Toutes blessent, la dernière tue, le roman poignant de Karine Giebel sur l’esclavage moderne


Toutes blessent, la dernière tue – Résumé

Tama grandit dans la douceur d’un petit village du Maroc. A 5 ans et demi, elle perd sa maman et est confiée à une tante tandis que son père refait sa vie. Jusqu’au jour où son père arrive en compagnie d’une femme, Mejda.

Gentille et attentionnée, Mejda annonce à Tama qu’elle va l’emmener en France. Là-bas, promet-elle, elle pourra aller à l’école et grandir dans de meilleures conditions. Mais lorsqu’elles arrivent en France, la générosité de Mejda se mue en horreur.

C’est une esclavagiste, qui va chercher des petites filles au Maroc pour les placer comme bonnes à tout faire dans des familles françaises. Et à 8 ans, Tama devient la femme de ménage, la nounou, la repasseuse, la gouvernante… Comment échapper à ce cercle vicieux qui vous place à la merci de gens qui ont tout pouvoir sur vous ?


Auteur.
Taille du livre744 pages.
Note – ★★★★☆

Toutes blessent, la dernière tue, Karine Giebel

Toutes blessent, la dernière tue – Avis sur le livre

Derrière la fiction, Karine Giebel met le doigt sur une réalité difficile à quantifier, difficile à analyser : celle de l’esclavage moderne. C’est l’histoire de ces êtres humains, souvent des femmes, arrachés à leur foyer d’origine pour être soumis au travail sous la contrainte.

Invisibles au sein de la société, souvent impuissants à se rebeller par manque de connaissance de leurs droits, manque de statut, de papiers, de liberté, ils subissent les pires traitements dans le silence et l’indifférence.

Pour nous raconter cette histoire, Karine Giebel a choisi Tama. Ce n’est pas son vrai nom, la petite fille que l’on suit dans le roman a dû abandonner son véritable prénom quand elle a quitté le Maroc pour la France, à l’âge de 8 ans. Et avec lui, elle a aussi abandonné son identité d’enfant insouciante, à jamais.

La petite fille a grandi entourée d’amour, jusqu’à la mort de sa maman quand elle avait 5 ans et demi. Son père a refait sa vie et, de son côté, elle a été confiée à une tante qui, sans remplacer l’amour d’une mère, a fait en sorte que Tama puisse aller à l’école quelques jours par semaine.

Et puis, son père l’a vendue. Un acte qui paraît terrible mais qui, comme l’abandon, revêt aussi les habits d’un acte d’amour. Il pensait bien faire, il croyait – naïvement – aux promesses de l’acheteuse, Mejda, qui affirmait pouvoir offrir à Tama un avenir meilleur, en France.

Mejda avait apporté une poupée, s’était répandue en douces assurances. Une fois en France, ayant fait entrer Tama sous une fausse identité, Mejda s’est muée en démon.

Le roman de Karine Giebel nous décrit ses années de calvaire, à la merci de familles dont elle dépend totalement. N’ayant aucun repère extérieur donc aucune conscience des chemins qui pourraient s’offrir à elle pour s’en sortir.

Vous vous en doutez, une famille capable d’employer un enfant pour l’affecter à des tâches ménagères, à des missions de gouvernante, d’éducation des enfants, n’est pas une famille bientraitante… et la vie de Tama ressemble à un vaste champ de mines, où chaque expérience fait éclater un peu plus ses chances de mener un jour une vie normale.

Les précipices qui guettent les esclaves modernes sont multiples : délinquance, pauvreté extrême, prostitution, on mesure à chaque page du roman « Toutes blessent, la dernière tue » à quel point chaque tournant de la vie de Tama peut l’entraîner encore plus bas. A quel point la menace que « cela finisse mal » est omniprésente.

Karine Giebel entrecroise le récit de la vie de Tama avec l’histoire d’un homme, Gabriel, qui tue des cibles dont il reçoit le nom, sans état d’âme. Hanté par le souvenir d’une jeune femme prénommée Lana, il vit reclus dans une maison isolée. C’est au fil du roman que l’on découvre son identité, et quel lien existe entre son parcours et celui de Tama.

Cette dimension du roman m’a moins séduite car, bien qu’elle soit divertissante, elle apporte surtout à mon sens un surcroît de suspense au lieu de servir pleinement l’histoire de Tama.

Cela n’enlève rien à mes yeux à la grande qualité de ce roman, qui dépeint l’être humain dans tout ce qu’il peut déployer comme ressources… les pires, comme les meilleures. Tama est une héroïne à la résilience hors du commun, chez qui l’on perçoit intelligence et détermination mais aussi beaucoup de fragilité. Gabriel apparaît comme un animal blessé… qui suscite la compassion autant qu’il fait peur car on perçoit que sa douleur peut le rendre dangereux.

On réalise à quel point les « repères », dans une vie, sont un guide autant qu’un espoir. Quelqu’un qui sait qu’il existe une porte aura envie de trouver la sortie. A l’inverse, une personne prisonnière d’une situation sans avoir conscience qu’il y a des solutions reste enfermée par le cadre dans lequel on la confine.

Tama a la chance d’avoir connu l’amour, même si cela n’a duré que quelques années. Elle a la chance d’avoir réussi à apprendre à lire, ce qui lui ouvre une porte sur le monde. Est-ce suffisant pour échapper à son calvaire ? Et avec quelles conséquences ? Il faudra tourner les pages pour le savoir.


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