Une année à Treblinka, Jankiel Wiernik


Une année à Treblinka – Résumé

Le 23 août 1942, Jankiel Wiernik, Juif polonais, est arrêté par les Allemands lors d’une rafle à Varsovie et envoyé dans le camp d’extermination de Treblinka situé à 80 kilomètres de là.

Doué de ses mains et charpentier de métier, il parvient à échapper aux sélections successives qui voient nombre de ses camarades être gazés. On le sollicite pour construire différents bâtiments afin d’agrandir le camp et il devient un témoin de premier plan des atrocités commises à Treblinka.

Son statut lui donne aussi un droit unique dans l’histoire du camp : celui de pouvoir circuler presque « librement » entre les deux zones qui constituent Treblinka. Une situation qui lui permettra d’orchestrer, avec quelques prisonniers, une révolte massive à l’été 1943, qui aboutira à l’évasion de plusieurs dizaines de personnes.


Auteur.
Taille du livre224 pages.
Note – ★★★☆☆

Une année à Treblinka, Jankiel Wiernik

Une année à Treblinka – Critique

Les témoignages des survivants de la Shoah sont nombreux mais ils ne font pas toujours l’objet d’une diffusion large, en particulier en langue française. Celui de Jankiel Wiernik en fait partie et n’a été traduit que récemment, par Sara Bouskéla-Schipper (la version originale a été diffusée dès 1944 par les réseaux de Résistance, avant même la fin de la guerre).

C’est un témoignage précieux, à plus forte raison parce que Jankiel Wiernik a pu avoir une vision d’ensemble de la vie du camp que seuls de rares détenus ont eue. Il serait même, selon certaines sources, le seul survivant ayant pu accéder aux deux parties du camp : le camp de travail et le camp d’extermination, auxquels on pouvait ajouter la partie où logeait le personnel du camp.

Wiernik, charpentier de talent, est vite devenu indispensable au camp car il était capable de construire avec efficacité et intelligence toutes sortes de bâtiments. Il a donc été témoin du processus de sélection et de gazage des convois entiers de Juifs qui arrivaient de Pologne mais aussi de toute l’Europe ; il a assisté aux tentatives mises à oeuvre par le personnel pour structurer la « machine de mort » qu’était Treblinka afin d’accélérer sa cadence puis de faire disparaître les corps ; il a vu les conflits opposants les Allemands et les Ukrainiens, qui co-administraient le camp.

Wiernik a orchestré la révolte des prisonniers en servant d’intermédiaire entre les deux parties du camp. Il a ainsi contribué à l’évasion de plusieurs dizaines de personnes en août 1943. Suite à cet épisode, le démantèlement de Treblinka a débuté. Entre septembre et novembre 1943, les chambres à gaz ont été détruites et les traces les plus visibles de l’existence du camp ont été éliminées. Il ne reste aujourd’hui presque aucune trace du camp où 900 000 personnes ont perdu la vie.

Le témoignage lui-même est assez court mais, comme vous pouvez l’imaginer, il est poignant. « L’imagination la plus fertile serait incapable de concevoir ce que j’ai vécu, ce dont j’ai été le témoin. Nulle plume ne pourrait en rendre compte », explique Jankiel Wiernik.

Le reste du livre est constitué d’une mise en perspective du témoignage par l’historien Jean-Louis Panné. Il insiste notamment sur la nécessité de faire preuve d’une immense prudence face à tous les livres relatifs à la Shoah. En effet, certains ont été « romancés » voire falsifiés pour servir une interprétation de l’Histoire défendue par leur auteur. Au risque de faire preuve non seulement d’une inexactitude historique mais aussi de trahir la mémoire des témoins interrogés. Peut-on tout écrire au nom du « devoir du mémoire » ?

Jean-Louis Panné évoque également la naissance et l’essor du négationnisme… et le fait que certains accusent les Juifs d’avoir été complices de leur propre anéantissement, étant parfois placés dans un rôle de bourreaux.

Les sujets qu’il souligne sont passionnants et riches en références pour quiconque a envie de se plonger dans des livres sur la Shoah. Cependant, la succession de dates, de références, d’auteurs rend parfois le propos un peu difficile à suivre quand on n’a pas de quoi prendre quelques notes à côté, sur les livres évoqués et l’analyse que l’auteur porte sur chacun. C’est ce qui m’amène à nuancer mon point de vue, l’ouvrage étant par ailleurs d’une grande rigueur et d’une grande richesse historique.


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