à n’en pas douter un roman que l’on garde en tête ! Un classique de Zola à dévorer !


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