Un Secret – Résumé
Philippe Grimbert s’est toujours inventé un grand frère. Beau, fort, athlétique, quelqu’un qu’il pourrait envier et jalouser tout à la fois. Mais il a grandi seul entre ses deux parents, Tania et Maxime.
Un jour, la découverte d’une peluche dans l’appartement familial précipite une chaîne d’événements qui pousse Louise, amie de longue date de la famille, à révéler à l’auteur alors adolescent la vérité sur sa famille.
Une vérité qui entremêle étroitement le passé des Grimbert aux persécutions subies par les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.
Auteur – Philippe Grimbert.
Taille du livre – 192 pages.
Note – ★★★★☆
Avis sur « Un Secret », le roman autobiographique de Philippe Grimbert
Celle d’un autre temps, où la famille portait un autre patronyme, « Grinberg ». Où de nouvelles lois commençaient peu à peu à restreindre les libertés d’une frange de la population française. Où l’on gardait espoir que ça s’arrange, que les rumeurs ne soient que des rumeurs et l’étoile jaune, qu’une formalité.
Philippe Grimbert, enfant chétif et maladif, s’est toujours rêvé un frère. Un frère plus fort que lui, un frère au corps d’athlète, un frère qui ressemblerait davantage à ses parents que lui, qui se sent parfois vilain petit canard au sein d’une famille de corps sculptés par l’exercice.
Lui qui a grandi seul entre ses parents ressent étrangement cette absence d’un être qui serait à la fois son modèle et son rival.
La vérité, c’est Louise, bienveillante voisine et amie de la famille, qui va la dévoiler à l’adolescent un jour où elle pressent avoir détecté en lui le besoin de savoir. Elle lui révèle que son histoire est intimement liée à celle de la Shoah.
Louise raconte la guerre, son cortège de privations puis les mesures qui, peu à peu, frappent les Juifs. Un terme qui apparaît très peu dans le roman Un secret, souvent remplacé par des périphrases qui, avec pudeur, racontent cet héritage qui a pesé si lourd pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Louise ne me parlait plus de la foule anonyme des victimes mais d’elle, de son corps torturé, marqué durant la guerre par une nouvelle singularité : cet insigne, lourd au point d’accentuer sa démarche cahotante. Elle me disait les phrases qui l’avaient giflée, les panneaux humiliants, les portes fermées, les sièges interdits. Sa surprise, le port de l’étoile devenu obligatoire, lorsqu’elle avait découvert la véritable identité de certains de ses voisins.
L’épicier du coin de la rue, au nom si français. Le couple de retraités du pavillon d’à côté, le médecin du quartier, de même que le si désagréable pharmacien qu’elle pensait antisémite. La tache jaune les désignait au regard des autres mais leur permettait aussi de se reconnaître, soudant une communauté qui, à force de se dissimuler, s’était parfois ignorée ».
En 190 pages, l’auteur nous parle de la Shoah, qui a durement frappé sa famille, faisant naître un secret entre lui et ses parents. Mais il nous parle surtout d’amour, ou comment au creux de la guerre ses parents ont noué une relation aussi inévitable qu’improbable.
Le livre de Philippe Grimbert se parcourt vite et, faisant partie des lectrices rapides, je l’ai lu en moins de deux heures, ce qui ne donne guère le temps de s’ennuyer. Parler d’amour en temps de guerre peut sembler léger et je sais que certains lecteurs avec qui j’ai discuté ont trouvé le propos un peu trop sentimental.
Il est vrai que, plus que la « grande histoire », avec ses faits, sa boucherie orchestrée à l’échelle mondiale, c’est ici la « petite histoire » qui est au premier plan. Celle de l’intime, des drames qui, avec le temps, se sont noyés dans des chiffres « englobants ». Celle de l’amour, qui pousse parfois aux pires folies, alimente les culpabilités et les jalousies. Celle d’une relation voulue pas mais vraiment assumée.
Une confession touchante et pudique.
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