Trois jours et une vie – Résumé
En 1999, le petit village de Beauval est en ébullition. Le petit Rémi Desmedt, 6 ans, semble s’être volatilisé dans la nature. Autour de ses parents catastrophés, les recherches s’organisent pour retrouver le jeune garçon : enquête de voisinage, battue, on sonde même l’étang voisin… et rapidement, l’inquiétude se transforme en soupçon.
Qui pourrait être responsable de la disparition de Rémi ? Est-ce cet enseignant au sujet duquel circulent des bruits de couloir ? Est-ce l’horrible patron de Mme Courtin, la voisine des Desmedt ? Un homme de passage ?
Antoine Courtin, 12 ans, sait tout de ce qui s’est passé.
Auteur – Pierre Lemaitre.
Taille du livre – 288 pages.
Note – ★★★★☆

Trois jours et une vie – Critique
L’histoire se déroule dans ce que Pierre Lemaitre nous décrit comme la Province profonde : ces petits villages où l’on sait tout sur tout le monde, où l’on s’épie parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, où la moindre petite divergence d’opinion peut sceller un différend sur des générations entières. La commune de Beauval est le portrait – piqué d’acide – de cette vie infiniment prévisible, où l’on désigne toujours les familles en précédant leur nom d’un « les » englobant.
Il y a les Courtin : Antoine, 12 ans, qui vit avec sa mère divorcée et n’a guère de nouvelles de son père hormis un rare cadeau de Noël. Les Desmedt, leurs voisins, un couple avec une fille de 15 ans, un jeune enfant de 6 ans, Rémi, et un chien pour lequel Antoine a beaucoup d’affection, Ulysse. Les Weiser, dont le père est maire de la commune – un prestige indiscutable ! – ce qui permet à son fils Théo d’être un cancre en toute impunité. Sans oublier les Mouchotte et leur fille de 12 ans blonde comme les blés, Emilie, dont Antoine est fou amoureux…
Le portrait de cette Province est quelque peu acerbe et ça n’a rien d’un hasard : l’histoire est essentiellement racontée à travers le prisme du regard d’Antoine, pour qui Beauval restera à jamais associé aux pires souvenirs de sa vie.
Tout commence par une bien mauvaise période pour Antoine : ses camarades ne jurent que par la nouvelle PlayStation mais Mme Courtin refuse catégoriquement que son fils se joigne à eux : « La mère d’Antoine […] réprouvait ces mercredis sofa, ça rend bête, ces trucs-là, elle finit par les lui interdire ». Alors Antoine déploie beaucoup d’énergie à aménager une cabane dans le bois voisin, Saint-Eustache, parfois accompagné par Rémi qui lui voue une admiration sans borne. Mais un jour, Rémi disparaît… et Antoine sait exactement ce qui lui est arrivé.
Il ne faut que quelques pages au lecteur pour l’apprendre aussi… et tout le reste du roman ressemble à un vaste point d’interrogation : quelqu’un va-t-il découvrir la vérité et si oui, comment va-t-elle éclater au grand jour ?
Alors la tension s’installe, subreptice : sous l’apparence rassurante d’une vie routinière et monotone, bouillonne le risque d’une terrible vérité. Quand elle arrive enfin, après près de 300 pages, difficile de ne pas l’espérer plus renversante, plus bouleversante, plus étonnante, plus superlative à tous les égards ! Mais la plume de Pierre Lemaitre suffit à rendre l’épopée digne d’intérêt. L’écriture est claire, précise, minutieuse et l’histoire bien construite.
Le sujet, modeste et tragique à la fois, aurait pu être traité comme un thriller. Pierre Lemaitre le décortique plutôt avec méthode et perspicacité. Ce n’est plus un fait divers, c’est une aventure humaine aussi dramatique que captivante.
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Je suis complètement passé à côté de ce roman ^^
Je n’étais pas au courant des ouragan dont il se sert…. Du coup, j’avais trouvé que la ficelle était un peu grosse et que ça tombait un peu comme un cheveux dans la soupe. Maintenant je comprends mais trop tard :/
J’ai eu un peu la même réaction au départ donc ça ne me surprend pas du tout !
Bravo pour ta critique qui rejoint ma lecture de de ce palpitant ouvrage.
Merci de ton passage ici Gerald !